À part les débutantes, il s'agit de savoir quel gentilhomme sera le prix de la saison. Nos jeunes filles voudront quelqu'un de fringant à qui s'intéresser. Qui que soient les heureux élus, pourvu que leur union suscite un émoi...
LA CHRONIQUE MONDAINE DE LADY WHISTLEDOWN, 2 AVRIL 1815
Les Bridgerton descendirent les marches du perron, prêts à se rendre à la présentation devant la reine. Plus loin sur le trottoir, Hyacinthe et Gregory furent les premiers à remarquer le groupe de jeunes femmes. Il devait se trouver là un homme célibataire très convoité pour susciter autant d'attention. Mais quand elles s'écartèrent pour laisser passer ce mystérieux bon parti, chaque membre de la famille Bridgerton laissa échapper sa surprise.
- Est-ce...
- Notre frère.
- Colin.
Ce dernier s'avança vers eux pour les saluer, recevant un accueil très chaleureux. Il était parti en voyage en Europe pendant de nombreux mois, si bien que ses frères et sœurs étaient plus que ravis de le revoir.
- Nous devrions y aller, les pressa alors Anthony. La reine n'appréciera pas de retard.
- Certain, confirma Eleanor.
Gregory s'empressa de monter dans la calèche avec ses frères, alors que Benedict se dirigeait vers le véhicule de son épouse.
- Va avec ton frère, le repoussa Margaret. Vous avez sûrement beaucoup de choses à vous raconter.
- Mais et toi...
- Elle sera sous bonne garde, intervint Eleanor pour prendre sa belle-sœur par le bras. Doutez-vous de moi ?
- Jamais, Votre Altesse, répondit Benedict avec un sourire moqueur.
Les deux femmes montèrent donc dans le véhicule où se trouvaient déjà Violet, Hyacinthe, Francesca et Eloise. Elles étaient un peu serrées mais la mère de famille n'aurait jamais laissé ses belles-filles à l'écart. Elles faisaient partie des Bridgerton, au même titre que les trois autres jeunes femmes. Et cela lui permettrait peut-être d'obtenir quelques conseils d'Eleanor.
- À votre avis, comment se portera la reine aujourd'hui ? interrogea Violet d'un ton innocent, comme si elle prenait simplement des nouvelles.
- Je ne peux le dire, répondit Eleanor. Ma mère est si imprévisible. Même en étant sa fille, je ne sais jamais à quoi m'attendre en lui rendant visite.
Violet tenta de cacher l'angoisse qui la gagnait petit à petit. Francesca n'était pas comme Daphne, et encore moins comme Eloise. Elle était si mystérieuse et réservée que sa mère craignait qu'elle ne parvienne pas à attirer l'attention de ses prétendants.
- Colin est de retour ! glapit une voix de femme.
Sophie leva les yeux du parquet qu'elle contemplait depuis plusieurs minutes. Lord Devereux lui avait posé quelques questions avant de discuter avec son fils. Il ne semblait pas désintéressé par elle, mais il avait bien senti sa timidité et n'osait pas forcer les choses. C'était une qualité que Sophie appréciait, surtout par rapport à son père qui voulait toujours qu'elle se dévoile un peu plus aux gens.
- Oui, maman, mais vous n'avez pas besoin de hurler, répondit une autre femme. Que dirait Père s'il vous entendait ?
- Voilà des années que nous sommes mariés, il en a déjà assez dit.
Sophie se leva immédiatement lorsque la comtesse entra, suivie d'une de ses filles. Celle-ci portait un très jeune enfant dans les bras et son ventre rond annonçait l'arrivée imminente d'un autre. Lord Devereux ne sembla pas vexer de ce qui avait été dit, accueillant son épouse chaleureusement, sa fille encore plus et sa petite-fille... bien plus encore.
- Voici donc Sophie ! s'exclama Eugenie Devereux, levant les bras au ciel. Comme vous avez grandi ! Vous êtes devenue une ravissante jeune femme !
- Merci Madame.
- Madame ? Personne ne m'appelle Madame ! Encore moins un membre de ma famille !
