Chapitre 10

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Le bal des frontières : une vieille tradition qui date d'il y a plusieurs centaine d'années. C'est une manière de célébrer la victoire de l'Union face aux pays discordants, mais aussi l'agrandissement des limites des pays vainqueurs. C'était comme ça que les livres d'histoires et Orion l'expliquaient. Cette soirée était organisée par la famille royale et seule les personnes les plus hautes dans le classement sociale, dont nombreux courtisants, pouvaient y participer. Cela n'empêchait pas aux villes et villages de fêter ce jour, comme les autres.

Je me retrouvais face au palais. Tout le monde semblait à l'aise et excités d'assister à une telle soirée. Tout le monde, sauf moi.

Évidemment, je ne pouvais qu'être la seule à me sentir à la mauvaise place. Ils étaient tous habitués et je devais agir comme eux : la tête haute, le dos droit et l'allure gracieuse, j'avançais  jusqu'à l'entrée. J'avais l'impression de me pavaner comme un paon.

De là où j'étais, on pouvait apercevoir plusieurs carrosses qui affluaient vers le château, pour pouvoir déposer les invités. Ils traversaient le portail monumental, orné de motifs dorés, pour déposer les invités de marque devant les escaliers d'honneur.

Si ça n'avait pas été pour le roi, je n'aurais jamais mit les pieds dans ce genre d'endroit.

Il faisait déjà nuit noire lorsque nous avons pénétré l'enceinte du Palais Royal. Peut être aux alentours de 21h. Lorsque j'ai levé la tête, j'ai admiré la pleine lune qui illuminait le peu d'endroit sombre qu'il y avait ce soir là, accompagnée de ses copines, les étoiles. Le bruit des roues sur les routes en gravier s'était adoucit, le volume des voix autour de moi s'était baissé et la musique qu'on entendait déjà, avant même de rentrer, s'était éteinte.

Il n'y avait plus que moi, la lune, et mon père.

Dans un moment comme celui là, j'ai pensé à lui.

Nous n'avions pas de passion en commun comme la pêche, la musique, ou encore le cinéma, comme beaucoup d'enfants avec leurs parents, mais ça n'empêchait pas notre bonne relation de perdurer. En voyant cette belle lune ronde, j'ai revu nos moments passés devant la vielle télé qui marchait une fois sur deux, assis sur le canapé déchiré. Il mettait parfois des vieilles cassettes en route. L'écran affichait des vidéos que mon père avait filmé quand il était jeune. Il filmait toujours ses randonnées de nuit. Il me disait que, si je devais marché la nuit quelque part, je devais toujours filmer, au cas où il se passerai quelque chose. Question de sécurité.

En journée aussi, il filmait. Mais pas toujours. Et ce n'était pas aussi intéressant.

En y repensant, mon père était vraiment la dernière personne que je pouvais voir faire de la randonnée. S'il ne m'avait jamais montré ces vidéos, je ne l'aurais jamais cru.

Il me manque...

– Nefeli, avait appelé la duchesse Vélum, me sortant ainsi de mes pensées. Aurais-tu changé d'avis ?

Je ne pouvais pas me permettre de changer d'avis aussi facilement.

Sous le regard insistant du couple, j'ai avancé sur les escaliers en marbre. Plusieurs gardes en uniforme, placés de chaque coté de la porte, surveillaient nos moindre faits et gestes. Contrairement à ceux que je connaissais, les gardes royaux avaient une certaine prestance.

Je pensais que le palais ducal des Vélum était bien trop décoré inutilement et trop grand pour le peu de personnes qui y vivaient, mais le chateau était à un bien autre niveau : la porte principale, elle-même, était une œuvre d'art. Des gravures de motifs florales s'étalaient élégamment sur les panneaux et les imposantes poignées étaient recouvertes d'or. Au dessus, se trouvait le blason de la famille royale. Placé fièrement à l'entrée pour que tout le monde puisse admirer la puissance de la couronne.

Gabrielle : Choisie par le livreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant