Chapitre 11

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Layla

Lorsque je prends conscience des paroles de ma mère et de leur sens, je ne peux m'empêcher de recracher l'eau que j'ai dans la bouche et que je m'apprêtais à avaler.

Je suis tellement choquée par l'annonce de ma mère que je ne remarque pas directement que cette eau s'est retrouvée en plein sur le visage d'Alec qui est désormais trempé et énervé.

Mon coup n'était pas calculé, je vous le promets, mais voir la colère sur son visage me procure une joie immense, alors, j'en joue un peu en lui offrant un sourire provocateur, ce qui efface la teinte rouge qu'avait pris mon visage, pour lui faire croire que j'en ai fait exprès.

Le spectacle qui se déroule devant moi est à mourir de rire, surtout quand Alec se décide enfin à prendre sa serviette en tissu pour estomper les gouttes qui restent encore sur son visage.

Ses gestes sont lents, comme s'il était perdu très loin dans ses pensées ou qu'il réfléchissait à la future vengeance qu'il me prépare.

Je décide de faire comme lui, de me perdre dans mes pensées et de réfléchir à la bombe que vient de nous lâcher ma mère.

Nous travaillons donc dans le même monde, celui de la mode, mais nous occupons deux postes différents qui, malheureusement, se complètent et s'assemblent.

Bordel de merde.

Alec est devenu photographe de mode.

Est-ce qu'il s'en souvenait ?

Que travailler dans la mode était l'un de mes plus gros rêves ?

Peu importe.

Je suis une jeune styliste indépendante et il est devenu un photographe de mode. Nos deux métiers concordent, c'est comme ça. La styliste et le photographe forment un duo, une équipe, ils doivent travailler ensemble et forment une paire.

Ce sont notamment les shooting photos qui rythment mon quotidien lorsque je dois collaborer avec un ou une photographe mode.

On doit se mettre d'accord sur le thème du shooting mais aussi sur la collection que la styliste souhaite présenter. La mise en scène et les décors sont aussi importants pour rendre la publicité, qui est faite ultérieurement, plus attrayante.

Les deux professionnels doivent également prendre en compte le casting des mannequins pour la séance photo, même si la plupart du temps, je suis mon propre mannequin.

J'aime que la clientèle ou même les personnes qui feuillettent ma collection dans un magazine arrivent à mettre un visage sur la réalisatrice de la collection.

Je ne compte plus le nombre de personnes qui ont désapprouvé ma manière de faire et ma façon de travailler qui est sûrement trop novatrice pour ceux qui sont encore un peu trop conservateurs encore aujourd'hui, même dans le monde du travail.

Aucun de leurs dires ne m'a atteint, mais parmi eux se trouvaient des stylistes que j'appréciais et que j'admirais. Ce sont leurs remarques qu'ils se sont empressés de publier sur les réseaux sociaux comme Instagram ou Twitter qui m'ont blessé.

« C'est une caméra cachée ? Quelques croquis dessinés, des pièces médiocres réalisées et une apparition dans les magazines pour qu'on appelle ça une styliste ? »

Une réaction lorsque ma première collection d'hiver était sortie.

« Dans le monde d'aujourd'hui, il suffit qu'on construise un mur pour se faire nommer maçon et désormais, on crée une robe puis on se fait appeler styliste. »

MagneticOù les histoires vivent. Découvrez maintenant