La comtesse la serra alors dans ses bras, prenant au dépourvu Sophie. Elle savait qu'Eugenie était plutôt excentrique, mais elle ne s'était pas attendue à une telle familiarité. Sa fille s'avança vers Sophie, un petit sourire d'excuse sur les lèvres.
- Ravie de vous revoir, la salua poliment Margaret. Je vous présente ma fille, Violet Eugenie Bridgerton.
- Je ne suis pas jalouse, intervint Eugenie. Mon autre fille a donné mon nom à sa petite dernière.
- Colin Bridgerton est revenu ? cria une nouvelle voix.
Une jeune fille débarqua dans le salon comme une furie, manquant de foncer dans le comte Devereux qui l'attrapa au vol.
- Sophie, je vous présente Dorothy, dit ce dernier, qui parvenait inexplicablement à garder son calme au milieu de tout ce raffut.
- Enchantée, s'empressa de dire sa plus jeune fille. Vous êtes venue ici pour vous marier, c'est ça ? Vous avez de la chance, Colin Bridgerton est encore célibataire et c'est le plus beau de la fratrie ! Mag vous dira que c'est plutôt Benedict, mais elle est aveuglée par l'amour ! Oui... c'est son mari, j'ai oublié de le préciser. Anthony est plutôt bel homme mais il a réussi à séduire la fille de la reine Charlotte ! Un vrai scandale l'année dernière, je vous raconterai tout !
- Dorothy, moins vite, tenta de dire son père à travers son flot de parole.
- Il y a aussi Gregory mais il est insupportable ! La semaine dernière, il a...
- Dorothy, je doute que cela intéresse Sophie, intervint Louis, qui se pinçait l'arrêt du nez avec agacement.
La jeune femme n'avait pas prononcé un seul mot et personne ne lui demanda de le faire. Dorothy avait un don pour maintenir une conversation, même face à une personne silencieuse. Sophie appréciait énormément cet environnement familial, regrettant soudainement de ne pas avoir de sœur.
- Si Sophie veut épouser Colin, elle doit tout savoir !
- Mais elle vient à peine d'arriver ! répliqua Louis. Et elle ne connait même pas Colin !
- Tu vas encore imposer ta loi, comme tu l'as fait avec Mag et Benedict ? cria sa petite sœur.
- Mais pourquoi suis-je revenu à Londres ?
Prise de court, Sophie regarda autour d'elle mais personne ne sembla s'inquiéter de la dispute qui était sur le point d'éclater. Le comte et la comtesse jouaient avec leur petite-fille, tandis que Margaret discutait avec le majordome. Même les domestiques vaquaient à leurs occupations sans s'alarmer des cris.
- Ne vous enfuyez pas en courant face à cette scène, glissa Margaret en s'approchant de Sophie. Dorothy est ainsi depuis que lady Whistledown a commencé à écrire.
Elle tendit à sa cousine le journal que le garçon vendait sur le trottoir un peu plus tôt. Sophie le parcourut rapidement, reconnaissant que la plume avait plus de qualité que celle d'une simple échotière.
- Mes amies Eloise Bridgerton et Penelope Featherington sont encore célibataires, poursuivit Margaret alors que Dorothy et Louis continuaient à se disputer en fond. Je vous les présenterai pour que vous ayez un peu de compagnie lors des bals. Malheureusement, on y invite rarement les femmes enceintes. Qu'aimez-vous faire, Sophie ?
Sophie fut surprise par le changement aussi abrupt de conversation qu'elle bafouilla avant de répondre :
- Lire.
- Parfait.
C'était la première fois que quelqu'un trouvait cela "parfait". Les parents de Sophie pensaient que son manque d'intérêt pour les raffinements de la vie mondaine l'avait empêché de se marier. Et puis il y avait cet autre chose également...
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Persuasion | BRIDGERTON T.3
Fanfic1815. Une année remplie de défis... Alors que son amie Margaret attend son second enfant, Penelope se désespère de se marier un jour, surtout lorsque son amour secret n'est pas réciproque. Un défi que Margaret décide de saisir : elle est certaine qu...