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QUATRE JOURS PLUS TÔT.

Il fait froid.

Noyé dans mes draps vides, même la chaleur de l'odeur de Taehyung sur le haut que je serre dans mes bras n'arrive pas à me réchauffer. Je tremble, je frisonne, et si plusieurs fois l'idée de tout envoyer valser pour courir jusqu'à l'hôpital m'a traversé l'esprit, je suis limité par la réalité.

Et cette réalité-là est dur. Quasi insurmontable.

Enfermé de l'extérieur dans ma chambre, je n'ai pas d'autres choix que d'attendre. Ma tête me hurle des mots que je n'arrive plus à ignorer.

Ce soir, je n'ai pas d'issue.

Je suis face à la vérité que j'essayais tant bien que mal de métamorphoser. Puisque jamais il ne m'est arrivé de l'énoncer dans son nom complet.

Si dans ma tête elle se transformait en étoiles, en planète ou en un vide intersidéral, il fallait bien qu'arrive un jour le moment où les métaphores perdront du sens et où je serai contraint malgré moi d'accepter ma réalité.

L'envie de mourir.

Je dirais même, s'il me fallait être honnête, le désir profond de mourir.

Ce n'est même plus une idée, une envie ou même une solution, mais un besoin. C'est un besoin si puissant, si brûlant, qu'il me ronge de l'intérieur.

Il n'arrive même plus à me rendre triste. Chaque pensée qui s'en rapproche me ravit, me remplie d'une joie inconditionnelle, puisque chaque jour qui passe me rapproche un peu plus de ce besoin primaire.

Plus je marche, plus je me détache de tout ce qui me retient.

Rien, à l'extérieur de moi, n'est assez fort que l'amour qu'elle me porte, cachée sous mon cœur.

S'il est commun pour beaucoup d'entre nous de lui donner un nom, à cette masse informe parfois humanoïde qui aspire le peu de lumière qui nous éclaire, la mienne n'en porte pas.

Elle.

C'est tout ce qu'elle est.

Je n'en suis pas amoureux ni dépendant, mais profondément jaloux. J'aimerais la suivre, elle, sans ressentir cet élan de culpabilité qui me force à m'entailler, encore et encore, jusqu'à ce que quelqu'un vienne me chercher.

J'attends, depuis maintenant huit longs jours, que cette porte s'ouvre. J'attends autre chose que de la nourriture, autre chose que des mots balancés.

J'attends qu'on m'enlève ces chaînes et qu'on me laisse le retrouver. Parce que je l'ai décidé, désormais. Je veux lui adresser des derniers mots. Il sera blessé, je le sais, mais je lui laisserai un dernier cadeau. Ce souvenir, je l'espère, le suivra longtemps.

Ce bout de moi, arraché de bon cœur à mon corps, lui conviendra plus qu'à moi. Ce que j'ai à la poitrine ne me va pas. Ce n'est pas à moi que cette masse sanglante est destinée. Dans mon corps, il ne fonctionne pas. Il n'attend que de le trouver lui pour battre à nouveau.

Mais pour cela, il me faut sortir. Il me faut quitter cette prison aussi abstraite que modulable.

Alors, de lui-même, mon corps agit. Je sors du lit, tremblant, mais résilié.

AFFECTION [TAEKOOK]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant