Hailey
Il intoxique chacune de mes pensées.
Cela fait bientôt une semaine que j'ai rejeté Kayden et tout ce à quoi je songe, c'est ses lèvres contre les miennes. C'est atroce. Non seulement parce que je ne l'ai pas revu, et tant mieux en un certain sens, mais aussi parce que... songer à lui, alors que ma sœur est juste à mes côtés, c'est loin d'être un monde idéal.
Partagée entre ma culpabilité envers Laurie et le bouleversement que je ressens, tout ce que j'ai envie de faire, c'est de rester roulée en boule au fond de ma penderie.
Par chance, par malheur, on me tire de ma chambre le dimanche en début d'après-midi. Miguel m'a invité à passer la journée avec lui, m'offrant même de rencontrer Travis. Si j'ai eu quelques réticences d'abord, j'ai fini par accepter pour une raison totalement égoïste et j'en ai honte. J'ai peut-être, certainement, laissé croire à ma sœur que j'avais un rencard avec un potentiel copain, juste pour brouiller les pistes concernant le sien.
C'est minable, je sais. Surtout qu'elle ne semble se douter de rien, mais je préfère que ça reste ainsi. Peut-être même qu'avec le poids des regrets, s'il en a, Kayden finira par la plaquer et je n'aurai plus à craindre de le recroiser dans la maison, avec cette tension étouffante qui grimpe en moi.
Je l'ai déjà dit, je suis MI-NA-BLE.
Lorsque Miguel vient me chercher, j'arrive à peine à le regarder. Pour sa part, le coup d'œil qu'il jette par-dessus mon épaule dans l'entrée est plutôt équivoque. La manière dont Kayden l'a traité lorsqu'il m'avait raccompagné me revient en tête et je grimace.
— Il n'est pas là, lui assuré-je.
— Génial. Donc je me sauve d'un interrogatoire pour déterminer si je suis un psychopathe ? rigole Miguel.
— Ne te réjouis pas trop vite, mon ami risque de s'y mettre plus tard. Je t'avertis, tu n'as eu qu'un échauffement.
Pendant une demi-seconde, je capte son air horrifié et je lui souris faiblement pour lui signifier que je blague. On se met ensuite en route.
Mon collègue s'assure qu'une journée de golf me convient. Même si je ne suis pas amatrice de sport, ma conscience me rappelle que je me sers de lui pour échapper à ma frangine, donc je n'ose pas lui refuser quoi que ce soit. J'indique par message l'adresse du terrain à Travis pour qu'il nous rejoigne là-bas. Pendant que Miguel conduit, je fixe le paysage qui défile, incapable de songer à un quelconque sujet de conversation.
Lui parler du boulot ? On le fait déjà en semaine.
Le beau temps qu'il fait à l'extérieur ? Il a des yeux, il est capable de le voir. Quel sujet insipide.
Revenir sur sa visite chez moi la dernière fois ? Pour risquer de lui avouer qu'en fait, Kayden a explosé pour m'embrasser dès son départ ? Non, merci !
La musique à la radio remplit le silence et je tape des doigts contre ma portière sous le rythme de la batterie, comme je vois souvent mon ami le faire.
Une fois sur place, j'observe les grands terrains verts avec incertitude. Un peu partout, il y a de petites étendues d'eau ou de sable pour servir d'obstacles, le tout encerclé par des arbres. Déjà, je sais que je n'arriverai jamais à jouer sans constamment perdre mes balles. Peut-être est-ce pour ça qu'il s'agit d'un sport ? Parce qu'il faut courir après ces satanées balles blanches qui sont inévitablement attirées par les sources d'eau boueuse ou vers ces boisés.
— Ce n'est pas une voiturette de golf qu'ils devraient louer sur le terrain, mais un chien, marmonné-je.
— Qu'est-ce que tu as dit ? répond Miguel en tournant la tête vers moi.
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Les abîmes du passé
Romance*** Anciennement nommé « Ennemis le jour, Complices la nuit » *** Depuis trois ans, je suis ravagée par un secret qui me pèse sur les épaules. Craignant que mon entourage s'écroule si je révèle ce qui s'est déroulé cette fameuse journée, je sombre p...