Wicked Game [TOME 2]

Chapitre 2 : Les Piliers

Les murs étaient faits de verre, montrant l'extérieur magnifiquement décoré. De la verdure, des fleurs, des arbres. Une brise légère et agréable faisait bouger mes cheveux, chatouillant ma nuque. Et face à moi, une table avec quatre sièges de chaque côtés était disposée.

« - Tout ça me rappelle amèrement le banquet de fin de jeu, lança Atlas. »

La disposition de cette table éveillait également ce genre de souvenirs en moi. À la différence que le jour du banquet, la salle était plongée dans une obscurité antique avec pour seule lumière des bougies illuminées, reflétant le rouge des rideaux parant les murs. Alors que cet endroit là était ensoleillé, plein de verdure et de nature.

« - Amèrement ? répéta Sia. La fin du jeu ne pouvait pas être amère.
- La fin du Jeu a été amère, reprit Victoria. Pour tout le monde, toi comprise.
- Pour qui tu te prends ? cassa la noiraude. Ne te permets pas d'affirmer quoi que ce soit me concernant.
- Doit-on te rappeler ton état ? Ta fatigue ?
- J'en suis sortie en vie. C'est tout ce qui compte. »

Elle se détourna.

« - Sortir en vie et faire perdre les autres étaient tout ce qui comptait pour Phobos aussi, souffla doucement Victoria. »

Sia se remit devant Victoria et la toisa d'un air agacé.

« - Ne me compare plus jamais à ce sale chauve, menaça-t-elle.
- Alors n'essaye pas de devenir une antagoniste.
- Dois-je te rappeler que j'ai participé à le tuer ? s'énerva Sia.
- Après avoir été allié avec lui, ajouta Victoria. Quelle femme de confiance.
- S'il vous plait arrêtez, intervint Hélia. Vous ne pouvez pas continuer à vous disputer. »

Les deux filles se regardèrent d'un air mauvais pendant plusieurs secondes avant de se détourner. Hélia semblait désespéré.

« - Nous ne sommes plus en compétitions, ajouta-t-il. Vous n'avez aucune raison de ne pas vous entendre. »

Sia ne répondit pas et alla s'assoir. Après un court moment d'hésitation, Hélia posa sa main sur l'épaule de Victoria dans un geste amicale puis il suivit Sia et s'installa à ses côtés. Et chacun prit un siège.

Puis nous attendîmes dans le silence.

« - Que va-t-il se passer ? demanda Cérès.
- On n'en sait pas plus que toi, lui rappela Mako.
- Oui mais à votre avis ? insista Cérès.
- À mon avis, continua Mako, je n'en sais pas plus que toi. »

Cérès soupira, vexée. Je tentai de capter son regard afin de lui sourire, mais elle se renfrogna.

Et je me rendis compte d'à quel point c'était un désastre. Nous étions dissipés, trop habitués à être les uns contre les autres, trop individualistes. Il n'y avait aucune entraide, aucun lien entre nous. J'aurais pu penser qu'après tout ce que nous avions traversé, une alliance naturelle se créerait entre tout le monde. Mais chacun était tourné vers soi, chacun n'avait en tête qu'un seul être aimé. Qu'un seul allié.

La peur de ne pas pouvoir protéger plus d'une personne et le désespoir de perdre quelqu'un nous empêchaient sûrement de nous ouvrir les uns aux autres. Mais c'était pour moi une très mauvaise idée. Pour abattre un ennemi, l'une des meilleures stratégie était la division. Nous étions les ennemis pour la capitale, et nous nous divisions par nous même. Les personnes qui nous avaient forcés à jouer à ces jeux n'avaient qu'à nous piocher les uns après les autres, nous étions déjà isolés.

Et puis une pensée finalement assez simple me vint à l'esprit. Étions nous vraiment leurs ennemis ?

Je savais que Victoria partageait mon esprit révolté et qu'elle répugnait le fait de se soumettre à ceux qui nous avaient si nonchalamment maltraité. Je savais qu'elle agirait de manière à survivre tout en restant à l'affût, mais les autres ? Les autres se fondraient peut-être plus facilement dans la masse que ce que j'aurais pu penser.