Chifuyu me fait signe de le suivre. On traverse le lycée avant de s'arrêter dans un coin calme. Là, il se tourne vers moi et me demande :
« - T'as pas remarqué quelque chose d'anormal chez Baji ?
- Ah ! Toi aussi, tu l'as vu ! Depuis le pique-nique, il est trop bizarre ! »
Il hoche silencieusement la tête, en profonde réflexion. Il soupire :
« - Je sais pas comment faire pour l'aider. Il veut pas en parler, et à chaque fois que je lui pose des questions, il m'envoie bouler.
- En même temps, sans vouloir te vexer, je pense qu'il aura plus de facilité à en parler avec Mickey et Draken. »
Le blond fronce les sourcils, visiblement pas ravi de ma remarque. Il acquiesce à contre cœur :
« - C'est vrai qu'il a passé son enfance avec eux. Mais j'ai aucun moyen de les contacter, moi.
- Aaah... Y a vraiment que Baji qui compte à tes yeux... T'as pensé à te faire des amis, récemment ?
- Venant de toi, je trouve ça un peu gros.
- Sauf que moi, je peux les contacter. »
Il me fixe avec de grands yeux avant de demander :
« - T'as les numéros de Mickey et Draken ?!
- Non.
- J'me disais bien aussi. C'était bizarre que tu serves à quelque chose.
- Eh oh ! Oh ! Eh ! Vas-y mollo ! J'ai quand même un moyen de les contacter, même sans leurs numéros.
- Ah ouais ? Lequel ? »
Je souris avant de dire fièrement :
« - Emma !
- Emma ?
- Ouais ! C'est la sœur de Mickey et la petite amie de Draken. Elle a donc forcément leurs numéros ! J'ai juste à leur faire passer le message !
- Quel message ? »
C'était pas la voix de Chifuyu... Je me tourne pour me retrouver nez à nez avec Baji. Il fronce les sourcils avant de répéter :
« - Quel message ? Si tu veux leur dire un truc, tu peux aussi passer par moi. »
Je reste muette. Qu'est-ce que je vais bien pouvoir lui sortir comme excuse pour que ça marche ? Chifuyu réplique, très calme :
« - On peut pas passer par toi.
- Et pourquoi ? J'ai leur numéro à tous les deux. Et vous avez mon numéro. Je vois pas où est le problème.
- Le problème, c'est qu'on t'organise une fête surprise et... »
Il fait de grands yeux, comme si il venait de dire un truc qu'il ne fallait pas dire. Eh ben... Il aurait mieux fait d'être acteur. Je soupire :
« - Bien joué, maintenant il est au courant. »
Baji fronce encore plus les sourcils, ce que je pensais impossible, avant de demander :
« - Vous allez m'organiser une fête surprise ? »
On ne répond pas. Je jette un regard affolé à Chifuyu. On a aucune raison de lui organiser une fête. C'est bidon, il va forcément s'en rendre compte. Au lieu de quoi, Baji arbore soudain un immense sourire :
« - Eh ! C'est cool ça. Merci les gars ! Promis, je dirais rien à Baji ! »
Il me fait un clin d'oeil, faisant certainement référence au moment où je croyais qu'il avait un frère. Puis il s'en va, tranquillement. Je me tourne lentement vers Chifuyu et on lâche un long soupire de soulagement. On se met d'accord pour que j'envoie un message à Emma ce soir, histoire que les autres soient au courant le plus vite possible.
***
Je claque la porte de ma maison et cours le plus vite possible. Mon père me hurle quelque chose mais je suis déjà hors de portée. La raison de notre nouvelle discorde familiale ? J'étais censé rentrer voir mes amis pendant les vacances, mes parents avaient donné leur accord, ils viennent de changer d'avis. Je les déteste ! Je m'arrête, essoufflée. Des larmes commence à couler le long de mes joues. Je les essuie d'un revers de main et lance un appel téléphonique. Je tombe sur la messagerie. Mais j'ai besoin d'entendre sa voix. Je relance l'appel. De nouveau la messagerie. Je me laisse tomber sur un banc et me prend la tête entre les mains. La colère implose en moi. J'enrage. J'ai envie de hurler, de tout détruire. Quelqu'un pose sa main sur mon épaule et demande :
« - Hey ? Ça va ? »
Je lève les yeux et croise le doux regard ambré de Baji. Il semble surpris puis rit :
« - Moi qui pensais que tu pleurais ! On dirait que tu vas égorger quelqu'un ! »
Son rire est communicatif. Je me détends peu à peu, réussissant même à esquisser un sourire. Il s'assoit à côté de moi et me tends une cannette. Je la prend et demande :
« - T'en veux pas ? »
Il me montre alors une autre cannette, dans son autre main, avant de dire :
« - Je l'avais acheté pour Chifuyu mais bon. Il boira ses larmes. »
Je hausse un sourcil en souriant :
« - C'est terriblement méchant, ça.
- C'est pas moi qui vais boire sa cannette. »
Je ris, bois puis soupire :
« - Merci...
- De quoi ?
- D'être là. »
Il semble perplexe puis demande :
« - Tu veux en parler ? De ce qui t'as foutu en rogne, je veux dire. Pas de soulagement sur le fait que j'existe. »
Je souffle en souriant puis regarde le ciel :
« - Je devais aller voir mes potes pendant ces vacances mais... Bah, ça se fera pas. Mes parents m'avaient pourtant donné leur parole... Franchement, c'est nul. Elles vont être claqués au sol, ces vacances.
- Attends, t'es vénère pour si peu ? »
Je le fusille du regard tandis qu'il réplique :
« - T'as des potes ici aussi, non ? Si c'est que ça, je préviens tout le monde et sortira tout les jours. Y aura pas un moment où tu seras seule. On sera tellement avec toi que t'en oubliera même la signification du mot solitude. On fera en sorte que ces vacances soient les meilleures de toute ta vie. Alors te mine pas pour si peu. »
Je ne sais pas quoi répondre. C'est... Trop pour moi. Je ne sais pas pourquoi, mais ses paroles, aussi enfantines soient-elles, m'ont profondément touchée. Peut-être que c'est ce genre de parole que j'attendais depuis le début sans le savoir. Émue, je murmure :
« - Merci...
- D'être là ? »
Je le regarde et ris :
« - Ouais, merci d'être là quand j'en ai vraiment besoin. »
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Are you mine ? - Baji x reader
FanfictionTokyo. Je ne voulais pas venir ici. J'ai passé mon enfance dans la campagne japonaise, grandissant avec mes amis et ma famille. Me voilà maintenant loin de tout, dans cette immense ville bruyante. Deux ans. Je n'y resterais que deux ans. Après quoi...