02.Boucle infernale.

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New York. Wife school.

Daphné

BIP BIP BIP...

Le même son incessant résonna à nouveau, me tirant brutalement de mon sommeil, comme à l'accoutumée. Automatiquement, je me levai et mes pieds se dirigèrent vers les vestiaires pour enfiler ma tenue de la journée. La fatigue, persistante malgré une nuit de sommeil profond, pesait encore sur moi. Une fois douchée et habillée, je m'observai attentivement dans le miroir et remarquai que j'avais pris du poids. Mon visage avait légèrement gonflé. Pourtant, je ne mangeais pas plus que d'habitude. Peut-être que cette prise de poids était due à ma fatigue constante. Je soupirai en pensant à la journée épuisante qui m'attendait.

Je voulais hurler de rage en pensant déjà à ma promenade avec Nora. Cette insolente avait tout gâché ! J'étais bien avant, maintenant je devais la supporter, ce qui signifiait que ma tranquillité quotidienne serait perturbée. Cependant, je n'avais pas le choix. Tante Isabelle avait été claire.

Je sortis de ma cabine d'habillage, essayant de me motiver. Soudain, Grace m'arrêta et, avec une audace insoupçonnée, enroula son bras autour du mien comme si nous étions les meilleures amies du monde ! Quelle impudence ! Nous échangions à peine des salutations, et là, un moment de folie s'emparait d'elle. Elle me regarda avec un grand sourire avant de dire :

Salut Daphné, ça fait longtemps !

Pas assez longtemps malheureusement !

Malgré mon agacement, je me forçais à afficher un grand sourire en répondant :

Salut Grace, comment vas-tu ?

En voyant que je tentais de participer à la conversation, un sourire radieux illumina son visage. Une inquiétude s'insinua dans mon esprit : j'espérais qu'elle ne pense pas que je souhaitais devenir son amie. On m'avait inculqué l'éducation, le respect des autres et la sympathie. C'était le cas pour nous toutes, d'ailleurs. Nous arborions constamment cet air parfaitement lisse sur nos visages, comme pour dissimuler nos véritables émotions. Sauf Nora, bien sûr.

Je vais très bien. A vrai dire, je voulais savoir comment tu allais depuis ton entretien avec Tante Isabelle ?

Oh non, une fouineuse, comme si j'avais besoin de ça pour commencer la journée.

Je vais très bien, je te remercie de t'en préoccuper Grace. Excuse-moi mais je dois y aller, répondis-je pour couper court à toute réponse de sa part.

Les rares fois où cette vieille bique me parlait, c'était pour colporter des ragots. Je m'en doutais, c'était typiquement son genre.

Je me dirigeai vers la chambre de Nora, dont la porte était fermée à clé. Je toquai timidement, espérant qu'elle ouvre rapidement pour que cette balade se termine au plus vite. Quelques secondes passèrent avant que la porte ne s'ouvrît brusquement sur Nora, les cheveux roux en pagaille, vêtue de sa robe de chambre et les yeux rougis.

A-t-elle pleuré ?

Je me raclai la gorge, gênée par son apparence peu soignée. Elle aurait au moins pu enfiler des vêtements de journée. Certes, nos robes n'étaient pas toujours confortables, mais rester en robe de chambre, c'était...vulgaire. De plus, ses cheveux en pagaille lui donnaient vraiment un air négligé et sale qui n'avait pas lieu d'être.

LES PRIVILÉGIÉS DE L'AUBEWhere stories live. Discover now