Chapitre 2

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 Deux semaines. Je suis dans ce lycée depuis deux semaines et rien n'a changé. Personne ne me parle. Le seule point positif, c'est que le temps est doux, ce qui me permet de manger mon bento dehors, profitant du soleil. Mais le reste de ma vie est un enfer. Je me dispute tout le temps avec mes parents, qui ne cessent de répéter que je ne fais aucun effort pour m'adapter. Aujourd'hui encore, je me suis pris le bec avec eux. Et me voilà donc dehors, perdue au milieu de nulle part. Comparé à mon village natal, Tokyo est immense. Et si il était impossible de se perdre chez moi, ce n'est pas le cas ici. Heureusement, j'ai de la connexion. Je mets en marche mon GPS et suis l'itinéraire. C'est si bizarre, de ne même pas connaître le chemin de sa propre maison... Avant, je trouvais ça réconfortant de me balader la nuit. Mais maintenant, dans une si grande cité qui m'est inconnue, je me sens à l'étroit, comme si mon espace de vie se limitait à la maison et le lycée. Je marche à travers un parc, lorsque je remarque un groupement de personne vêtue de noir. C'est un genre de secte ? Comme dans les documentaires ? Je tente de partir discrètement mais mon GPS me trahis :

''PRENEZ A DROITE A LA PROCHAINE INTERSECTION''

Je me fige, baissant frénétiquement le volume de mon portable. Mais c'est trop tard. Je suis déjà encerclée par une bande de garçon à l'air pas vraiment aimable. En les voyant de plus près, je remarque qu'ils ont des cicatrices et des tatouages. Mon sang ne fait qu'un tour. C'est un gang, aucun doute là dessus... Je n'ai aucune porte de sortie. Un type avec un dragon sur le crâne me demande :

« - T'es qui ? Qu'est-ce que tu fous là ? »

Mes genoux tremblent légèrement. Mais ce n'est pas le moment de se démonter. Je déglutis avant de répondre, d'une voix mal assurée :

« - Je... »

Est-ce vraiment une bonne idée de leur donner mon nom ? Le type hausse un sourcil, attendant la suite. Je reprends :

« - Je me suis perdue. J'ai mis mon GPS pour retourner chez moi et... ça m'a amené ici. »

Le géant me fixe, puis se tourne vers un autre garçon, plus petit avec de long cheveux blond :

« - Qu'est-ce qu'on fait ?

- Elle a dit qu'elle s'était perdue, non ? Alors c'est bon. »

Ils me font signe de partir. Je ne me fais pas prier et prends mes jambes à mon cou, le cœur battant. C'est quoi, cette ville de fou ?

***

Le professeur arrive, aussi détestable que d'habitude. Il pose son sac sur le bureau, avant de dire lentement, comme si il se préparait au pire :

« - Aujourd'hui, nous allons faire des travaux de groupe. »

Les élèves prennent alors un air surexcité, cherchant du regard leurs partenaires pour former les groupes d'un signe de tête. Pas moi. Je n'ai personne à regarder, j'irais dans un groupe au hasard. Le professeur enchaîne, d'une voix lasse :

« - C'est moi qui choisirait les groupes. »

Il vient de dire la phrase magique. Celle qui déclenche l'apocalypse. Des protestations s'élèvent dans la salle, les élèves se plaignent, lâchent de longs râles et demandent au professeur de revoir son idée. Mais essayer de faire changer d'avis à cet homme, c'est comme défier un champion de boxe sans le moindre entraînement. C'est un combat perdu d'avance. Il note les groupes aux tableaux, ignorant le brouhaha. Je rassemble mes affaires et change de place silencieusement, suivant le mouvement lent de mes camarades. Nous sommes le seul groupe de trois. Super... Je regarde mes camarades de table. La première personne sur laquelle j'arrête mon attention est juste en face de moi. C'est une fille avec de beaux cheveux soyeux. Elle a fait une décoloration, qui lui va extrêmement bien. Un maquillage fin et maîtrisé sublime son visage délicat. En bref, c'est un joli minois, très certainement populaire. Des filles comme ça, il y en a deux types : celles qui sont aussi belle à l'intérieur qu'à l'extérieur et les pouffiasses. Je la regarde noter son nom sur la copie. Elle me tend ensuite la feuille avec désinvolture puis commence à se faire discrètement une manucure, ajoutant qu'elle compte sur nous pour avoir une bonne note et qu'on a intérêt à bien faire le travail. Ok, c'est donc une pouffiasse... Je détourne mon attention vers l'autre personne. Un garçon avec d'épaisses lunettes opaques, de longs cheveux noirs rassemblés en une queue de cheval, une présence quasi imperceptible... Avec un peu de chance, je vais pouvoir faire un travail de groupe avec quelqu'un. Une fois mon nom inscrit sur la feuille, je la lui passe. Il écrit son nom puis on commence à lire le sujet. Je lui jette un coup d'œil et demande :

« - T'en pense quoi ? Tu veux traiter le sujet comment ? »

Il lève la tête vers moi et répond :

« - C'est à dire... J'ai pas vraiment compris la question... »

Je soupire. Pas besoin d'en dire plus, je ne suis définitivement pas aidée... Je réplique :

« - C'est bon, j'ai compris. Te fatigue pas. »

Je prends la feuille et commence l'exercice. J'ai horreur de ça mais, d'un autre côté, si je me ramasse une sale note, je vais me faire tuer par mes parents. Et peu importe que ce soit un travail de groupe ou non. Si j'ai un mauvais résultat, ce sera de ma faute. Je ne suis pas ce qu'on appelle un génie ou un bon élève, mais en général, j'arrive à obtenir des notes pas trop dégueux. Je n'en demande pas plus en temps normal mais cette année, c'est différent. Si je veux partir d'ici, il faut que j'ai des notes en béton pour être sûre de pouvoir aller dans la fac que je veux, sans que mes parents ne puissent rien me dire. Je remplie la fiche, répondant aux questions les unes après les autres. Le professeur passe, nous demande si tout va bien, puis part. Non mais quel connard ! Il voit pas que je suis la seule à bosser ? Heureusement que tout les profs sont pas comme ça, sinon, je péterais un câble. Ce prof là, c'est une vraie plaie. Je termine quelques minutes avant la fin du cours et soupire. J'ai la flemme de relire mes réponses. Et puis, c'est un travail de groupe, donc le coefficient sera assez faible. Je range mes affaires et sors de la classe lorsque la sonnerie retentit.

Are you mine ? - Baji x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant