Vue de Giyu
J'ai mis une petite chemise bien blanche et repassée à la perfection par ma mère juste pour faire bonne impression. Nous avions tous compris que c'était un piège, mais nous avions décidé de tomber dedans, comme ça, bêtement. Enfin, c'était réfléchi, mais c'était un peu bête. Les jours sont passés si vite que je ne les ai pas vus passer, je n'ai pas eu envie de les voir passer. Mais la fin était proche et je le savais. Ce fameux repas, il tombait le 23 octobre, ce n'était pas un hasard, nous le savions tous, mais nous avions accepté notre destinée depuis le jour où nous avons accepté de passer deux heures par jour à suer comme des gros porcs juste pour développer des compétences physiques capables de terrasser Muzan, ce gros fils de pute. Je ne savais pas encore si je me sentais prêt à l'affronter, j'avais comme l'impression que Yushiro nous cachait quelque chose, le fait qu'il soit si distant avec nous et son habituel regard méfiant qui nous méprisait et nous prenait de haut.
Le soir du 22 octobre, Makomo, Sabito et moi avons décidé de faire une petite soirée-pyjama ensemble, ce qui m'arrangeait plutôt bien. Je savais que je ne devais rien dire, et je n'allais rien leur dire dans les moindres détails même si j'en mourrais d'envie. Après s'être marré devant un film dont le nom était complètement imprononçable et d'avoir échangé les derniers potins, il devait être minuit. Mes parents et ma soeur devaient déjà dormir depuis une heure ou deux.
Il ne restait que nous trois, les éternels meilleurs amis, dans la semi-obscurité de la chambre. C'était un moment assez intime, et ce blanc qui planait depuis quelques minutes ne nous gênaient pas, on avait l'habitude. Je me suis alors raclé la gorge pour briser ce silence cristallin et je me suis tourné vers eux, même si on ne voyait qu'à moitié. Je ne distinguais dans l'ombre que les contours imprécis de mes deux meilleurs amis.
-Je pars demain, ai-je simplement déclaré.
Quelques secondes de silence surpris ont suivi mon annonce, et je ne pouvais que les comprendre, dans cette état de choc soudain. Ils ont dû se regarder entre eux car j'ai vu leur tête bouger avant de se tourner de nouveau vers moi.
-Quoi... ? Comment ça, tu pars demain ? a repris Makomo d'une voix faible, n'ayant sûrement pas bien compris le sens et la lourdeur de mes mots.
-Je m'en vais, et je ne sais pas si je vais revenir... ai-je soupiré.
-Tu... Tu veux fuguer ? a marmonné Sabito, ne comprenant pas tellement.
-Non... Si je voulais fuguer, pourquoi je vous en parlerais ? me suis-je étonné.
-Peut-être parce qu'on est tes deux meilleurs amis et que tu veux qu'on te retienne ici, et c'est sûrement ce qu'on va faire si tu ne nous expliques pas tout ! a protesté Makomo qui s'était redressée d'un bond, faisant grincer le lit.
-Je... Je n'ai pas le droit de vous dire dans les détails, et je ne suis même pas censé vous dire que je vais partir demain... Mais, j'ai décidé de vous prévenir, pour que vous vous inquiétez un peu moins... Même si vous allez sûrement vous inquiéter... ai-je expliqué.
-Mais... Partir où ? Pour faire quoi ? Tu n'as pas tout ce que tu veux, ici ? s'est étonnée Makomo, qui semblait peinée. On ne te suffit pas ?
-Si, ça n'a rien à voir avec mon quotidien ! J'ai des supers potes, des incroyables meilleures amis, une petite copine d'enfer et une famille incroyablement adorable... Mais, j'ai changé, vous avez dû le voir... ai-je fini par soupirer.
-Tu... Tu es lié à... une affaire ? a demandé Sabito, les yeux comme illuminés d'un coup.
-On... On peut dire ça... ai-je balbutié. Enfin, c'est dur à expliquer...
