Chapitre 16 : Discernement.

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Chapitre 16.1 : Discernement.

              Charles était assis sur son lit, observant Eléonore arpenter sa chambre d'un pas agité. Lui-même demeurait imperturbable, assimilant les révélations de sa sœur. Une fois arrivé au Prix de Diane avec ses parents, Charles avait décidé de repartir par ses propres moyens, ne souhaitant finalement pas assister à l'évènement, au grand dam de son père. Pourtant, il se sentait comme engourdi, poursuivant ses jours comme s'il n'était jamais accablé par les responsabilités, à l'instar de son géniteur.

Il semblerait pourtant que le prix de Diane ait été mouvementé. Une glaciale sensation le traversait, alors qu'il extirpait de sa poche le poudrier à teint de sa mère, esquissant un sourire à la pensée subite de Julia Leclaircie.

— Charles, que devons nous faire ?

Il releva la tête vers sa sœur, dont les cheveux étaient légèrement en désordre, le visage marqué par l'effroi.

— Quelles sont tes suggestions ?

— Tu sembles insensible à cela. Etais tu au courant que mère était éprise de Monsieur Deveau ? Ou n'avais tu rien remarqué ?

— Non..., soupira Charles, examinant toujours le poudrier dans ses mains. Une autre affaire.

— Que veux tu dire ?

— Rien qui ne mérite ton inquiétude.

Eléonore soupira, contournant le lit pour finalement s'installer à côté de Charles.

— Qu'est-ce cela ?

— Le poudrier de maman.

— Le poudrier à teint ?

— Exactement.

Un silence s'ensuivit, durant lequel frère et sœur observèrent le petit étui en argent.

— Pourquoi es tu en sa possession ?

— Julia me l'a remis...

— Julia ? s'étonna immédiatement Eléonore en entendant son frère évoquer le prénom de la gouvernante de Chantilly de façon si familière.

Charles leva les yeux vers sa sœur, un sourire triste éclairant son visage. Un voile de perplexité s'effaça soudainement des yeux d'Eléonore.

— J'ai confessé à père être épris de Julia.

— Mais...

— Ne te tourmente pas. Elle m'a rejeté. Il semble qu'elle préfère également Henri, n'est-ce pas ? soupira t'il. Cet homme m'exaspère.

Sans voix, Eléonore continua de l'observer avec tristesse.

— Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ?

— Comme tu me parles de tes relations extraconjugales, tu veux dire ?

Un rougissement éclaira tout le visage de sa sœur alors qu'elle baissait la tête, sous le choc.

— Ne t'en fais pas. Je ne te juge pas. Octave est un homme ennuyeux à mourir.

Eléonore ne put s'empêcher de rire au commentaire de son frère, son embarras se dissipant, et Charles la rejoignit dans son hilarité. Pour la première fois, il se sentait léger. Cela faisait si longtemps que sa sœur et lui n'avaient pas pu seulement discuter en tête-à-tête. Ils avaient toujours été si proches.

— Je sais que je ne devrais pas te dire ça, mais... tu me manques, Eléonore. Je ne devrais pas agir ainsi et être jaloux de ton bonheur. Même si "bonheur" n'est pas vraiment le terme adéquat.

— Non, c'est sûr, répondit sa sœur d'une voix douce.

— Notre famille est malheureuse, n'est-ce pas ? Des parents qui ne s'aiment plus. Un frère amoureux d'une femme qui ne l'aime pas en retour et une sœur mariée par intérêt.

— Oui... j'ai du mal à croire que mère et père ne t'aient rien dit concernant ton amour pour Mademoiselle Leclaircie.

— Mère ne le sait pas et... j'imagine que père savait déjà que jamais Julia Leclaircie ne retournerait mes sentiments. J'ai bêtement cru que...

— Qu'elle aurait accepté par intérêt ? termina Eléonore.

— Oui. Mais je ne pense pas que c'est ce que j'aurais voulu. Même j'en suis sûr. C'est ce qui fait que je l'aime encore plus et que je me sens encore plus seul et mal.

— Je suis navrée, Charles.

Se penchant vers son frère, passant un bras autour de ses épaules et posant sa tête sur son épaule, ils restèrent ainsi durant plusieurs minutes, dans un silence réconfortant.

— Peut-être que cet étui est la solution, parla soudainement Charles, brisant le léger silence.

— Que veux tu dire ?

— Julia pense qu'il pourrait s'agir d'un poison. Je vais la remettre à un ami et j'attendrai une réponse.

— Un poison ? Mais en quoi cela pourrait-il aider notre famille ?

— Si Julia a raison, cela pourrait expliquer l'enfant mort-né de nos parents. Je pense que la racine du problème réside ici.

Eléonore resta dubitative, complètement perdue face aux paroles de son très cher frère.

— Mais si ce que prétend Julia est vrai, comment cette poudre se serait elle retrouvée en possession de notre mère ?

— Je... Je t'en parlerai plus tard. Ne t'inquiète pas. Laisse moi gérer cela, sourit Charles, ne voulant pas révéler l'éventuelle implication d'Octave Duval dans cette affaire sordide. 

« « Je suis navrée, Charles

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Révérences et Révoltes [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant