Chapitre 16

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 Les yeux gonflées, le nez coulant, je regarde avec un air morose mes amies. Emma me sourit avec un petit air désolé :

« - On pensait vraiment que ça allait marcher...

- Une réussite.

- Oh, aller ! Faut pas te laisser abattre pour si peu !

- Je veux plus jamais le croiser. »

Hinata dit en riant :

« - Bah ça va être difficile, vu qu'on reprend les cours dans une semaine ! »

Emma la fusille du regard puis se tourne vers moi :

« - Tu verras, tout se passera bien. Et puis, ce serait vraiment pas de bol que tu sois dans la même classe que lui, pas vrai ? »

***

Chifuyu tente de se retenir de rire, les larmes aux yeux tant l'effort semble difficile. Je suis à deux doigts de penser qu'un mauvais esprit me veut du mal. Je suis dans la même classe que le blond, qui lui même est dans la même classe que Baji. Note à moi-même : quand Emma dit ''ce serait vraiment pas de bol que...'', il y a 100 % de chance que le malheur ait lieu. Je regarde Chifuyu, qui a finalement abandonné et rit à gorge déployé :

« - Hey, tu sais quand est-ce qu'il arrive ?

- Qui ça ?

- Tu sais très bien de qui je parle. »

Le blond essuie une larme aux coin de son œil et hausse les épaules :

« - Il a dit qu'il serait un peu juste, niveau temps.

- Je vois. Bon, je vais dans la classe.

- Tu l'attends pas ? »

Il me regarde avec un grand sourire moqueur. Je fronce les sourcils et vais dans la classe. Bien que la malchance semble me poursuivre, au moins, je ne suis pas à côté de lui. Seule bonne nouvelle de la journée, visiblement...

***

J'ai l'impression d'être revenue un an en arrière... Emma et Hinata n'étant pas dans le même lycée que moi, je me retrouve seule pour la pause du midi. Alors que je sors mon bento de mon sac, une fille s'approche de moi, l'air légèrement gênée :

« - Hum... Salut... ! Je... Je m'appelle Kanna et... On se connaît pas mais je me disais qu'on pourrait manger ensemble ! Enfin, si ça te dérange pas bien sûr ! »

Je la fixe un moment. Sa tête ne me dit rien. Elle ne devait pas être dans ma classe l'année dernière. Je souris :

« - Je veux bien mais je ne mange pas à la cantine. »

Je pointe du doigts mon bento. Ses yeux s'illuminent tandis qu'elle répond :

« - Moi non plus, c'est pour ça que je suis venue te demander. »

Elle sort alors de son sac un sachet, vraisemblablement empli de nourriture. Surprise, je hausse un sourcil :

« - Comment ça se fait que tu ais de quoi manger ?

- Oh, eh bien... J'ai été transférée ici cette année.

- Tu ne viens pas de Tokyo ? »

Elle secoue négativement la tête. Je souris, lui expliquant que moi aussi, je suis originaire de la périphérie. Nous nous mettons à discuter et je me rends compte qu'elle aussi a un peu le mal du pays. La pause se termine en un clin d'oeil.

***

Je retiens un long soupir. Le professeur vient de nous annoncer que nous allions faire un travail par groupe de trois ou quatre... Super... Je sens le regard insistant de Chifuyu. Je l'évite du mieux que je peux, mais je vois du coin de l'oeil son sourire. Il ne va pas lâcher l'affaire comme ça. Lorsque le prof nous demande de nous mettre par groupe, je n'ai même pas le temps de fuir, le blond est déjà devant ma table, un sourire mesquin aux lèvres :

« - Tu comptais quand même pas faire un travail de groupe sans nous ? On change pas une équipe qui gagne. »

Je hausse un sourcil et réplique :

« - Je me tape tout le boulot à chaque fois. Je suis pas sûre qu'on puisse appeler ça du travail d'équipe. »

Il ne se démonte pas, riant :

« - Tu verras, on va t'aider cette fois ! »

Il se tourne vers l'autre bout de la classe et lâche :

« - Baji ! Tu viens, oui ? »

Le brun traîne les pieds, évitant mon regard. Je fais de même. Putain, Chifuyu, tu vois pas que l'ambiance est super pesante ? La fille avec qui je mange s'approche de moi, un peu hésitante :

« - Je... Je peux venir avec vous ?

- Ouais, pas de soucis ! Répond le blond en souriant. »

Nous voilà donc, tout les quatre, à faire un travail de groupe. C'est n'importe quoi. Baji me lâche soudainement :

« - Tu manges plus avec nous ces temps-ci. »

Kanna semble un peu surprise mais ne dit rien, sûrement gênée. Je fusille du regard le brun et réplique :

« - Tu sais très bien pourquoi. Pour une fois, on peut pas vraiment dire que ce soit de ma faute.

- Ah ? Parce que c'est la mienne peut-être ? »

L'ambiance est de plus en plus tendue. Chifuyu essaie de changer de sujet mais son ami le coupe :

« - Laisse Chifuyu. Faut qu'on règle ce problème. »

Je ricane amèrement :

« - Oh parce que tu as décidé d'arrêter de fermer les yeux sur ce qui ne va pas ? »

Il serre les dents avant de répliquer :

« - C'est vraiment comme ça que tu le prends ?

- Et tu voudrais que je le prenne comment ? Tu m'as laissé comme ça, sans rien dire. Tu m'as plus adresser la parole et maintenant, tu veux régler le problème ?

- Peut-être que j'ai pas pu t'adresser la parole parce que tu me fuyais comme la peste ? »

Il marque un point. Pourtant, je réplique :

« - En même temps, si tu te comportais pas comme un connard, ça irait mieux.

- Parce que je me comporte comme un connard, maintenant ?! »

Il semble furieux. Je serre les poings. Kanna semble le remarquer, puisqu'elle me dit, affolée :

« - Tu vas pas frapper quelqu'un avec des lunettes quand même... ? »

Je la fixe un moment. Non seulement il ne me viendrait jamais à l'idée de frapper quelqu'un, mais en plus, le fait qu'elle catégorise Baji comme personne portant des lunettes me semble totalement ridicule. Mais après tout, elle ne sait pas que c'est juste un costume. Sauf que sa remarque est tellement en décaler par rapport à la situation que aucun de nous trois ne peut s'empêcher de partir dans un fou rire. Que ce soit Baji, Chifuyu ou moi, nous sommes tous étaler sur la table, pleurant de rire tellement l'idée nous semble ridicule. Kanna nous fixe, perdue, ne sachant pas du tout quoi dire. On reprend notre souffle, difficilement, puis je lui dis entre deux inspirations :

« - T'inquiète, je frappe pas les personnes à lunettes. »

Chifuyu manque de repartir dans un fou rire. Une fois notre respiration stable, on se rend compte que le professeur nous fusille du regard. Le blond murmure :

« - Je propose qu'on se mette au travail et qu'on termine cette discussion plus tard. »

On acquiesce comme une seule personne avant de se pencher sur le sujet.

Are you mine ? - Baji x readerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant