Chapitre 07:

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/LOS ANGELES: 09H22/

Luana :

  Les derniers jours ont été un enfer. Depuis que tout le monde au lycée a appris mon enlèvement, je ne peux pas faire un pas dans les couloirs sans que quelqu'un me regarde bizarrement ou me pose des questions intrusives. Je me sens comme une bête de foire, et l'attention constante ravive des souvenirs que j'essaie désespérément d'oublier. J'ai donc décidé de rester à la maison aujourd'hui, espérant trouver un peu de paix.

Ma mère et mon beau-père sont au travail, me laissant seule dans la maison silencieuse. Je m'assois sur le canapé du salon, enveloppée dans une couverture, tentant de lire un livre pour m'occuper l'esprit. Mais les mots se brouillent sous mes yeux, incapables de distraire mes pensées tourmentées.

Le silence de la maison est presque assourdissant, et chaque petit bruit me fait sursauter. J'essaie de me calmer en me disant que je suis en sécurité ici, que personne ne peut me faire de mal. Mais la peur ne disparaît jamais vraiment. Elle est là, tapie juste sous la surface, prête à éclater à la moindre provocation.

Alors que je suis en train de me préparer un thé dans la cuisine, j'entends un bruit étrange venant de la porte d'entrée. Mon cœur s'arrête un instant, puis commence à battre à tout rompre. J'essaie de rationaliser, de me dire que c'est probablement juste le vent ou un animal. Mais la peur s'empare de moi, et je me sens piégée.

Je prends un couteau du bloc sur le comptoir, ma main qui tremble légèrement. Je me dirige prudemment vers la porte d'entrée, chaque pas résonnant dans le silence oppressant de la maison. Le bruit se répète, plus fort cette fois, et je retiens mon souffle en tendant l'oreille. Je pose une main sur la poignée de la porte, le couteau fermement serré dans l'autre. Lentement, avec précaution, j'ouvre la porte, prête à faire face à n'importe quelle menace. Mais ce que je découvre de l'autre côté me surprend autant qu'il me soulage.

Alessio se tient là, titubant, l'air complètement perdu. Il empeste l'alcool et le cannabis, ses yeux sont rougis et vitreux. Il a l'air misérable, et malgré tout ce qu'il m'a dit, je ne peux pas m'empêcher de ressentir une pointe de compassion.

-Alessio ? dis-je doucement, abaissant le couteau. Qu'est-ce que tu fais ici ? Ton père n'a pas arrêté de t'appeler cette nuit.

Il lève les yeux vers moi, et je vois une lueur de reconnaissance dans son regard.

-Luana. murmure-t-il, sa voix pâteuse. Je... je suis désolé.

Je soupire, rangeant le couteau et l'aidant à entrer.

-Allez, viens. Tu ne peux pas rester dehors comme ça.

Je l'installe sur le canapé et lui apporte un verre d'eau. Il le prend avec des mains tremblantes, essayant maladroitement de boire. Je m'assois à côté de lui, incertaine de ce que je devrais dire ou faire.

-Je suis vraiment désolé. répète-t-il, les larmes aux yeux. Je ne voulais pas te blesser.

Je prends une profonde inspiration, essayant de chasser la colère et la douleur.

-Alessio, tais toi et dors, tu n'es clairement pas en état d'avoir une discussion.

Il hoche la tête, les larmes aux yeux.

-Je sais. Je suis un idiot. Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. Je suis tellement désolé, Luana.

Je vois la sincérité dans ses yeux, et une partie de moi veut croire qu'il est vraiment sincère.

-Pourquoi tu es dans cet état ? demandais-je doucement.

Il soupire, posant le verre vide sur la table basse.

-J'ai bu et fumer avec des potes. répond-t-il avec un léger sourire sur les lèvres.

Je hoche la tête, comprenant que je n'aurais pas de réponses plus précises pour l'instant.

Il me regarde, ses yeux suppliants.

-Tu me rappelles trop de chose Luana.

Je prends une grande inspiration, sentant ma résolution vaciller. Malgré tout ce qu'il m'a dit, je ne peux pas l'abandonner ni abandonner mes questionnements.

-Si tu m'expliquais je pourrais t'aider Alessio et-

-Je n'ai pas besoin d'aide. Juste de dormir là. dit-il en me coupant la parole.

Je me lève pour aller chercher une couverture supplémentaire et un oreiller.

-Alors repose-toi on en parlera plus tard. dis-je.

Alessio murmure un merci avant de s'allonger sur le canapé, s'endormant presque immédiatement. Je le regarde un moment, me demandant comment les choses ont pu devenir si compliquées.

Alors je le laisse seul et monte à l'étage afin de prendre une douche. J'enlève mon jogging et son sweat, me retrouvant en sous-vêtements j'ai la maladresse de regarder dans le miroir. Le dégoût me vient immédiatement. Je ne peux plus voir ce corps qui a été salit et toutes ses cicatrices. J'en peux plus.

Liés par le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant