Layla
Mon bras répète les mêmes mouvements circulaires depuis un bon moment. L'une de mes mains serre une assiette et l'autre tient une éponge que je frotte mécaniquement sur la surface de la porcelaine.
Je suis devant l'évier, dans la cuisine des Johnson, en train de laver la même assiette en continu depuis au moins trois bonnes minutes.
Perdue dans mes pensées, je ne ressens même pas la crampe qui arrive dans mon bras et grimace lorsque mon muscle se contracte soudainement et me fait grimacer.
Par pur réflexe, je lâche l'assiette, puis l'éponge, qui tombe au fond de l'évier dans un bruit sourd qui me réveille et me sort de mes pensées.
J'en profite pour me rendre compte que l'eau coule encore, mais aussi que l'assiette que je nettoie depuis des décennies est plus que propre.
À la limite d'être rayée tellement elle a été frottée.
Je soupire faiblement, histoire que Karen et ma mère, qui sont en train de ranger la vaisselle propre dans les placards de la cuisine, ne m'entendent pas et ne commencent pas à me poser une ribambelle de questions auxquelles je n'ai pas envie de répondre.
De leur côté, les garçons s'occupent de secouer la nappe à l'extérieur et d'aller chercher - dans leur potager - deux ou trois aubergines pour ma mère qui raffole de moussaka et prévoir d'en faire des tonnes depuis que Karen lui a annoncé qu'elle en avait des plants dans son jardin.
Je saisis l'assiette désormais brillante et viens la poser sur le haut de la pile où d'autres attendent d'être essuyées juste au bord de l'évier.
Il ne m'en reste qu'une seule à laver avant de continuer avec les couverts, les ramequins et le saladier dans lequel se trouvait l'entrée.
En ce moment, je trouve que je suis très fréquemment bloquée dans mes pensées sans forcément savoir pourquoi ou en deviner la cause.
Ce doit surement être le chamboulement des événements passés en si peu de temps qui font que tout me tourmente et me fait douter.
L'eau que j'utilise pour faire la vaisselle me brûle littéralement les mains qui sont désormais devenues rouges et sensibles, à fleur de peau.
Un peu comme moi.
Pourtant, je ne diminue pas le débit du robinet et ne baisse pas la température non plus.
Ce qu'on peut appeler la douleur, ne me dérange pas - au contraire - elle me permet de ne pas rester trop longtemps enfermée dans le fin fond de mes pensées et de ruminer sur celles-ci pendant des heures jusqu'à psychoter.
Karen et ma mère viennent tout juste de finir leurs tâches lorsque je m'attaque au nettoyage du saladier après avoir enfin terminé celui des couverts et des ramequins.
- On peut t'aider ? me demande Karen, un torchon à vaisselle en main, en s'approchant de moi et en désignant du doigt les assiettes qui sèchent sur le bord de l'évier.
- Oui, avec plaisir ! je leur réponds gentiment, je ne suis pas contre un peu d'aide pour essuyer la pile de vaisselle qui m'attend encore, après ce saladier que je tiens en main.
C'est donc un travail à la chaîne qui s'impose et qui nous permet de terminer le nettoyage et le rangement en seulement dix petites minutes.
Je m'occupais de laver la vaisselle.
Ma mère séchait les ustensiles que je lui faisais passer. Karen, propriétaire de la maison, rangeait ensuite dans les placards ce que ma mère lui donnait comme c'est elle qui sait où tout se range.
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Magnetic
RomanceLayla Williams, étoile montante dans le monde de la mode, profite de sa vie new-yorkaise faite de défilés et de paillettes. Mais derrière ces apparences de vie parfaite se cache un passé tumultueux qu'elle a tenté de repousser mais qui refuse de res...