Émilia se tenait droite, le regard rivé sur le sol, évitant tout contact avec moi. Je voyais son reflet à travers le miroir. Tôt le matin, elle vint me reveiller. Je ne pouvais pas espérer mieux.
Elle agit comme à son habitude, mais je sentais qu'elle me cachait quelque chose. Dans ses mouvements, son regard et sa façon de parler, je sentais bien qu'elle était mal à l'aise.
Posant la brosse sur la coiffeuse, je demandai d'une voix mielleuse :
– Émilia, Tu veux bien m'attacher les cheveux ?
Surprise, elle releva la tête et stoppa ses doigts avec lesquels elle jouait.
– Tout de suite, mademoiselle.
Elle se précipita vers moi pour me coiffer mais au moment où elle posa une main sur mes cheveux, je lui agrippai le poignet, faisant volte face vers elle.
– Je te faisais confiance.
Ses yeux, plongés dans les miens, tremblaient. Ils ne pouvaient pas regarder ailleurs.
– Tu n'as rien à me dire ?
Je n'avais toujours aucune réponse de sa part. Cependant, son attitude était plus bruyante. Ses jambes grelottaient et elle tirait doucement son bras pour échapper à mon emprise.
– Je t'ai pourtant rien fait. Tu as peur ?
– N-non... répondit-elle, bégayant.
– Alors pourquoi tu ne répond pas ? Tu as quelque chose à te reprocher ?
Elle laissa un blanc s'installer dans la pièce avant de baisser enfin la tête, marmonant des excuses qui n'avaient aucune valeur à mes yeux.
– Je suis désolée... Le duc me posait des questions e-et je pensais que c'était le meilleur moyen pour vous aider... Après tout c'est votre père, il ne vous veut aucun mal... Je ne sais pas ce qui m'a prit...
– Tu sais tenir ta langue ?
– Oui.
– Alors ne parle plus de moi à cet homme. S'il te pose des questions, tais toi. Prétends ne rien savoir. Tu en es capable, n'est ce pas ?
– Bien, mademoiselle.
– Je te préviens : il n'y aura pas de deuxième avertissement.
Je relachai enfin son bras quand elle fit un signe de tête, acquiessant. Je retournai face au miroir pour qu'elle commence son travail.
Émilia... une pauvre jeune fille victime du scénario et de sa fiche personnage. Elle était si facile à lire que ça en faisait un personnage ennuyant.
Seulement, à travers des mots, je n'avais jamais remarqué que l'adolescente était réduite dans ses actions à cause de ceux pour qui elle travaille. C'était sans doute le cas pour tout les employés de ce manoir et dans tout autre endroit où la hiérarchie avait une grande place.
Si elle ne pouvait pas partir d'ici, c'est qu'elle devait s'y plaire.
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Quelques jours passèrent depuis ce diner catastrophique avec les parents de Nefeli et, de nouveau, je me retrouvai devant les appartements de la reine, en compagnie de la duchesse et de la domestique.
Après cet incident nous avions reçu une nouvelle lettre de sa part, nous invitant pour un pic-nic avec elle et ses dames de compagnie.
Naturellement, je n'étais pas à l'aise dans un endroit comme celui ci, mais c'était encore pire depuis la dernière fois. J'avais constamment l'impression d'être observer, comme si on me surveillait.
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Gabrielle : Choisie par le livre
FantasíaQue se passe-t-il quand l'insolence doit jouer le rôle de l'innocence ? Cette Gabrielle n'est pas un ange. C'est une adolescente qui a des rêves et des ambitions. Le problème est que ses ambitions ne sont pas en réel accord avec la société. Elle est...