> Aimer être « mégenrée » (j'utilise le féminin parce que tout ça se passait avant que je comprenne être non-binaire) :
Effectivement, j'ai toujours plus ou moins préféré être pris pour un garçon, déjà en tant que fille (si vous voyez là où je veux en venir.)
Par exemple, nous étions à un évènement organisé dans un hippodrome, et un mini-parc avec des jeux avaient été installé à l'intérieur. L'un d'eux était un mini-jeu de basket, avec un petit panier et de petites balles. On devait donc partager les balles avec des inconnus. A un moment, un petit garçon s'est mis à jouer, et je le regardais faire. Un homme, surement son père, qui le regardait récupérer sa balle encore et encore a dû penser que je voulais jouer, et a dit à son fils « Donne la balle au jeune-homme ». Et j'ai ressenti une joie énorme, dont je ne comprenais pas encore vraiment l'origine.
> Mon obsession pour le corps masculin :
Très étrange dit comme ça, mais vous allez comprendre.
Je suis une personne qui dessine beaucoup. Je ne suis pas non plus très fort, mais je me débrouille un minimum. Et je dois admettre que j'aime beaucoup dessiner des hommes torse-nu. Je trouvais ça bizarre, vu que je pensais être lesbienne (aujourd'hui j'avoue c'est compliqué niveau sexualité mais bon c'est pas si important), mais en fait j'adore étudier les formes du corps masculin. Je m'attarde souvent dessus si on voit un personnage torse-nu dans un film par exemple. Ou même quelqu'un à la plage. Et puis une de mes plus grosse honte, mais parfois je ne pouvais m'empêcher de regarder le pantalon des mecs, au niveau de l'entre-jambe. Ça avait encore moins de sens.
Aujourd'hui je comprends un peu mieux.
> Détester « devenir une jeune fille » :
Je me souviens quand j'ai commencé à avoir un peu de poitrine, ma mère disait qu'elle grossirait encore, et, franchement, je voulais pas qu'elle grandisse. Déjà à cette époque, je voulais garder la poitrine que j'avais toujours eu. C'est-à-dire aucune. Ensuite, quand la puberté a commencé, on me lâchait souvent des remarques du genre « Tu deviens une vraie jeune fille ! » sauf que moi je ne voulais pas. Je ne voulais pas être une fille. Parce que je n'en suis pas une.
> Vouloir être torse-nu :
Quand j'étais petit, et que mes seins n'étaient donc pas encore développés, j'adorais rester sans t-shirt. Me baigner torse-nu, ou me balader dans la maison torse-nu quand il faisait trop chaud, par exemple. Et, une fois, nous étions chez des amis, qui avaient un fils un peu plus jeune que moi, et plus âgé que mon frère. Il faisait chaud, et les deux garçons avait eu le droit d'enlever leur t-shirt. Je me souviens avoir été plutôt triste, quand ma mère m'a dit que je ne pouvais pas le faire.
> Ne pas respecter les codes féminins :
Que ce soit dans mes vêtements, dans mes passe-temps, ou dans mes goûts, je n'ai jamais réellement pu rentrer dans les « codes féminins ». Comme je l'ai dit, j'ai par exemple eu ma phase garçon manqué, qui en fait n'en était pas une, dès que j'ai un minimum pu choisir mes vêtements, et que ce n'étaient pas mes parents qui décidaient. Ensuite, le foot. Alors, oui, je sais, le foot n'est pas « un sport de garçon ». Je veux pas mettre quoi que ce soit dans une case de genre, d'accord ? J'ai toujours détesté l'idée de ne pas pouvoir jouer au foot parce que j'étais une fille. Mais là où je veux en venir, c'est que je savais très bien que les gens auraient ce regard de « garçon manqué » sur moi, mais ça ne me dérangeait pas, au contraire. Les enfants de mon école me disaient ça, pour se moquer, mais moi j'adorais. Et puis après, on a la classique, ne pas aimer le roses, ou les jouets destinés aux filles. Par exemple, au McDo, je prenais toujours le jouet « garçon » dans le menu enfant. Et, encore une fois, je n'associe aucun jouet ou aucune couleur à un genre. Seulement, une des raisons pour lesquels je n'aimais pas cette couleur, ou préférais certains jouets, c'était précisément parce que je ne voulais pas ressembler à une fille, et que ces jouets ou ces couleurs m'associaient au fait d'en être une.
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Le Journal de Natt.
No FicciónBonjour, moi c'est Natt, et je suis non-binaire. Cette histoire n'est pas un journal à proprement parlé, mais je raconte quand même ma vie dedans, donc je pense qu'on peut l'appeler comme ça. Dedans, je parle de mon parcours en tant que personne n...