06.Ton pire cauchemar

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Quelque part...

Daphné

« Ton pire cauchemar »

Je me trouvais allongée sur un lit, un de mes poignets solidement menotté au cadre de bois, prisonnière de cet espace inconnu. Après cette rencontre troublante, cet homme avait donné l'ordre, d'une voix froide, à l'un de ses sbires de me jeter ici. La pièce était plongée dans l'ombre, les volets fermés comme pour empêcher le jour d'entrer, laissant passer seulement quelques maigres filets de lumière qui peinaient à illuminer les lieux.

Dans cette obscurité tamisée, je pouvais à peine discerner les contours de la chambre. Elle était d'une simplicité déconcertante : un lit king size qui semblait trop vaste pour moi, une commode sur laquelle reposait une lampe éteinte, et un bureau silencieux, témoin muet de ma détresse.

C'était la première fois que je dormais dans un lit aussi grand, la première fois aussi que je me retrouvais seule dans une chambre. Ce vide autour de moi m'était étranger, presque oppressant.

Mon esprit ne cessait de revenir à cet homme, à la lueur glaciale de son regard qui semblait s'être imprimée dans ma mémoire. Je ne pouvais m'empêcher de me demander, avec une terreur sourde, ce qu'il attendait de moi.

J'entendis soudainement le cliquetis du verrou, et la porte s'ouvrit, laissant apparaître un homme grand, d'une quarantaine d'années, aux cheveux châtains et aux yeux noisette, avec une barbe naissante. Lorsqu'il posa les yeux sur moi, un sourire étira ses lèvres.

Salut, je m'appelle Léo, je suis un ami de Kahel.

Je restai silencieuse, ne sachant que répondre. Il s'avança vers moi, et une vague de crainte monta en moi.

Ne t'inquiète pas, je vais juste te détacher, dit-il en remarquant ma peur.

Il sortit une clé de sa poche et libéra mon poignet des menottes.

Et voilà ! s'exclama-t-il.

Je massai mon poignet endolori par les heures passées entravée. Il remarqua la marque rouge et me lança un regard désolé.

J'ai de la pommade si tu veux.

Je demeurai silencieuse, méfiante. Que me voulait-il vraiment ?

— Kahel a une petite manie de menotter les femmes au lit, plaisanta-t-il en riant. C'est un sacré sadique, celui-là !

Voyant que je ne répondais pas, il se racla la gorge, légèrement embarrassé.

Enfin bref, tu as faim ? Je prépare une pizza, mon plat préféré. J'adore celle au thon, même si tout le monde trouve ça bizarre. À chaque fois que je le dis, on me regarde de travers.

Il semblait essayer de faire la conversation comme si j'étais une simple invitée dans leur maison. Devais-je vraiment lui rappeler que j'étais là contre mon gré ?

Où suis-je ? demandai-je.

Chez Kahel, répondit-il simplement.

Kahel, l'homme que j'avais vu la veille au soir.

Et pourquoi suis-je ici ? insistai-je, sentant la nervosité monter.

LES PRIVILÉGIÉS DE L'AUBEWhere stories live. Discover now