Chapitre 18 : Manjiro Sano

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Manjiro Sano ne perdait pas espoir, il savait parfaitement dans quel état il était capable de se mettre lorsqu'il se sentait seul et vide; cela faisait un moment qu'il se donnait à fond pour contenir sa haine à l'intérieur de lui. Son visage était impassible et complètement illisible. Il préférait renvoyer de lui l'image d'un juge tout à fait remarquable de par ses services éminents.
Lorsqu'il était plus jeune, le garçon était toujours accompagné d'un second petit homme, ils avaient eu le temps de grandir ensemble jusqu'à ce que la justice ne les sépare. Ils avaient forcément commis une erreur, Manjiro était même certain qu'ils faisaient fausse route; Ryuguji Ken n'avait tué personne. Il n'avait absolument pas besoin de lui poser la question pour le savoir.

Lorsque Mikey avait entendu la nouvelle pour la première fois, il n'avait pas trop su comment réagir et n'avait fait que répliquer qu'il dévoilerait un jour ou l'autre la vérité au grand public. Bien entendu, les forces de l'ordre avaient acquiescé, le prenant pour un gamin capricieux qui essayait de défendre son plus fidèle compagnon. À l'époque même, Ken avait passé quelques années au centre pour mineur avant d'être réorienté dans un milieu pour adulte; placé durement en cellule comme un vulgaire objet. Manjiro avait longuement été privé de le voir car les visites lui avait été refusé à cette période, sous prétexte qu'il n'inspirait pas confiance à l'un des policiers.

Le juge Sano comme on le connaissait si bien, se retrouvait installé sur le sol de sa chambre en position étoile de mer, se repassant en boucle les épisodes les plus ardu de sa vie. La veille au soir, il se souvenait avoir été subitement secoué par sa sœur Emma Sano alors que cette dernière, très enthousiaste l'avait averti à propos du retour tant attendu du courant dans toute la ville. Cette nouvelle avait bien entendu alerté le jeune blond qui n'avait pu s'empêcher de songer à tout le travail qui l'attendait; au tribunal, ses collègues et lui s'étaient mis d'accord à propos du fait que le procès interminable du grand Hanma Shuji reprendrait dès lors les tournages télévisé pourraient de nouveau fonctionner comme il se devait. Il y'avait donc dans cela du bon comme du mauvais. En tant que juge, il se demandait toujours pourquoi est-ce que Kokonoi tenait à écouter cette réclamation sans fond. Il avait plusieurs fois tenté de jouer le jeu et se fier à la parole de son associé, toutefois Manjiro avait une façon de fonctionner qui pouvait se différer à celle d'autres juges. Malgré le fait qu'il ne tenait pas en rigueur les règles habituellement obligatoires de son rôle, le jeune homme tenait à faire les bons choix d'une façon qu'il jugeait de logique. Si il était persuadé en avoir suffisamment entendu, et bien il ne cherchait pas à aller plus loin. On lui avait plusieurs fois reproché d'être lamentable mais il s'en fichait royalement. Mikey avait ses propres principes et ses valeurs personnelles.

Ignorant son ventre qui lui criait famine depuis quelques heures maintenant, le garçon se fit ramener à la réalité une troisième fois par sa très chère sœur Emma.

- Mikey, tu ne peux pas simplement rester parterre, tu vas finir par être en retard au travail, je t'ai préparé des œufs.

L'intéressé ouvrit les yeux en grands après avoir passé la moitié de son temps les paupières à demi closes. Certes, son travail l'agaçait et il n'avait absolument pas envie d'y aller, mais si ce n'était pas lui, qui le ferait pour Draken? Il devait impérativement se reprendre en main afin de ne pas faire trop ressortir son côté sensible au grand public. Emma en avait déjà trop vue et ce beaucoup plus que prévu. Lorsque la mort de son frère lui avait été annoncé haut et fort, Manjiro avait presque perdu les pédales. Il avait eu cette sensation d'être dans un mauvais rêve éveillé dans lequel il était piégé.

Si Emma et Izana n'étaient pas là, il se serait senti pitoyable. C'est pourquoi il se sentait redevable de les avoir auprès de lui; il ne comptait pas décevoir sa fratrie. Justice serait faite pour Schinichiro également. Sans un mot pour la blonde, l'homme s'était redressé. Accoutumé d'une veste en jean blanche ouverte et d'un cargo noir, il se mit à bailler en trainant des pieds jusqu'à la cuisine, vivement suivi par sa sœur. Ses cernes lui descendait jusqu'au sommet des joues et il en avait pleinement conscience; comment pourrait-il assurer un procès avec une tête pareille ? Il y'avait également ses cheveux qui étaient en pagaille et affreusement emmêlé, Manjiro manquait cruellement de soin et cela devait changer. C'est en gagnant la pièce principale de la maisonnée qu'il partageait avec son frère et sa sœur qu'il pu retrouver Izana Kurokawa avachi sur le divan, les mains croisés sur le ventre. Une assiette vide reposait sur son torse et son visage paraissait tout aussi éreinté: lui qui d'habitude avait toujours de très grands yeux et un visage principalement expressif malgré la faible opacité de ses émotions teint sur ses traits. Le garçon à la peau mate et au cheveux aussi blanc que la neige ne gratifia pas le cadet d'un sourire en le voyant, il opta pour un faible signe de la main qui lui fut renvoyé. Il fallait se le dire, lui aussi avait été touché par la mort de leur ainé, depuis qu'ils n'étaient plus que trois, leur vie avait changé. Le défunt s'occupait d'ordinaire de tout ce qui était papiers, loyer et choses importantes concernant la maison, toutes ses responsabilités revenait désormais à Izana qui avait vu toutes ses fonctions se bousculer au sein de la demeure, ces choses étaient encore nouvelles pour lui et il avait à s'adapter aux besoins fondamentaux de sa famille et leur logement. 

L'accusé ! Où les histoires vivent. Découvrez maintenant