Chapitre 19.2 : Entente.
Henri avait souri avec une pointe de fierté à Monsieur De Villiers alors qu'il était venu lui rendre visite, lui parlant de plusieurs choses, après l'avoir remercié plus d'une fois d'avoir "sauvé son fils", selon ses propres termes.
Alors oui, cela aurait pu vraiment mal tourner. Il aurait pu avoir de graves séquelles, voire ne pas s'en sortir du tout. Et en se réveillant, en voyant le visage effrayé, fatigué et blafard de Julia, il ne se serait jamais pardonné de l'avoir laissée seule ou de lui imposer une vie avec un infirme... Car il savait avec certitude que même handicapée, elle ne l'aurait jamais abandonné.
Pourtant, lorsqu'il s'était interposé entre Charles De Villiers et Octave Duval, c'était plus un élan qu'une action en rapport avec une quelconque loyauté envers la famille. Alors oui, au départ, il s'était discrètement rendu aux écuries pour surveiller les arrières de Monsieur Charles, par loyauté, par habitude, mais il n'aurait jamais pensé que les choses iraient aussi loin. Pourtant, pendant toute la conversation qu'il avait suivie de près, caché derrière un arbre, il n'avait cessé de penser à Julia, qui l'avait prévenu de ce qu'elle avait découvert, mais qu'il n'avait pas pris au sérieux. Et quand le Comte avait pointé son arme sur Charles, un élan l'avait traversé. Une personne était en danger, et il pouvait faire quelque chose.
Les deux hommes, Edouard De Villiers et Henri, s'étaient regarder, une compréhension réciproque évidente, retrouvant enfin une connexion qui semblait s'être estompée depuis un certain temps. Bien que certains mots et actions demeureraient inoubliables, l'essentiel était de progresser. Pour Henri, la permission de travailler tout en étant marié représentait une réparation suffisante pour les erreurs passées. De même, pour la famille De Villiers, la découverte d'un complot odieux et le sacrifice de Henri en recevant une balle en protégeant un membre de la famille semblaient tout effacer. Quel était le but de toutes ces querelles en comparaison d'une vie perdue ? D'une personne en danger aimée par ses proches ?
Après le départ du duc, les pensées d'Henri se tournèrent de nouveau vers Julia, qui l'avait attendu fidèlement, jour et nuit, sur une chaise près de son lit. Quand il s'était enfin réveillé, elle avait fondu en larmes de soulagement, même en présence de Madame la Duchesse, qui les avait rapidement laissés seuls, esquissant un sourire timide à Henri.
Henri n'avait jamais douté que Julia serait la femme de sa vie, mais le fait de savoir qu'elle ne l'avait jamais quitté, qu'elle avait attendu son réveil avec tant d'ardeur, l'avait fait tomber encore plus amoureux d'elle, si tant est que cela fût possible... Ses magnifiques yeux verts étaient tout ce qui comptait désormais. Peu importe ce que l'avenir leur réservait, ils le traverseraient ensemble.
Le bureau d'Henri Deveau était baigné par la lumière du matin, créant des reflets dorés sur les étagères remplies de livres anciens. Henri était assis derrière son bureau, plongé dans ses pensées, lorsque la porte s'ouvrit avec précaution pour laisser entrer Charles De Villiers, le fils du duc. Surpris, Henri se leva immédiatement, ayant repris la totalité de sa forme. Il savait que Monsieur Charles était passé le voir à plusieurs reprises lorsqu'il était inconscient. C'était Julia elle-même qui le lui avait rapporté, pourtant il n'était pas revenu depuis qu'il s'était réveillé et était redescendu à l'office.
— Bonjour, Monsieur Deveau, commença Charles d'une voix formelle, refermant la porte derrière lui. Je tenais à venir vous remercier pour avoir pris cette balle pour moi.
Henri leva les yeux, rencontrant le regard de Charles. Il y vit une sincérité mêlée à une pointe d'embarras dans les yeux du jeune homme. Il ne passait pas par quatre chemins au moins.
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Révérences et Révoltes [Terminée]
Ficción históricaAu château de Chantilly en 1845, règne une atmosphère chargée de secrets et de tensions. Julia Leclaircie, la nouvelle gouvernante, ardente républicaine, débarque avec sa beauté éclatante et sa robe bleue, bravant les regards froids des domestiques...