LES PRIVILÉGIÉS DE L'AUBE

10.Découverte

Cité noire.

Daphné

Je descendais les escaliers derrière Kahel, mes pas étouffés par le tapis épais, comme une ombre silencieuse à sa suite. Lorsque nous atteignîmes le bas, mon regard croisa celui de Diana.

La folle raide dingue de Kahel.
Super.

Dès qu'elle m'aperçut, un rictus mauvais se dessina sur son visage lisse, faussement figé par des injections. La jalousie déformait ses traits, ne s'accordant en rien avec son maquillage impeccable. Elle me toisa de haut en bas, comme un prédateur évaluant sa proie, avant de soupirer ostensiblement et de lancer un regard appuyé à Kahel.

— Salut Kahel, lança-t-elle d'une voix chantante, trop joyeuse pour être sincère.

— Salut, répondit-il, sa voix aussi neutre qu'une pierre.

Léo, témoin silencieux de cette scène tendue, finit par rompre le silence.

— Daphné, je te présente Elias et... Diana, mais je crois que vous vous êtes déjà rencontrées.

— Oui, on s'est déjà vues, répondit Diana en me transperçant d'un regard acéré.

— Salut ! ajouta Elias, d'un ton bien plus chaleureux.

Elias avait des cheveux noirs de jais, une peau d'albâtre et une silhouette élancée. Son style, tout de noir vêtu, évoquait celui de Kahel, un écho d'ombres dans un monde déjà sombre. Moi, avec ma robe blanche, j'avais l'impression d'être un intrus dans cette toile monochrome.

Je ne répondis pas. Mon esprit était trop engourdi, à la fois par la timidité et par la lourde révélation que je venais d'apprendre sur mes parents. La présence d'Elias et Diana n'était qu'un détail comparé à la tempête qui grondait en moi.

Diana... l'amante de Kahel.

Cela ne me surprenait pas. Kahel était un homme captivant, dangereux, et je devais l'admettre, terriblement attirant. Pourtant, il y avait autre chose. Je sentais ses yeux sur moi, comme s'il tentait de décoder mes réactions face à ces nouvelles rencontres. Peut-être étais-je, à ses yeux, une curiosité, un spécimen étrange provenant de la Cité Blanche, un monde qu'il méprisait.

Et moi...Moi qui avais cru appartenir à ce monde aseptisé, je venais de découvrir que mes racines plongeaient profondément dans la noirceur de la Cité Noire. Une réalité irréelle, un cauchemar éveillé. Mon père...Tout cela était de sa faute, et désormais, c'était à moi de payer pour ses crimes.

Comment Kahel comptait-il récupérer cet argent perdu ? Il était hors de question que je me salisse les mains par le vol ou le meurtre. Si c'était leur quotidien, cela ne serait jamais le mien.

— Bon, allons nous asseoir. Tu peux venir aussi, Daphné, j'ai préparé du café, déclara Léo d'un ton léger, ignorant la tension palpable.

Je suivis timidement le groupe jusqu'au salon. Kahel resta debout, s'adossant à la table, tandis que je m'installais sur le fauteuil, cherchant instinctivement à m'éloigner de Diana, dont la présence m'écrasait. Elias fixait Léo avec une intensité étrange.

D'accord... que se passe-t-il ici ?

Kahel, toujours attentif, remarqua la tension qui s'installait et prit la parole d'une voix grave.

— J'attends vos informations, et je vous donnerai l'argent après.

— Kahel, on a des nouvelles de la Perle Noire à New York, annonça Elias.