J'ai parlé avec Nath tout le week-end, maintenant renommé Sherlock sur mon portable depuis qu'il m'a annoncé m'avoir appelée La Meilleure. Je sens qu'il ne va jamais me laisser tranquille avec ce surnom qui immortalise notre première rencontre.Mes sœurs sont venues chez moi samedi, elles m'ont vite percée à jour. D'ordinaire, je suis rarement sur mon téléphone en leur présence, sauf pour Astrid qui était avec nous. J'ai donc dû leur avouer, m'être fait un ami, un soir de sortie avec Nyx. Elles ont tiqué au mot "ami", pourtant je ne saurais le décrire autrement.
Maintenant, mon rendez-vous est dans quelques heures et je suis nerveuse à l'idée d'y aller.
— As', que suis-je en train de faire ! m'exclamais-je. Je vais annuler.
Elle m'arrache mon téléphone des mains et le lance sur le canapé.
— Zahra, arrête un peu tes histoires, tu veux bien ? Tu as un rendez-vous avec un homme c'est tout, ça ne va pas te tuer. Même si ça se passe mal, ce n'est pas grave.
— Un rendez-vous avec un modèle Dior célèbre ! renchérit Nyx qui s'est déplacée uniquement pour me voir dans cet état parce que, selon elle, c'est un grand jour.
— Je ne sais même pas si c'est vraiment un rendez-vous. Nos messages ne sont pas ambigus et il m'a assuré qu'il ne serait jamais attiré par une femme qu'il a vu vomir, ce que je comprends, j'ajoute en grimaçant. Ce rendez-vous est peut-être juste amical. De toute façon, j'ai déjà du mal à trouver du temps pour vous avec mon travail, alors pour un homme ?
— Dis-toi que c'est un repas entre amis, conclut ma blonde préférée tout en appliquant ma dernière couche de vernis avant de mettre ma main sous la lampe UV tandis que la brune que je connais depuis le berceau s'occupe de mes cheveux.
Cette pensée me rassure, mais un étrange sentiment me gagne.
— Tu sais qu'il ne va pas voir mes pieds au premier rendez-vous j'espère ? J'explique à Astrid qui commence à me les vernir.
— Ah donc tu en espères d'autres ? s'exclame ma coiffeuse en herbe.
— En tant qu'ami ! je renchéris un peu trop vite.
Mais je ne sais plus où j'en suis. Je les laisse me préparer, perdue dans mes pensées.
Est-ce que je suis en train d'utiliser Nath comme distraction pour fuir ma réalité ?
Je culpabilise à cette idée, il mérite mieux. Malgré le plaisir que nos discussions m'apportent, je conclus avec moi-même que notre premier rendez-vous sera aussi le dernier, qu'il soit amical ou plus.
Lorsqu'elles ont fini, elles me placent devant un miroir pour que je puisse enfin admirer leur travail.
— Tadam ! s'écrient-elles en chœur.
Moi qui ne m'apprête jamais, n'ayant ni le temps ni l'occasion, je suis émerveillée. Quel étrange sentiment d'apprécier son reflet alors que tu ne ressembles plus à rien depuis des jours.Malgré tout, la tenue me correspond. Une simple robe noire à manches longues qui moule mon corps m'arrive à mi-cuisse par-dessus une paire de collants assez transparents de la même couleur. Mes cheveux, que je laisse habituellement détachés, sont relevés en un chignon lâche et volumineux, tandis que des boucles d'oreilles font ressortir ma peau légèrement halée.
Autour de mon cou, mon collier Amazigh ainsi qu'une autre chaîne, plus longue, à laquelle un oeil bleu clair serti dans un cercle doré est suspendu, ressortent à la perfection sur le tissu noir. Les cadeaux de ma grand-mère, l'œil en commun avec mes sœurs et l'Amazigh avec ma fratrie complète, me réchauffent le cœur. La protection et la liberté.

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Amnesia
RomanceCertaines personnes ne savent pas aimer, d'autres ont un amour défectueux. Zahra le sait, on lui a souvent répété. Mais tout ça lui parait loin, elle ne se sent pas concernée par ces discours tristes et anxiogènes. Pourtant, toutes ces nuits à se ré...