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Alors que je peine à ouvrir les yeux, ma tête semble lourde comme du plomb. Une odeur inconnue emplit mes narines. Je tente de me concentrer sur la fin de ma soirée mais rien ne me vient et mon mal de crâne m'empêche de réfléchir convenablement. Seulement cette odeur boisée qui ne m'a pas quittée.

Mais où suis-je ?

Les relents de bille me confirment que j'ai bu à outrance bien que cela ne m'arrive jamais .Je viens de me réveiller dans un endroit que je ne reconnais pas.
Cette histoire ne me dit rien qui vaille. Je m'efforce de garder mon calme en restant pragmatique, et, profitant que mon cerveau soit encore trop ensommeillé pour paniquer, j'analyse la pièce. 

Je me trouve dans une grande chambre, décorée dans les tons crèmes qui manque cruellement de personnalité. Les tables de nuit qui encadrent le lit sont vides, mis à part une lampe de chevet sur chacune, et les draps à côté de moi sont froids, ce qui me permet de déduire que si j'ai dormi avec quelqu'un, il est levé depuis longtemps.Cette pensée me rassure légèrement.

Je décide finalement de sortir de la chambre, et je suis immédiatement éblouie par la lumière du jour, me donnant l'affreuse sensation que ma tête va exploser. Mes yeux enfin habitués à la luminosité, mon regard parcours l'immense pièce à vivre, dont l'entièreté du mur qui me fait face se révèle être une baie vitrée, expliquant pourquoi mes derniers neurones ont grillé.

Un homme blond, dos à moi, s'affaire de l'autre côté d'un comptoir qui traverse la pièce à la verticale, séparant ainsi la partie cuisine et salon. Qui est-il ? Il n'a pas l'air d'un tueur en série ou d'un kidnappeur mais je sais que les apparences peuvent être trompeuses ! 

De nouveau je m'évertue à faire appel à mes souvenirs de la veille mais la panique finit par me gagner. Du regard, je me dépêche de chercher la porte d'entrée constatant très vite qu'elle n'est qu'à trois mètres de moi sur la gauche et que les clefs sont dans la serrure. Si je veux m'enfuir, j'en ai la possibilité, et cette simple observation m'apaise.

Je décide donc de me concentrer sur le propriétaire des lieux, maintenant de profil. Il me dit étrangement quelque chose. Il est grand, un mètre quatre-vingt ou peut-être quatre-vingt-cinq, ses cheveux blonds sont assez longs...C'est le barman ! 

Fière de m'en être souvenue, je me demande comment j'ai atterri ici. Je ne vois qu'une seule explication plausible et, quoique moins dangereuse qu'un enlèvement par un sociopathe, elle ne m'enchante pas le moins de monde. 

Je toussote pour annoncer ma présence, presque convaincue que je ne crains rien. J'ai simplement couché avec un inconnu visiblement assez riche. L'homme se tourne vers moi et de nouveau son visage m'est étrangement familier, trop, pour un simple barman que j'ai vu complètement ivre.

— La belle au bois dormant est réveillée ? 

— Bien vu Sherlock, répondis-je ironiquement, dépitée par cette situation qui ne me ressemble guère.

— Si tu veux aller te doucher, il y a tout ce qu'il faut dans la salle de bain qui est au bout du couloir, m'informe-t-il en me tendant une boîte de doliprane et un verre d'eau.

Je ne m'attendais pas à ça et sa réaction me prend de court. Bien que l'idée de m'échapper d'ici au plus vite me taraude, je ne suis pas contre une bonne douche. Mon mal de crâne me convainc rapidement d'accepter. Je me contente donc de le remercier et d'avaler le médicament. 

Je retourne sur mes pas et constate qu'une autre porte se trouve à côté de celle de la chambre où j'ai dormi. La curiosité est un vilain défaut mais la porte est entrouverte, alors je me risque à y jeter un coup d'œil. Je tombe sur une nouvelle chambre, beaucoup plus personnelle cette fois, dans les tons bleus marine. 

AmnesiaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant