Les abîmes du passé

16. C'était une erreur

Hailey

L'obscurité commence à investir l'extérieur. Miguel se retrouve sur le pas de la porte. Je crois qu'il ne souhaite pas partir, bien que j'ignore pourquoi il est resté après la manière dont Kayden l'a traité. Les paroles crues de ce dernier flotte entre nous, même après qu'il se soit éclipsé vers l'autre pièce, et j'ai l'impression qu'il n'y a aucun moyen pour y remédier. Il a jeté un froid dans l'atmosphère.

— Désolée encore, dis-je. Parfois, il agit en vrai...

— Enfoiré ? suggère-t-il avec un sourire en coin.

Avec embarras, je hoche la tête. Ce n'est certainement pas le bon moment pour prendre sa défense.

— Ne t'inquiètes pas, il m'en faut beaucoup plus pour m'effrayer, me rassure-t-il. On se voit demain au boulot ?

— Oui. Et merci de m'avoir ramenée, bien que j'aurais préféré t'éviter cette confrontation avec Kayden.

— Cesse de culpabiliser. Par contre, tu es certaine que tu es à l'aise de rester seule alors qu'il est toujours ici ?

— Oh, je vais survivre. Il risque de partir bientôt.

Son chandail avec l'écriteau du bar est assez parlant ; il est censé bosser ce soir. Je suis presque certaine qu'il reste seulement pour ne pas que je sois seule avec Miguel. D'ailleurs, je n'oublie pas qu'il a mentionné que Travis l'a contacté. Est-ce que mon ami lui a demandé de jouer les chaperons ou est-il ici de son propre gré ?

L'un comme l'autre, qu'est-ce que ça peut bien changer, de toute façon ?

— Dans ce cas, je te souhaite une bonne nuit, beauté.

Complètement prise au dépourvu, je fige sur place lorsque Miguel glisse une main sur ma nuque pour s'approcher de moi. Je crains qu'il m'embrasse. Il bifurque plutôt vers ma joue et ses lèvres se pressent avec délicatesse contre ma peau.

Il m'offre ensuite un clin d'œil, puis se dirige vers sa voiture.

Une fois qu'il s'est éloigné, je ferme la porte de ma maison. Mes bras serrés autour de mon buste, j'essaie de maîtriser les tremblements qui me prennent d'assaut depuis que Kayden a craché son venin. Pendant un instant, l'atmosphère était si tendue que j'ai cru qu'ils allaient se sauter à la gorge. La dernière fois où j'ai assisté à un échange aussi haineux, Travis s'explosait les poings contre le visage de...

— Il a enfin dégagé ?!

Je me retourne vivement pour apercevoir Kayden dans le couloir, l'air plus renfrogné que jamais.

— C'est quoi ton problème ? Qu'est-ce qui t'as pris d'agir comme ça ? l'accusé-je.

— Tu te moques de ma gueule ? Le type est en fin de vie, mais il te tourne autour ! Tu crois qu'il est sain d'esprit ?!

— Il n'a que trente ans, Kayden ! Vraiment, tu m'énerves.

En prenant soin de ne pas le frôler, je le dépasse pour me rendre vers l'escalier. Mais c'est sans compter sur lui et son entêtement qui me poursuivent.

— Ah, on est de retour sur ça maintenant ? Je t'énerve, je suis qu'un pauvre con de bâtard que tu ne supportes pas !

— Tu n'avais aucune raison d'agir comme tu l'as fait.

— J'en avais amplement, des raisons ! Je ne l'aime pas ce type.

Et alors ?! Tu n'aimes personne, idiot.