Chapitre 13

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Les invitées de la reine étaient déjà arrivées. Toute ces femmes fusaient dans les appartements Stella. Il n'était pas rare de voir autant d'animation au palais. D'ordinaire, il y en avait même plus, avec les chambrières qui faisaient des allers et retours entre les boudoirs et la laverie, ou les ministres du roi qui occupaient les suites.

Sa majesté la reine aimait passer ses journées en compagnie de ses dames de compagnie ou des femmes de la noblesse. En général j'évitais de me retrouver dans ses appartements quand elle organisait des goûters, et le roi avaient bien précisé que toute personne sur le chemin de la reine, alors qu'elle attendait des invités, serait renvoyée immédiatement. Son amour pour elle m'épatait. À cause de cette règle, personne n'osait se balader dans les locaux durant ces journées.

Seulement ce jour là était différent : l'une de ces dames attira particulièrement mon attention. Aussi surprenant soit-il, Nefeli Vélum faisait partie des invitées.

Depuis la soirée du bal des frontières, je n'avais plus qu'elle en tête. Elle m'avait laissé de côté, en plein milieu de ma première danse, mais je ne me sentais pas mal. En tout cas, pas pour moi. J'étais plus chagriné par son état que par ma situation. Je pouvais voir à son attitude qu'elle ne voulait pas être là. Elle cherchait à fuir mon regard et mes questions, et ne faisait absolument aucun effort pour ne pas m'écraser les pieds.

J'ai encore un doute sur le fait qu'elle l'ai remarqué.

J'avais bien conscience que c'était ma présence qui l'embêtait alors je ne me suis pas donné la peine de la suivre... même si j'en avais très envie.

La voir de nouveau dans le palais me remplissait de joie. Je ne pensais pas la revoir après quelques jours seulement mais la voici, accompagnée de la duchesse et d'une servante.

"Je crois que partir à sa rencontre est une mauvaise idée" ai-je présumé.

Les trois femmes arpentaient le hall d'entrée quand j'entendis la voix du marquis Delcourt derrière moi.

– N'étiez vous pas fiancé à la princesse de Bahor, votre altesse ?

Enma Delcourt était le premier fils de sa famille. D'aussi loin que je me souvienne, il a toujours été avec moi. Quand son père venait pour voir le mien, il était toujours là, aussi solennel qu'il ne l'est aujourd'hui.

– N'ai-je plus le droit d'observer qui pénètre ma demeure ?

Il passa sa main dans ses cheveux pour pour se recoiffer, soupirant lourdement. Sa chevelure brune était toujours impécable. On aurait beau les examiner pendant des heures, on ne trouverait jamais une mèche rebelle. Contrairement à son jeune frère.

– Là est le problème : vous n'avez d'yeux que pour cette femme depuis que vous l'avez croisée lors de votre dernière partie de chasse. Sauf votre respect, Anson, vous êtes pire que mon frère. Vous ne vous posez pas les bonnes questions. Que faisait elle là bas, d'ailleurs ? Les limites ont bien été tracées de manière à ne pas entrer dans la foret profonde. Même en journée, la forêt est très dangereuse. Soit elle l'a fait exprès, auquel cas je n'en vois pas l'utilité, soit c'est vraiment une abrutie. Dans tout les cas, elle ne mérite pas autant d'attention de votre part.

J'ai prit le temps de me retourner vers lui pour lui répondre.

– Elle ne craint pas le danger. C'est une femme téméraire.

– La limite entre le courage et l'idiotie est fine, vous savez... Et s'il vous plaît, enlevez cet air niais sur votre visage. Je ne vous reconnais plus.

Je n'ai pu m'empêcher de rigoler face à sa remarque. C'est vrai qu'elle m'avait changé.

Chaque fois que je m'ennuyais, je repensais à elle et son jolie visage émerveillé devant cette bête à corne. C'était sans doute la première fois qu'elle voyait une scène aussi atroce et pourtant elle ne semblait ni effrayée, ni affolée. Son sourire épanoui et ses yeux pétillants ne pourrait s'effacer de ma mémoire aussi facilement. Mais, malheureusement, je ne pouvais rien espérer avec elle : qui sait ce que penserait mon père s'il savait ? Et la princesse en aurait le cœur brisé.

Gabrielle : Choisie par le livreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant