18. Un whisky sec, par pitié

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Hailey


Depuis les trois derniers jours, Miguel me raccompagne à la fin de la journée. Je ne suis pas certaine que cette petite routine me plaise. Je me sentirais presque plus à l'aise de continuer à marcher pour rentrer chez moi. Ce n'est pas nécessairement parce que je me sens en danger avec lui, mais plutôt que je me sens prise au piège.

Dès le lendemain de sa rencontre avec Travis et Trenton, il avait pris en considération les paroles de ma sœur et... il m'a embrassé sur notre lieu de travail. Craignant de créer un malaise, surtout en tenant compte que quelques collègues nous fixaient, je n'ai pas osé lui dire qu'il s'était fait des idées. Je me retrouve donc... et bien, coincée dans une relation avec lui.

Une fois que la voiture se gare devant chez moi, Miguel se retourne sur son siège et m'offre un sourire en coin.

— Tu veux que je rentre avec toi ?

— Je ne sais pas si c'est une bonne idée. Laurie doit encore être là et c'est plutôt tendu dans la maison ces derniers jours.

— Sinon, tu peux simplement aller te changer et je pourrais t'amener dans un restaurant. Ou encore, tu peux venir chez moi, question de t'éviter cette ambiance.

Pour commencer, je grimace en fixant mon t-shirt détrempé. Nous étions dans un petit bistrot lorsque j'ai sursauté en croyant apercevoir quelqu'un. Je me suis renversée mon café sur le buste et depuis, je combats contre l'inconfort de la légère brûlure due au liquide bouillant, ainsi que la sensation dérangeante du tissu qui me colle à la peau.

Ensuite, pour une raison qu'il ne décèle certainement pas, je suis loin, mais très loin, d'être assez à l'aise pour me retrouver seule avec lui. Parce que de toute évidence, il ne suffit pas d'un baiser de prince charmant, ou pas charmant d'ailleurs, pour guérir tous mes troubles. Ceux-ci sont encore bien présents, brillant avec une férocité qui ne risque pas de se désagréger sans un combat qui nécessitera toutes les fibres de mon être.

— Je crois que je vais juste aider Trenton à défaire ses dernières boîtes, avant de me casser la gueule une journée de plus sur celles-ci, dis-je en refusant l'offre de Miguel.

— Tu es vraiment maladroite, c'est mignon, se moque-t-il. Essaie seulement de ne pas te brûler à nouveau, d'accord ? J'aimerais bien que ma copine reste en un seul morceau.

Embarrassée, je hoche la tête.

Miguel m'embrasse furtivement avant que je sorte du véhicule.

Dès que j'ouvre la porte, Trenton interpelle mon nom depuis le salon, mais je l'avertis que je reviens avant de foncer vers l'escalier. Trop pressée de me débarrasser de mon t-shirt, ça me prend un moment avant de remarquer un détail. Face à ma penderie ouverte, alors que je ne l'ai pas touché, je fronce les sourcils. Je fixe ensuite ma porte que je viens de fermer derrière moi, réalisant que celle-ci était grande ouverte quand je suis entrée, alors que j'ai toujours le réflexe de la fermer lorsque je pars. Puis...

Mon regard est attiré vers un vêtement posé sur mon lit. Je m'approche pour prendre le tissu entre mes doigts et reconnaît le haut à manches longues que je portais lors de mon rendez-vous avec Miguel, cette même nuit où j'ai retrouvé Kayden chez Travis. Je ne me souviens pourtant pas de l'avoir sorti ce matin.

Embêtée, je l'enfile pour me débarrasser de mon t-shirt humide. Puis je sors de ma chambre en refermant la porte, pour dévaler les escaliers en direction du salon. J'y retrouve Trenton et Laurie. Cette dernière semble perdue dans ses songes, le teint légèrement plus pâle qu'à l'habitude, mais je ne m'y attarde pas.

Les abîmes du passéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant