Chapitre 3

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 Je lève les yeux de mon bento et fronce les sourcils. Le garçon aux grosses lunettes est planté face à moi, avec un grand sourire. Il me demande :

« - Salut ! Ça te dirait de manger avec moi ? »

Je hausse un sourcil, lui montre mon bento et réponds :

« - Désolée mais j'ai apporté de quoi manger. En plus, j'ai pas d'argent sur moi pour aller à la cantine. »

Il sourit d'autant plus et répond :

« - Ça tombe bien, c'est moi qui paie ! »

En voyant qu'il ne lâchera pas l'affaire, j'accepte. Peut-être aussi parce que je n'ai pas envie de manger seule une nouvelle fois. Et puis, qui refuserait un repas gratuit ? Je le suis sans poser de question. Il me traîne jusqu'à un genre de supérette, qui se trouve à l'intérieur du lycée :

« - Choisis ce que tu veux. Y a des boissons aussi.

- Pourquoi tu veux à ce point m'offrir à manger ? »

Il semble surpris puis me demande :

« - Tu ne sais vraiment pas pourquoi ? »

Alors que je secoue négativement la tête, quelqu'un nous rejoint. Un type avec des cheveux blonds qui tombent devant ses yeux de chat. Mon camarade le salue joyeusement :

« - Salut Chifuyu ! »

Je manque de soupirer. Il est assez connu, ce gars. Notamment parce que beaucoup de filles aiment son charme inaccessible. Mais aussi parce que des rumeurs circulent sur le fait qu'il ferait parti d'un gang. Honnêtement, je ne sais pas trop quoi en penser. Le blond me jette un regard puis demande à son ami :

« - C'est qui ?

- Une camarade de classe ! Ça te dérange pas si elle mange avec nous ? »

Chifuyu annonce qu'il n'y a pas de problème. Je regarde distraitement les différents repas à emporter, sans savoir lequel prendre. J'en choisi un au hasard et prends un jus. J'ai tout de même vérifié le prix avant, histoire de ne pas prendre le plus cher. On s'installe ensuite sur des tables. Je mange silencieusement tandis que les garçons discutent. Puis à un moment, le garçon aux épaisses lunettes me demande :

« - T'es assez douée en cours, non ? »

Je hausse les épaules, ne sachant pas quoi répondre. Il enchaîne :

« - Comment tu fais ?

- Comment je fais quoi ?

- Pour avoir des bonnes notes. Je veux dire, tu n'as ni les grosses lunettes, ni la coiffure des intellos. »

Je manque de m'étouffer avec mon jus de fruit et réplique :

« - Tu penses vraiment qu'il suffit de ressembler à un premier de la classe pour avoir des bonnes notes ? »

Il me regarde comme si la réponse était évidente. Elle l'est, en effet, mais je ne suis pas sûre qu'on ait la même réponse ne tête. Je soupire :

« - Sérieux, c'est pour ça que tu te trimballes avec ce look ? »

Il hoche la tête, comme si c'était parfaitement normal. Je jette un œil à Chifuyu, qui hausse les épaules avec un air amusé. Dépitée, je demande :

« - T'as déjà essayé de travailler ?

- Hein ?

- Relire tes cours ? Les apprendre ?

- Ça à l'air fatiguant. »

Chifuyu se retient de rire tandis que je reste muette, désespérée. Je n'ajoute rien de plus, finis le repas, le remercie puis m'éclipse rapidement.

***

Je lance l'appel, à la fois anxieuse et excitée. Excitée parce que je vais entendre sa voix, anxieuse parce qu'à chaque fin d'appel, je me sens plus vide qu'au début. Il décroche, j'entends sa voix ensommeillée :

« - Salut...!

- Salut ! Désolée, je t'ai réveillée ?

- Ouais mais c'est pas grave ! Y a pas meilleur réveil que d'entendre la voix de celle que l'on aime. »

Je sens mon cœur battre plus fort et mes joues chauffées. Avec lui, je me sens spéciale. Et protégée. On discute de nos semaines respectives. Je lui raconte alors les agissements bizarres de mon camarade de classe. Mon petit ami semble soudainement furieux :

« - Et tu as accepté de manger avec lui ?

- Eh bien... Oui, pourquoi ?

- T'es sérieuse ?! C'est évident qu'il était entrain de te draguer ! Pourquoi tu n'as pas refusé ? Tu aurais pu manger avec tes amies, non ? »

Je ne réponds pas, soudainement triste. Il ne sait pas que je n'ai personne ici. C'est de ma faute, pour ne lui avoir rien dit. Mais je lui en veux quand même un peu. J'aimerais qu'il se rende compte que je ne vais pas aussi bien que ce que je dis... Face à mon silence, il soupire :

« - Excuse moi... Je me suis énervé pour rien... C'est juste que... Tu es si loin de moi... J'ai peur de te perdre à tout moment... »

Mon cœur s'accélère à nouveau. Je suis vraiment une imbécile... Il lui suffit de quelques mots pour que j'oublie que je lui en veux. Inconsciemment, je souris.

« - Moi aussi, j'ai peur de te perdre. Mais je te fais confiance. Alors est-ce que tu pourrais en faire autant ? Et puis, si ça ne te plaît pas, il suffit de me le dire. Je ne mangerais plus avec lui. De toute façon, je ne comptais pas lui reparler. Donc ne t'inquiète pas, d'accord ?

- Aaah... Je ne sais pas comment j'ai fait pour avoir une petite amie aussi géniale que toi... J'ai vraiment de la chance. Dis, tu rentres pendant les vacances ? »

Cette fois encore, je ne réponds pas. Il comprend de suite :

« - Tes parents sont en déplacement, c'est ça ?

- Comment tu as su ?

- Je te connais par cœur. C'est pas grave, on se retrouvera plus tard. Même si je t'avoue que j'ai terriblement envie de te serre contre moi pour ne plus jamais te lâcher. »

Je pouffe doucement. Il murmure :

« - Je t'aime. »

Un frisson parcourt tout mon corps. Timidement, je réponds :

« - Moi aussi, je t'aime... »

Are you mine ? - Baji x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant