Ce ne sera posté qu'après mon coming-out, mais j'écris la veille du jour où je vais aller demander conseil à l'infirmière de mon lycée par rapport à tout ça. Je dois admettre que ça m'angoisse beaucoup. En même temps, je pense que ça angoisserait n'importe qui dans la même situation. Peut-être que je me trompe, mais je ne pense pas.
Enfin bref, je n'ai aucune idée de ce qu'il va se passer après ça. Disons que je n'avais pas forcément prévu de le vivre. C'est un peu comme si je me retrouvais avec un temps que je ne pensais pas avoir. Je ne sais pas quoi faire de ce temps. Je suis un peu perdu.e. Mais s'il y a une chose que je sais pour sûr, ce que je veux pouvoir être Natt en cours. Avec mes amies. Avec mes professeur.e.s. Avec... tout le monde. Sauf si ça implique de mettre mes parents au courant. En ce moment, je suis trop en colère contre eux pour ne serait-ce qu'avoir l'impression qu'iels méritent de savoir.
Ensuite, je ne pense pas dire à l'infirmière que je suis non-binaire. Je vais lui dire que je suis un garçons transgenre. Croyez-moi, je suis la dernière personne à aimer mentir. Les fois où je l'ai le plus fait, c'était quand je n'allais vraiment pas bien mentalement. Une chose que je hais plus que tout, c'est le mensonge. Parce que je l'associe à manipulation. Et que c'est une chose que je hais encore plus. Alors la seule raison qui me pousse à faire ce choix qui va totalement à l'encontre de mes principes, c'est la sécurité. Ma sécurité. Je n'ai pas assez de courage, pour dire à tout le monde que je suis non-binaire ? déjà parler de transidentité à quelqu'un serait un exploit. Je ne me pense pas courageuxse ou quoi que ce soit. Mais c'est le maximum que je puisse faire. Et je pense que c'est déjà pas mal. Ce qui est sûr, en tous cas, c'est que je ne veux plus continuer à être la fille que tout le monde voit. Je suis Natt.
D'ailleurs, c'est un peu en lien, alors je me permets de le caser ici. Il y a un mec de mon lycée que je déteste - ce n'est pas le seul à vrai dire -, mais alors de tout mon cœur. Il est... méprisant, malpoli, agaçant, homophobe, transphobe, et... totalement lgbtphobe, en fait. (Si ses connaissances en la matière vont plus loin que « gay » et « trans », tout du moins.) Et même s'il n'est plus dans ma classe cette année, disons que je n'aimerais pas le croiser après tout ça.
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J'ai donc pu aller voir l'infirmière, et je lui ai fait mon coming-out. J'étais très stressé.e, mais, à la récré, je me suis lancé.e. J'ai attendu que les gens qui voulaient la voir avant moi aient fini, puis je suis entré.e. J'ai dit que je voulais lui parler, en précisant que ce n'était rien de grave, et elle m'a dit de fermer la porte. Je lui ai ensuite demandé si elle s'y connaissait un peu niveau lgbt. Même juste un tout petit peu. Après confirmation, je lui ai parlé. Je lui ai dit que j'avais beaucoup pensé pendant les vacances, parce que j'avais cette impression étrange, depuis des années, que quelque chose n'allait pas. Et j'ai dit que je m'identifiais pas en tant que fille, et plus en tant que garçon. En gros, je n'ai ni dit « je suis un garçon trans », ni « je suis non-binaire ». Mais je pense que j'ai plutôt laisser entendre la première phrase. Elle a dit qu'elle me prendrait un rendez-vous avec une des psychologues du lycée, dès qu'elles arriveraient, - c'est-à-dire fin septembre -, qu'elle ferait des recherches pour moi, afin de trouver des associations, où je pourrai « parler avec des gens comme (moi) », et qu'elle parlerait à ses collègues pour leur demander si iels avaient des idées par rapport à ma situation, lors d'une réunion de je ne sais plus trop quoi. Elle m'a aussi posé des questions par rapport à mes amies, et je lui ai expliqué que tout se passaient bien avec elles, et qu'elle m'appelait par le prénom que j'avais choisi. Elle m'a donc demandé quel était ce prénom, et j'ai répondu. Bref, ça s'est super bien passé. J'attends fin septembre pour le rendez-vous, en espérant que ça ira en attendant.
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Le Journal de Natt.
Документальная прозаBonjour, moi c'est Natt, et je suis non-binaire. Cette histoire n'est pas un journal à proprement parlé, mais je raconte quand même ma vie dedans, donc je pense qu'on peut l'appeler comme ça. Dedans, je parle de mon parcours en tant que personne n...