Pour l'instant, je ne compte pas faire mon coming-out à mes parents, je l'ai déjà dit Cependant, je ne peux pas nier le fait que devoir faire semblant avec eux, c'est dur. Ça fait mal. Alors, et ce même si ça n'est pas vraiment pour eux, j'ai décidé de leur écrire une lettre, où je leur disais tout. Peut-être un jour atterrira-t-elle vraiment entre leurs mains. Qui sait ? Enfin bref, le fait est que dans cette lettre, j'aborde un style plus... d'écriture. Comme si je racontais le passage d'une histoire. Alors si je leur donne, peut-être vaudrait-il mieux lui donner un ton plus léger, plus « familier ». Enfin bref, la voici :
« Je ne sais pas pourquoi je vous écris ça. Surtout que je ne compte pas vous le faire lire de sitôt. Peut-être ai-je seulement besoin d'avoir l'impression de vous en parler ? Enfin bref, par où commencer ? Être trop direct.e serait une erreur, qui vous déstabiliserait surement. Alors reprenons depuis le début.
Depuis que je suis enfant, j'ai toujours senti un décalage entre moi et les autres filles. A cette époque, - bien que cela me valait quelques moqueries -, je n'y prêtais pas attention. Après tout, être « le garçon manqué » ne me déplaisait pas, au contraire. Peut-être même revendiquais-je ce nom.
Ensuite, au collège, il a eu une variable qui s'est ajoutée : mon envie de m'intégrer. Je voulais me fondre dans la masse, être invisible. Peut-être que, comme ça, on ne me dirait plus « bizarre ». Alors je faisais de mon mieux pour coller à cette image que donnait... le monde ? les gens ? la société ? d'une fille de mon âge. J'essayais de m'habiller avec un style plus féminin, recopiais celui des autres filles. Mais, d'une, cela ne m'a pas vraiment permis de m'intégrer. Et, de deux, je ne me sentais pas bien comme ça. Ce n'était pas vraiment « moi ».
Au lycée, j'ai arrêté, de vouloir que mon style corresponde à celui des autres filles. A quoi bon ? Et puis j'ai « compris » que j'étais lesbienne. Et malgré le fait que cela faisait de moi un cliché ambulant, je me suis conforté.e dans l'idée que ça venait de là. J'étais lesbienne donc j'avais l'air « gay », c'était évident. Je faisais alors de mon mieux pour rester dans ce style qui me plaisait beaucoup. Et je me sentais enfin... moi.
Puis j'ai vu quelques films, fait quelques recherches, lu quelques livres, sur la transidentité - par simple curiosité, je le précise. Mais plus je lisais, plus je m'interrogeais. Et si, enfin de compte, c'était bien moi ? J'en ai discuté avec une amie, plusieurs fois. Et ce sont son soutien, et la certitude que peu importe la conclusion de ce voyage à la recherche de moi-même, elle resterait mon amie, qui m'ont permis de continuer ces recherches en toute sérénité. J'en suis alors arrivé.e à une conclusion : je n'étais pas une fille. La réflexion la plus logique, à partir de là, était de se dire que j'étais un garçon. C'était la solution la plus, logique, n'est-ce pas ? Puis j'en ai reparlé avec cette amie, et elle a évoqué la non-binarité.
« Non-binaire ». Dès que j'ai lu ce mot, écrit dans son message, la vérité s'est imposée d'elle-même, j'étais non-binaire. C'est un mot qui fait peur, n'est-ce pas ? Vous vous demandez peut-être - même en connaissant sa définition littérale - ce qu'il veut dire. Ou plutôt ce qu'être non-binaire implique. Je serai ravi.e d'en discuter avec vous, si vous le voulez.
Enfin bref, une fois la révélation... révélée, j'en ai parlé à mes amies. Et j'ai choisi un prénom.
Papa, Maman, c'est votre enfant qui vous parle, Natt. Pas votre fille. Elle, c'était... une façade, un masque. Moi, je suis réel.le. Je suis Natt, et je suis non-binaire. »
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Le Journal de Natt.
NonfiksiBonjour, moi c'est Natt, et je suis non-binaire. Cette histoire n'est pas un journal à proprement parlé, mais je raconte quand même ma vie dedans, donc je pense qu'on peut l'appeler comme ça. Dedans, je parle de mon parcours en tant que personne n...