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Je n'ai jamais été quelqu'un d'angoissé par les hôpitaux.

Si certains ressentent l'atmosphère comme étant sombre ou anxiogène, je la trouve au contraire plus lumineuse qu'on voudrait me le faire croire.

La blancheur des murs contraste avec la noirceur des pensées des patients. Mais mon impression est biaisée, parce que je vais à l'hôpital pour aider.

Après nous être couchés, hier, Taehyung a un peu tremblé. L'hôpital l'angoisse, lui. Et c'est plus que normal, car il subit, là-bas. Il n'y va pas pour prendre soin des gens comme je le fais. Il y va pour qu'on lui répète qu'il a un problème.

Angoissé, il a réclamé que je l'enlace, murmurant des excuses pour ses mots mais aussi pour ne pas m'avoir fait plaisir comme je l'ai fait.

J'ai chassé ses excuses plus vite que je n'aurai du. Taehyung a été un peu décontenancé. Je sais que chez lui, il faut rendre ce qu'on lui donne. Seulement, il ne peut pas avoir encore compris que son corps et le mien ne fonctionnent pas de la même façon.

Mon corps réagit difficilement quand j'ai l'esprit embrumé.

Hier, il l'était. J'étais préoccupé, alors je devais rejeter mes douleurs en m'occupant de quelqu'un d'autre. C'est un devoir. Je ne peux me laisser choyer quand ma tête me hurle que quelque chose ne va pas.

C'est un automatisme, chez moi. Quand je vais mal, j'agis avec les autres comme je voudrais qu'on agisse avec moi. Ainsi, je renforce mes liens avec les autres tout en brisant encore plus le lien que j'ai avec moi-même.

Je ne sais pas pourquoi je fais ça. Je ne sais pas pourquoi je refuse catégoriquement qu'on prenne soin de moi quand j'en ai le plus besoin.

Je crois que ça doit venir du fait que j'ai toujours un peu vécu seul, à la maison. Je me suis toujours occupé de moi-même.

Je sens des doigts courir dans mes cheveux. Ils me caressent lentement, avec toute la douceur du monde.

C'est étrange cette relation que j'ai avec Taehyung. Je ne parle jamais de mes sentiments, j'agis comme il voudrait que j'agisse avec lui, et je succombe à tous ses caprices.

On me dira que c'est une relation toxique, sans doute. Mais toutes ces appellations, tous ces doutes ont-ils vraiment leur place dans notre situation ?

Aurais-je intérêt à m'imposer quand chaque jour est incertain ?

Son index glisse sur ma joue. Il se frotte doucement contre ma peau, comme si j'étais de la porcelaine et qu'il était terrifié à l'idée de me briser.

Je n'ouvre pas les yeux. Je profite de cet élan de tendresse. J'en ai besoin. J'ai passé une mauvaise nuit. J'ai un peu pleuré, serrant le corps de Taehyung contre moi de terreur, et je ne me suis pas rendormi.

Je suis allé dehors, vers trois ou quatre heures du matin. Je suis sorti par la fenêtre, j'ai marché dans le jardin à la recherche de calme, mais je n'ai rien trouvé. Alors je suis remonté me noyer dans la grosse couette de Taehyung. J'avais chaud mais froid dans la tête. Alors ces caresses matinales, je les accepte et les chéris.

Peut-être que Taehyung a été blessé que je lui refuse presque de me faire du bien, mais ce qu'il me fait là, je ne pourrai jamais lui refuser.

« Jungkook... » il murmure pour me réveiller, mais je me sens d'humeur capricieuse.

Je gémis un peu de mécontentement, les yeux toujours fermés, et tourne la tête de l'autre côté. Taehyung baisse la couette sur le bas de mon dos, dévoilant les frissons de ma peau nue.

AFFECTION [TAEKOOK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant