Chapitre 10:

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/LOS ANGELES:22H17/

Alessio :

  La nuit est tombée depuis longtemps lorsque je quitte la maison. L'air frais de la nuit s'infiltre sous ma veste, mais je m'en moque. Mon esprit est trop occupé par la colère et la frustration accumulées pendant la journée. La dispute avec mon père tourne en boucle dans ma tête, et le souvenir de la crise d'angoisse de Luana me hante. J'ai besoin de quelque chose pour apaiser tout ça, pour étouffer ce tourbillon d'émotions.

Je marche rapidement dans les rues sombres jusqu'à l'appartement de Julien, mon dealer. Ce n'est pas un quartier sûr, mais je n'ai jamais eu de problème ici. Julien est debout à l'entrée de son immeuble, une cigarette à la main. Il me salue d'un signe de tête en me voyant approcher.

-Alessio, ça fait un moment. dit-il en expirant une bouffée de fumée. Tu as besoin de quelque chose ?

J'hoche la tête, sortant de l'argent de ma poche.

-Ouais, donne-moi ce que tu as de mieux.

Julien me regarde un instant, puis acquiesce et disparaît à l'intérieur du bâtiment. Il revient quelques minutes plus tard avec un petit sachet de cannabis. Je lui tends l'argent, il me donne le sachet en échange. Nous n'avons pas besoin de parler davantage. Avec le sachet bien dissimulé dans ma poche, je me dirige vers la maison de mes amis, Esteban et Sébastien. Ils m'attendent, assis sur le porche, et je sais qu'ils comprendront sans poser trop de questions. Nous montons dans la chambre de Sébastien, où nous pouvons être tranquilles. Les joints sont roulés rapidement, et bientôt, la fumée emplit la pièce, apportant avec elle un semblant de paix.

-Putain, mec, tu as l'air tendu. dit Esteban en exhalant lentement la fumée. Qu'est-ce qui se passe ?

Je prends une bouffée profonde, savourant l'effet apaisant du cannabis avant de répondre.

-C'est la merde à la maison. Mon père est sur mon dos à propos des notes, et Luana... C'est compliqué.

Sébastien hoche la tête, compatissant.

-Ouais, j'ai entendu parler de ce qui s'est passé avec Luana et la bagarre. Les gens peuvent être des vrais cons, tu sais.

Je ne peux qu'acquiescer. La conversation dérive lentement vers des sujets plus légers, et pour un moment, j'arrive à oublier mes problèmes. Mais au fond de moi, je sais que ce n'est qu'un répit temporaire.

/LOS ANGELES:08H54/

Lorsque je rentre chez moi, le soleil est déjà levé. La maison est calme, tout le monde dort encore. J'essaie de monter les escaliers discrètement, mais mes pas résonnent dans le silence du matin. En atteignant ma chambre, je m'effondre sur mon lit, épuisé et encore sous l'effet du cannabis. Le sommeil me gagne rapidement.

Je me réveille quelques heures plus tard, avec une sensation de gueule de bois. Il est tard dans la matinée, et en descendant les escaliers, j'entends des voix provenant du salon. Mon père et ma belle-mère parlent, leurs voix basses mais tendues.

-Je ne sais pas quoi faire avec Luana. dit Carlos, son ton empreint de frustration. Elle est tellement fermée, tellement difficile à comprendre.

Estelle soupire.

-Elle a vécu un traumatisme énorme, Carlos. Nous devons être patients avec elle. Mais c'est vrai que parfois, c'est comme marcher sur des œufs.

-Peut-être qu'elle est trop dure à gérer. poursuit mon père. Peut-être que nous ne sommes pas les bonnes personnes pour l'aider.

Ces mots me frappent comme un coup de poing. Je serre les poings, luttant contre l'envie de descendre et de les confronter. Comment peuvent-ils penser qu'elle est trop difficile à gérer ? Luana a besoin de notre soutien, pas de doutes ou de jugements.

Je décide de ne pas intervenir, mais la colère bouillonne en moi. Je passe le reste du week-end sur la défensive, surveillant chaque interaction entre mon père, Estelle et Luana. Chaque fois qu'ils lui parlent, je suis sur les nerfs. Ma colère est un bouclier, mais elle est aussi épuisante.

La nuit, alors que tout le monde dort, j'entends Luana faire des cauchemars. Ses gémissements étouffés et ses cris occasionnels me réveillent, mais je n'ose pas aller la voir. La peur de la brusquer ou de raviver ses souvenirs douloureux me retient. Je reste dans mon lit, me sentant impuissant, écoutant ses souffrances sans savoir comment aider.

Le samedi matin, je me lève tôt, encore fatigué, je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit, rongé par la culpabilité de l'avoir laisser seules face à ses démons. Exactement comme il la fait...

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Liés par le destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant