Chapitre 16 : Discernement.

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Chapitre 16.2 : Discernement.

                       — Tu lui as dit que nous allions nous marier ?! s'écria Julia, se levant de sa chaise de bureau pour observer Henri, dont le visage affichait une grimace contrite.

— Oui, mais... commença-t-il, interrompu par Julia.

— Je souhaitais que nous le lui annoncions ensemble. Que n'as-tu pas compris dans "ensemble"?! De surcroît, ce n'était pas le moment opportun, Henri ! Tu en es conscient, n'est-ce pas ? poursuivit elle, son ton empreint de frustration et de colère.

Le jeune homme ferma ses beaux yeux bleus dans une nouvelle grimace, ayant visiblement anticipé la réaction de sa compagne. Julia contourna son propre bureau pour se placer debout devant Henri, le surplombant alors qu'il était assis sur une chaise de l'autre côté. Il pouvait voir une rougeur montante parsemer son cou et le haut de sa poitrine, un signe de colère qu'Henri arrivait maintenant facilement à identifier. 

— Julia... Sa seigneurie m'a reproché d'avoir contribué à la destruction de sa famille. Tu te rends compte ?! Nous n'y sommes pourtant pour rien. Je pensais que lui annoncer notre intention de nous marier lui ferait comprendre que nous ne sommes aucunement responsables de tout cela. Nous aspirons simplement à être heureux tous les deux. Nous ne sommes pas responsables des actions de Monsieur Charles et de Madame la Duchesse...

— Je le sais bien, Henri. Mais si nous souhaitons continuer à travailler tout en étant mariés, je doute que cette démarche était la plus appropriée, répondit-elle, marquant une pause.

Un silence pesant s'installa et Henri porta son regard vers la porte fermée du bureau avant de se recentrer sur la silhouette de Julia. Il observa sa taille fine et ses mains posées délicatement sur sa robe.

— Je te demande pardon, Julia. Je n'ai pas voulu causer de problèmes, je te le promets, s'excusa-t-il humblement.

— Je le sais, Henri...

Elle s'approcha de lui et passa doucement ses mains dans ses cheveux, les caressant et enlevant par inadvertance la cire qu'il avait appliquée pour les discipliner comme à son habitude. Mais ce n'était pas grave, car il était déjà tard après le dîner et ils allaient bientôt regagner leurs quartiers respectifs. Cette fois-ci, Henri n'avait pas été appelé à rencontrer Monsieur le Duc après que Bellamy l'eut assisté. Pas après ce qui s'était passé au prix de Diane.

— Je m'inquiète pour toi, Henri, confessa-t-elle.

— Pour moi ? s'étonna-t-il.

— Oui... Ici... Je me sens bien, mais c'est grâce à ta présence. Pour moi, il importe peu si nous ne pouvons plus travailler ici. Tant que tu es là, je me sentirai bien, que ce soit ici ou ailleurs. Je suis arrivée récemment et, pour être franche, je n'ai pas vraiment d'amis. Les domestiques sont aimables, ils m'apprécient et je les apprécie en retour, mais cela s'arrête là. En revanche, toi... Si nous devions partir, cet endroit représente toute ta vie.

— Mais Julia, peu importe où nous irons, je serai bien tant que je suis avec toi également, déclara-t-il avec sincérité.

Julia arqua un sourcil, leurs regards se croisant alors qu'elle continuait à jouer avec ses cheveux.

— Ce qui m'importe, c'est ton bonheur, peu importe où nous serons. Tu m'as transformé. Je ne suis plus cet homme confiné dans sa zone de confort, rigide, sérieux, uniquement préoccupé par les convenances et le bien-être d'une famille qui refuse même de reconnaître quelque chose d'aussi simple que notre amour.

— Ce sont des gens respectables, Henri. Cela, je ne veux pas que tu en doutes. Je reconnais que, au début, je n'étais pas d'accord avec cela, mais je me suis trompée et...

Révérences et Révoltes [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant