Personnellement, je suis né femme. Je ne donnerai pas mon nom de naissance - pas parce que je n'aime pas le dire, seulement pour une question de vie privée - mais c'est une information importante pour comprendre le reste. Parce que même si je ne suis pas une femme, j'ai grandi en tant que telle.
J'ai eu une enfance que je me permettrais de qualifier d'assez, disons, mitigée. Il y a pire, mais il y a mieux. Après, c'est pareil pour tout me direz-vous. Il a toujours pire, mais aussi toujours mieux. Enfin bref, certaines de ces expériences sont, je pense, assez importante pour comprendre la suite. Je ne vais peut-être pas tout détailler, ou en tous cas pas dès ce premiers chapitres, mais ça signifie quand même que certains sujets un peu sensibles pourront être abordés. Alors ne vous forcez pas à lire, de toute façon il y aura plein d'autres choses (intéressantes je l'espère) dans cette histoire !
Je dirais que mon enfance a eu une très longue phase garçon manqué. En fait, à partir d'un certain âge, cette phase a débuté, je dirais aux alentours de six ou sept ans, puis s'est un peu effacée, en milieu de ma première année de collège. Pendant cette phase, mes ami.e.s étaient pour la plupart des garçons. Même si je dois admettre qu'à l'époque, avoir des ami.e.s n'étaient pas de la plus haute importance pour moi. Je préférais jouer avec des cailloux. En primaire, en milieu d'année de CE2, j'ai sauté une classe, et je suis passé en CM1. J'avais peu d'ami.e.s dans ma classe, ou en tous cas peu de vrai.e.s. Et le fait est que mes seules amies étaient des filles. C'est à ce moment-là que j'ai dû commencer à changer qui j'étais je pense. Et encore, j'avais une amie avec qui je pouvais être moi-même. Nous avions un jeu, où j'étais un tigre enfant, et elle une professeure tigre. Ce n'est pas très intéressant en soit, mais c'est le genre de choses auxquelles on ne joue pas avec tout le monde. Parce que même en primaire, certain.e.s trouvaient ça bizarre.
Ensuite, je ne vais pas en parler ici, parce que je détaille cette histoire dans une autre partie, mais j'étais dans une relation pas très saine avec un garçon à cet époque. Disons que c'était plutôt à sens unique, et que lui n'était pas la personne la plus sympa au monde. Et encore, c'est un euphémisme.
Et pour conclure la partie primaire, je dois évoquer le fait que j'étais un enfant plutôt solitaire - assez évident avec l'histoire des cailloux - et plutôt « bizarre ». J'avais du mal à m'intégrer avec la plupart des gens, surtout les filles, parce que je ne comprenais pas comment faire. Et du coup, il m'est arrivé de recevoir des moqueries, ce genre de choses. Et ça a un peu empiré en CM1, parce que dans ma classe, j'étais « la petite nouvelle bizarre », vous voyez ? Les mecs n'étaient pas sympas, ils étaient condescendants. Et les filles n'étaient pas mieux pour la plupart. Beaucoup d'entre-elles étaient de vraies pestes. Vraiment le cliché de la connasse dans les films. Donc à l'école j'avais cette réputation de « garçon manqué » et je me sentais comme un extraterrestre.
Enfin bref, parlons du collège.
Le collège, c'est vraiment l'époque où j'ai commencé à vouloir me changer. Je voulais m'intégrer, me faire des ami.e.s. Le truc, c'était que je ne savais toujours pas comment faire. Déjà à cette époque, les codes sociaux et moi, ça faisait quatre. Je me souviens qu'en primaire, avec mes amis garçon, on jouait beaucoup dans la terre, à creuser des trous ou à dessiner des formes. Alors, au collège, un jour, je suis allé m'assoir seul dans mon coin, pour le faire. Deux filles de ma classe sont alors venues, pour me dire qu'on était au collège et qu'on n'était plus des enfants. Mais d'une, en sixième, excusez-moi, mais on est des enfants. Nan mais parce que toutes les gamines de dix ans qui se prenaient pour miss Univers j'en avais ma claque (désolé je sais que tout le monde n'est pas comme ça, je ne fais pas de généralité, c'est seulement que dans mon collège, les filles étaient pour beaucoup comme ça). Et de deux, moi j'avais neuf ans. Seulement neuf ans. Et, à neuf ans, excusez-moi, mais je ne me considérais pas comme une adulte. Bref, c'est à cause de ces fille que j'ai commencé à avoir l'impression que quelque chose n'allait vraiment pas avec moi, et que je devais changer. Alors c'est ce que j'ai fait. J'essayais d'arborer un styles plus féminin, j'achetais les vêtements que certaines « amies » aimaient. J'ai même acheté une jupe - que je n'ai jamais portée, soit dit en passant. Et je ne me sentais plus si « étrange » ou « en décalage ». Je me forçais à être quelqu'un que je n'étais pas, et je détestais. Je me détestais. Enfin non, je détestais celle que je prétendais être. En plus, les gens avec qui j'essayais de m'intégrer, je ne les aimais même pas. Je les trouvais, comment dire... immatures ? Puérils ? Pas très réfléchis ? Toujours dans des histoires sans queue ni tête. Toujours à se prendre la tête pour tout et pour rien. Toujours à se prendre pour des adultes. J'avais envie de leur dire « mais oh calmez-vous, la vie c'est pas une série Netflix », alors que je connaissais même pas Netflix à l'époque. Et moi, je me retrouvais dans leurs histoires. Désolé pour le racontage de vie, mais fallait bien passer par là pour commencer.
De ce que je me souviens, je ne me suis pas posé de question sur ma sexualité avant mes douze ans environ. C'était en quatrième, après un cours sur la sexualité, ou notre professeure avait évoqué l'hétérosexualité, l'homosexualité et la bisexualité. Je savais déjà que ça existait - je l'avais vu à la télé - mais je n'en avais jamais vraiment parlé avec qui que ce soit. Or, dès la fin de ce cours, j'étais sûr d'une chose : je n'étais pas hétéro. Alors, après le cours, quand chacun allait demander la sexualité des autres, je répondais « bi », comme si ce n'était pas la première fois que j'y pensais (sachez qu'à l'époque je pensais que ça voulait dire lesbienne, oui, oui, je sais, j'étais un peu stupide). D'ailleurs - je ne m'en suis rendu compte que cette année - mais il y avait un signe de ça, en sixième. J'avais rencontré cette fille, dans ma classe, et nous étions rapidement devenues amies. Sauf que en y repensant, je me suis souvenu qu'à cette époque j'étais complètement obsédé par cette fille. Je pensais à elle tout le temps, j'avais envie de la voir, de lui parler, qu'on reste amies pour toujours. Mais il y avait encore plus évident. Une fois, je me suis imaginé être un mec, pour qu'elle tombe amoureuse de moi, (pour l'instant je ne prends en compte ce signe que pour la sexualité) pas grand monde a mieux comme signe.
Puis pendant un moment, j'ai plus ou moins « oublié » cette bisexualité, et il m'est arrivé de tomber « amoureux » de quelques garçons, même si ça n'allait jamais bien loin. Je n'avais jamais vraiment cette connexion étrange qu'on peut avoir avec quelqu'un quand on a des sentiments, donc je ne voulais pas vraiment sortir avec eux. Et, c'est évident maintenant, mais je ne crois pas que c'était des sentiments amoureux. Mais à cette époque, dans ma tête, il y avait toujours les histoires de princes charmants et de princesses, faut pas m'en vouloir.
VOUS LISEZ
Le Journal de Natt.
Non-FictionBonjour, moi c'est Natt, et je suis non-binaire. Cette histoire n'est pas un journal à proprement parlé, mais je raconte quand même ma vie dedans, donc je pense qu'on peut l'appeler comme ça. Dedans, je parle de mon parcours en tant que personne n...