AFFECTION [TAEKOOK]

2

Ce matin, le réveil était difficile.

Il l'était parce que je n'étais pas chez moi.

Je déteste ne pas me réveiller chez moi. Dormir chez les autres, quand ce ne sont pas mes amis les plus proches, est quelque chose que je qualifierai comme l'une des pires expériences de l'humanité.

Encore pire lorsque la soirée était alcoolisée et qu'il avait fallu décuver autre part que dans mon lit.

J'avais gémi d'inconfort en me redressant du tapis de sol sur lequel j'avais dormi. J'étais un des derniers à être réveillé.

C'est Hirono qui a organisé la soirée. Il a insisté pour que Taehyung occupe sa chambre hier, pour être plus tranquille, mais il n'est pas resté longtemps. Il n'a pas dormi ici.

Je crois qu'il est resté une heure ou deux.

La fête s'est bien passée. C'était calme, et j'ai parlé avec beaucoup de monde. Je crois avoir un peu déconstruit la fausse image que l'on a de moi.

Cependant, je n'ai pas vraiment discuté avec Taehyung. Le peu de temps où il était là, je l'ai passé à le regarder de loin. On s'est échangés quelques regards discrets qui ne voulaient pas dire grand chose.

Il n'est pas venu vers moi et je ne suis pas venu vers lui, parce qu'on ne se connaît pas assez ou tout simplement parce que me parler ne l'intéressait pas.

Tout de suite, je le regarde de loin. Il n'est pas bien différent d'hier soir, mais il paraît plus fatigué, comme si la nouvelle lui avait drainé toute l'énergie qui semblait déjà s'amenuiser avant même que des mots ne soient déposés sur son cœur fragile.

C'est étrange de se dire que derrière ses belles chemises et ses sweat à capuche se cache un cœur faible qui ne cesse de battre pour maintenir en vie un corps peut-être déjà condamné.

Hier, je l'ai entendu parler avec Hirono dans la cuisine. De ses mots, Taehyung brandissait une pancarte d'espoir quand il ne suffisait que de voir ses yeux pour comprendre que même lui n'y croyait pas tant que ça.

Je crois que lui se sait déjà résigné mais que les autres colorent son corps pâle de mensonges.

En fait, je pense que c'est pire. Je crois que Taehyung se sent résigné, et c'est pour moi encore plus effrayant.

Je ne sais pas bien ce que maman lui a dit, si elle a été douce - je l'imagine -, si elle lui a soufflé la vérité ou si elle a essayé de la retenir le plus longtemps possible.

Je sais juste qu'elle a du lui dire. Et cette vérité se dessine étrangement facilement sur la toile du corps de Taehyung.

C'est paradoxale de se dire que le garçon que l'on connaît principalement pour son bon cœur est en réalité celui qui l'a trahi.

Quel étrange concept, la trahison. Et encore plus lorsqu'il s'agit de se trahir soi-même.

C'est peut-être ce à quoi doit penser Taehyung, là maintenant, alors qu'on court autour du stade et qu'il nous regarde depuis le banc. Il fait chaud, le soleil tape. Monsieur David a insisté pour qu'il s'installe à l'ombre, au cas où.

Tout le lycée prend des précautions idiotes depuis qu'il est revenu la semaine dernière.

À sa place, j'aurai déjà pété un câble. Une semaine à me faire materner, presque courir après pour me protéger.

Tu m'étonnes qu'il se sente mourant. Tout le monde agit comme s'il était déjà mort.

« Allez, on lâche pas le rythme ! »