-Giyu, on ne va pas s'attarder sur le sujet, m'a alors coupé Sabito, on a compris que tu as ton petit jardin secret et si tu n'as pas le droit ou le courage de nous expliquer la raison de ton départ demain, alors je respecte ton choix. Honnêtement, au début, j'étais un peu vexé, on s'est toujours dit tout tous les trois, mais j'ai fini par comprendre que, même si nous avons tous les trois un lien très fort, il y a des secrets qu'on doit garder pour soi... Au fur et à mesure de l'année, j'ai cru à plusieurs reprises te perdre, tu changeais tellement et tu as terriblement beaucoup changé, mais ce n'est pas négatif ! J'avais un peu peur de toi, je ne savais pas comment t'aider, tu ne disais rien et j'avais peur de t'approcher quand tu étais à moitié en dépression et que j'avais peur que tu m'envoies balader... On a recommencé à enfin s'apprécier de nouveau comme avant et c'était un soulagement pour moi ! Je pensais que tout ce changement était lié à Shinobu, avec votre relation qui a été longtemps un secret, visiblement... Même si je ne me permets pas juger, attention ! Mais... J'aimerais que tu saches que je serai toujours là pour toi, que ça aille bien ou que ça n'aille pas, et que j'irai défoncer les gens qui osent faire du mal à une personne en or comme toi. Je ne sais pas pourquoi tu dois partir demain et honnêtement, je ne sais même pas si j'ai envie de savoir, ça ne concerne que toi et d'autres personnes que je ne dois sûrement pas connaître... Alors, va, pars le temps dont tu as besoin de partir pour faire ce que tu as à faire... J'espère juste que tu reviendras, un jour ou l'autre, ou alors que tu daigneras donner une nouvelle, un quelconque mot qui prouve que tu es encore en vie. Je suis désolé, c'est un discours un peu brouillon, mais ton annonce m'a un peu pris de cours... Bref, sache que je crois en toi et que j'espère que tu accompliras ce que tu as à faire là-bas, là où tu dois t'enfuir...
Son petit discours m'a beaucoup touché, et nous nous sommes faits un câlin tous les deux avant que Makomo ne s'incruste pour ne pas être là, toute seule comme une conne à nous observer dans cette semi-obscurité rassurante.
Enfin, après quelques minutes entre les larmes et les corps chauds de mes meilleurs amis, nous avons mis fin à notre étreinte pour retrouver ce silence qui régnait dans la pièce il y a quelques minutes.
-J'ai écrit une petite lettre pour mes parents et ma soeur, et vous êtes les seuls à être au courant que je pars... ai-je alors annoncé. Je ne veux pas que vous faites comme si vous étiez au courant, ou alors mes darons vont vous harceler et vont finir par vous jeter dehors parce que vous ne répondrez pas à leurs questions. Juste, rassurez-les, dites-leur que je vais revenir même si ce n'est pas totalement vrai, donnez-leur ne serait-ce qu'un peu d'espoir, je ne veux pas voir mes parents s'effondrer, et encore moins ma soeur... ai-je soupiré. Et, pour finir, je pense que d'ici le 24 octobre, soit après-demain, vous serez vite au courant de ce qui se passe... ai-je fini avec un petit sourire en coin.
-Tu peux compter sur nous, a alors déclaré Makomo avec un hochement de tête.
Nous avons dormi tous les trois dans le même lit, comme nous le faisions quand nous étions petits, et enfin, le lendemain, je me suis cassé chez Shinobu dès le lever du soleil sans faire un bruit pour réveiller la maison, pour faire genre que j'étais parti à l'Académie et tout, puis, quand nous nous sommes retrouvés, elle a fait une lettre d'adieu à sa famille, et Kanae nous a rejoint pour tenir la chandelle sur le chemin jusqu'à la déchetterie.
-Toujours plus tôt, les rendez-vous... a maugréé Sanemi en s'étirant, les yeux encore collés par ce liquide visqueux qui nous colle tous les yeux au sommeil.
-Les gars, c'est le grand jour ! s'est exclamée Mitsuri avec un grand sourire, sautillant sur place, visiblement plus excitée que stressée de se casser de ce monde de fous.
-Vous êtes prêts, vous avez tout ce qu'il vous faut ? a lancé Kanae.
-Oui, chef.
-Alors, c'est parti...
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Notre dernière chance
FanfictionMuzan a survécu, et les Piliers sont morts il y a déjà bien longtemps, mais cette histoire ne se conte plus, si on entend parler d'eux, on est exécutés sur place avant même d'avoir dit bonjour. Il étaient neuf, et pourtant même les plus forts ont su...