chapitre 22

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Le silence lourd de la chambre d'hôtel se prolonge tandis que j'essaye de maîtriser les émotions qui tourbillonnent en moi. Alexandre, mon mari, se tient là, dans un coin sombre de la pièce, ses yeux perçants fixés sur moi. Le poids de son regard est insoutenable.

« Pourquoi es-tu là ? » Ma voix trahit un mélange de colère et de vulnérabilité.

Il avance de quelques pas, sortant de l'ombre, son visage désormais visible dans la lumière tamisée. « Je suis venu chercher ma femme, » dit-il calmement, mais avec une intensité qui me fait frissonner. « Nous devons parler. »

Je secoue la tête, essayant de trouver mes mots. « Nous n'avons plus rien à dire, Alexandre. Tout cela était un contrat, un accord. Je ne peux plus continuer ainsi. »

Il fronce les sourcils, visiblement blessé. « Un contrat ? Est-ce vraiment tout ce que c'était pour toi ? »

« Au début, oui, » dis-je en luttant pour contenir mes larmes. « Mais les choses ont changé. J'ai changé. »

Il s'approche encore, ses yeux remplis d'une intensité que je n'avais jamais vue auparavant. « Manon, tu te trompes. Ce n'était pas qu'un contrat pour moi non plus. »

Les souvenirs affluent, les moments de complicité rare mais précieux, les disputes silencieuses, les regards échangés. « Alors pourquoi ne m'as-tu jamais montré tes véritables sentiments ? » La frustration perce dans ma voix. « J'avais besoin de savoir que tu ressentais quelque chose aussi. »

Il s'arrête à quelques pas de moi, ses mains tremblant légèrement. « Parce que j'avais peur. Peur de te perdre si je m'ouvrais trop, peur de te blesser avec mes propres insécurités. »

Les larmes que j'avais contenues commencent à couler. « Alors tu as choisi de me laisser croire que tu ne ressentais rien ? »

Il hoche la tête, la douleur évidente dans ses yeux. « C'était une erreur. Une terrible erreur. Et je suis venu ici pour la réparer. »

Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. « Comment comptes-tu réparer cela, Alexandre ? »

Il s'avance encore d'un pas, tendant une main hésitante vers moi. « En te montrant que je suis prêt à changer. En te prouvant que tu comptes pour moi, plus que tout. Donne-moi une chance de te le prouver. »

Mon regard se pose sur sa main tendue, puis remonte lentement vers ses yeux. Les émotions conflictuelles se bousculent en moi : la colère, l'espoir, la peur.

« Ce n'est pas aussi simple, » dis-je enfin, ma voix à peine plus qu'un murmure. « Ce n'est pas quelque chose que tu peux réparer avec des mots. »

Il laisse échapper un soupir et baisse légèrement sa main. « Je sais. Je sais que j'ai beaucoup à prouver. Mais je suis prêt à faire tout ce qu'il faut. Je veux qu'on construise quelque chose de vrai. »

Les mots restent suspendus entre nous, lourds de promesses et de doutes. Je me tourne vers la fenêtre, contemplant les lumières scintillantes de Seattle, cherchant une réponse dans le paysage urbain. La ville, avec ses promesses d'un nouveau départ, m'avait semblé être une évasion parfaite, un lieu où je pourrais réfléchir à mon avenir loin de l'ombre d'Alexandre. Mais le voilà, ici, bouleversant tout.

« Quand nous nous sommes mariés, » dis-je doucement, les souvenirs revenant en vagues, « c'était un arrangement. Je savais ce que j'avais à y gagner, et toi aussi. Mais avec le temps, les choses ont changé. Je me suis retrouvée à espérer quelque chose de plus. »

Il reste silencieux, m'écoutant attentivement. Je continue, rassemblant mon courage. « Chaque jour, je m'accrochais à l'idée que peut-être, un jour, tu ressentirais la même chose. Que ce mariage de convenance deviendrait quelque chose de réel. Mais chaque jour, cette espérance s'estompe un peu plus. »

« Manon, je... » commence-t-il, mais je l'interromps.

« Laisse-moi finir. » Ma voix est ferme. « Je ne veux plus vivre dans l'illusion. Je mérite de savoir où je me tiens, et toi aussi. »

Il acquiesce lentement. « Tu as raison. Nous méritons tous les deux la vérité. »

Je prends une profonde inspiration. « Alors, dis-moi, Alexandre. Qu'est-ce que tu veux vraiment ? »

Il s'avance de nouveau, plus près cette fois, son regard plongé dans le mien. « Ce que je veux, c'est toi, Manon. Pas parce que nous avons un accord, pas parce que c'est pratique, mais parce que je me suis rendu compte que tu es devenue essentielle à ma vie. J'ai mis du temps à comprendre mes sentiments, et je m'excuse de ne pas l'avoir fait plus tôt. Mais je suis ici maintenant, prêt à me battre pour toi, pour nous. »

Les larmes coulent librement sur mes joues maintenant, une combinaison de soulagement et de peur. « Et si je te disais que j'ai besoin de temps ? Que je ne peux pas tout simplement oublier ce qui s'est passé et recommencer comme si de rien n'était ? »

Il hoche la tête, ses yeux brillants d'une détermination que je n'avais jamais vue auparavant. « Alors je te donnerai ce temps. Autant qu'il te faudra. Mais s'il te plaît, ne ferme pas la porte à la possibilité que nous puissions trouver quelque chose de réel, ensemble. »

Nous restons là, dans cette chambre d'hôtel, le silence ponctué par les battements de nos cœurs. La route devant nous est incertaine, pleine de défis et de réparations à faire. Mais peut-être, juste peut-être, y a-t-il une chance pour nous de construire quelque chose de vrai à partir des décombres de notre passé.

Alexandre ne fait pas un pas en arrière. Au lieu de cela, il avance et, avec une tendresse que je n'avais jamais imaginée, il m'attire doucement dans ses bras. Sa chaleur est réconfortante, et je sens mes défenses s'effondrer. Les larmes continuent de couler, mais elles sont maintenant mélangées à une étrange sensation de paix.

Il reste silencieux, me tenant simplement contre lui, son souffle chaud dans mes cheveux. Peu à peu, l'épuisement de ces derniers jours, de ces dernières semaines, me rattrape. Mon corps se détend lentement dans ses bras, et je sens mes paupières devenir lourdes.

Alors que je sombre dans un sommeil réparateur, Alexandre murmure doucement à mon oreille : « Je suis désolé de t'avoir fait attendre, mon amour. »

Saga alstroemeria : Un Patron Séduisant Où les histoires vivent. Découvrez maintenant