Liés par le destin

Chapitre 08:

/LOS ANGELES:19H32/

Luana :

  Le dîner de famille ce soir est marqué par une tension palpable. Je suis assise à table, essayant de me faire aussi petite que possible. Alessio est en face de moi, l'air renfermé, les yeux baissés. Mon beau-père, Carlos, est à une extrémité de la table, sa mâchoire serrée et ses sourcils froncés. Ma mère, Estelle, est à l'autre extrémité, fixant Alessio avec une froideur que je ne lui ai jamais vue.

La conversation est pratiquement inexistante, les seuls bruits dans la pièce sont ceux des couverts raclant les assiettes. Finalement, Carlos rompt le silence.

-Alessio, tes notes continuent de baisser. Tu te rends compte de l'importance de tes études, n'est-ce pas ?

Alessio relève à peine la tête, murmurant :

-Oui, je sais.

Alessio se penche en avant, posant ses coudes sur la table.

-Ce n'est pas suffisant de dire que tu sais. Il faut agir. Tu dois te ressaisir.

Alessio serre les poings, mais ne dit rien. La tension monte d'un cran. Ma mère intervient alors, se tournant vers Alessio, les yeux flamboyants.

-Et je suppose que tu ne te rends pas compte non plus du mal que tu as fait à Luana en dévoilant son passé à tout le lycée ?

Sa voix est glaciale.

Alessio déglutit, visiblement mal à l'aise.

-Je suis désolé, Estelle. Je ne voulais pas que ça arrive.

Ma mère secoue la tête, déçue.

-Désolé ne suffit pas, Alessio. Les conséquences de tes actes sont lourdes pour Luana.

Je me mords la lèvre, ressentant la pression des regards et des reproches dirigés vers Alessio. Il a commis une erreur, c'est vrai, mais je ne veux pas qu'il soit accablé plus qu'il ne l'est déjà. Je prends une grande inspiration et tente d'intervenir.

-Maman, s'il te plait.

Ma mère soupire, ses yeux s'adoucissant légèrement.

-Je sais que tu t'en veux Alessio, mais c'est difficile de passer outre ce que tu as fait.

Le reste du dîner se déroule dans un silence lourd. Chacun est perdu dans ses pensées, la tension toujours présente, mais atténuée par ma tentative de médiation. Après le repas, je me retire dans ma chambre, épuisée par cette soirée éprouvante.

/LOS ANGELES:08H13/

Le lendemain matin, je me prépare à retourner au lycée avec une boule au ventre. Je sais que ça ne va pas être facile. Alessio m'accompagne en silence jusqu'à l'arrêt de bus, ses épaules voûtées sous le poids de la culpabilité et de l'appréhension.

Quand nous arrivons au lycée, les regards se tournent immédiatement vers moi. Les chuchotements commencent, des murmures qui me suivent dans les couloirs. J'essaie de les ignorer, de garder la tête haute, mais c'est difficile. Chaque regard, chaque mot chuchoté est un rappel de mon passé, de ce que j'essaie désespérément de laisser derrière moi.

À la pause, alors que je me dirige vers mon casier, un groupe d'élèves m'entoure, leurs questions se bousculant.

-Clara, c'est vrai ce qu'on dit sur toi ?

-Comment c'était ?

-Pourquoi tu ne nous as rien dit ?

Je sens la panique monter en moi. Les mots se brouillent, ma respiration devient difficile. Juste au moment où je pense que je vais m'effondrer, un garçon du groupe, Mike, lance une insulte.

-Eh, la kidnappée, tu fais quoi ici ? Tu devrais être dans un asile.

Je sens les larmes monter, mais avant que je ne puisse réagir, Alessio surgit à mes côtés, son visage rouge de colère.

-Qu'est-ce que tu as dit ? cri-t-il en s'avançant vers Mike.

Mike ricane, mais il ne recule pas.

-J'ai dit qu'elle devrait être dans un asile. Tu as un problème avec ça ?

La rage d'Alessio explose. Il attrape Mike par le col et le pousse contre les casiers.

-Ne parle plus jamais d'elle de cette façon !

La scène dégénère rapidement en une bagarre. Les coups pleuvent, et les élèves autour de nous commencent à crier. J'essaie de m'interposer, mais les deux garçons sont trop enragés. Finalement, un surveillant arrive et sépare Alessio et Mike, les traînant tous les deux vers le bureau du proviseur.

Je me retrouve également convoquée, même si je n'ai rien fait. Assise dans le bureau du proviseur, je ressens un mélange d'anxiété et de culpabilité. M. Durand, le proviseur, nous regarde tour à tour avec sévérité.

-Qu'est-ce qui s'est passé ici ? demande-t-il, sa voix froide.

Alessio se frotte le menton où un hématome commence à apparaître.

-Mike est un fils de pute, ça suffit déjà comme raison pour le frapper. dit Alessio alors que je soupire.

Mike se redresse, essayant de paraître innocent.

-Je ne faisais que plaisanter. C'est Alessio qui m'a frappé, je suis la victime !

M. Durand soupire, son regard se posant sur moi.

-Et toi, Luana, qu'as-tu à dire sur tout ça ?

Je prends une grande inspiration.

-Alessio n'a fait que le remettre à sa place, cette blague comme Mike le dit, n'avait rien de drôle.

Le proviseur nous regarde avec une exaspération visible.

-Tous les trois, vous serez en retenue pendant une semaine. Et Alessio, tu devras également t'excuser auprès de Mike pour la violence.

Alessio serre les dents mais acquiesce.

Après avoir quitté le bureau du proviseur, nous marchons en silence jusqu'à la sortie du lycée. Je me sens épuisée, à la fois mentalement et émotionnellement. Alessio marche à mes côtés, la tête basse.

-Je ne voulais pas te causer plus de problème Luana. dit-il enfin, sa voix tremblante.

Je secoue la tête, essayant de sourire malgré la douleur de la journée.

-Je te remercie, tu n'étais pas obligé.

Il hoche la tête, ses yeux remplis de remords.

-Je te devais bien ça.

Mes yeux rencontrent enfin les siens juste avant que mes angoisses reviennent et que je fuis à nouveau son regard. Comme depuis notre première rencontre.

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