J'aimais la pluie. Mais le jour de mon enterrement, il ne plut pas.
Pour moi, c'était la fin. Dans mon cercueil, pâle et sans vie, mais surtout seule. Personne pour me pleurer. Enfin... Pas grand monde.
Carla était là, comme elle l'avait toujours été depuis cet incident à l'appartement. Lucas était avec elle, pleurant à chaudes larmes. Remarque, il n'y pas beaucoup de jour où je ne le voyais pas pleurer. Et enfin, Rowan. Lui aussi pleurait, mais, contrairement à l'enfant, il essayait de se cacher derrière sa casquette.
Trois personnes. Trois. Et non quatre. J'aurais voulu voir mon père une dernière fois. Mais même pour mes derniers instants, il ne s'est pas montré. Je me sentais comme délaissée, encore une fois.
Je me demandais même si les larmes de ces personnes n'étaient pas fausses si même mon père ne se donnait pas la peine de venir.
Je n'étais pas quelqu'un d'indispensable dans leur vie, au contraire. Carla trouverait bien d'autres enfants pour s'occuper d'eux, mon visage s'effacerait de la mémoire de Lucas au fur et à mesure qu'il grandirait et d'autres lycéens pourrait enfin s'approcher de Rowan et devenir amis avec lui...
Après tout, la mauvaise fille n'était plus là.
Est-ce que quelqu'un se souviendra de moi ?
Ce n'est que lorsque mon esprit commença à divaguer que je me rendis compte d'une chose : Je pensais encore, je n'étais pas morte. Qui l'aurait cru ?
Je sentais même encore le bout de mes doigts. C'était une sensation très désagréable, comme une charge électrique timide qui n'osait pas faire le moindre mal.
Je tentai de bouger ce reste de chair qui me rattachait à la vie, mais rien n'y fait : je n'avais plus de force, comme si j'avais oublié comment faire.
C'est alors que mes doigts disparurent. Ma présence était de nouveau incertaine quand ce monstre d'électricité se manifesta dans ma poitrine. Je pris une énorme bouchée d'air avant de me mettre à tousser brutalement, me redressant sur mon lit.
J'étais vraiment en vie !
Je ne comprenais pas ce qui venait de m'arriver mais j'avais bien fait face à la mort. Cette sensation de renouveau me fit complètement oublier le tsunami qui avait eu lieu dans ma chambre un peu plus tôt. J'étais si heureuse d'avoir retrouvé ma vie que mon cœur tambourinait à l'intérieur de moi. J'avais l'impression qu'il pouvait s'échapper à tout instant. Je ne sus comment retenir mes larmes de soulagement. Elles glissèrent sur mes joues à torrent, jusqu'à tomber sur le drap qui me recouvrait.
À ce moment je compris : ce n'était pas mes draps ni ma chambre.
Je tentai de reprendre mon calme, aussi bien que mal, en essuyant mes joues avant de regarder autour de moi. Je pensais avoir repris connaissance dans ma chambre ou, à la limite, dans un hôpital, entourée de médecins, mais ça n'en avait pas l'air. J'étais installée sur un lit à baldaquin en bois ancien, les murs étaient recouverts d'une tapisserie à motif floral beige, un lustre était accroché au plafond, brillant de mille feux avec toute ces perles, un tapis verdâtre protégeait le sol. Il y avait même une coiffeuse en bois d'un modèle archaïque qui luisait comme si elle était neuve...
À côté de moi, se trouvait une jeune fille rousse qui tenait une rose dans sa main, tremblante. Elle s'apprêtait à la placer dans un vase sur la commode. Son regard semblait surpris et effrayé en même temps.
J'eu beau dévisager ses traits fins et ses jolies taches de rousseurs, je ne la trouvais pas dans ma mémoire. Ni elle, ni l'endroit où je me trouvais ne m'étaient familiers.
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Gabrielle : Choisie par le livre
FantasiaQue se passe-t-il quand l'insolence doit jouer le rôle de l'innocence ? Gabrielle n'est pas une héroïne classique. Adolescente vulgaire, mauvaise et autoritaire, elle s'amuse à briser les règles sans modération. Pourtant, c'est bien elle que le livr...