Chapitre 17

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Les fiançailles de miss Featherington et de M. Bridgerton ne sont pas les seules à être précipitées. Le reste de Londres a vite repris ses vieilles habitudes.

LA CHRONIQUE MONDAINE DE LADY WHISTLEDOWN, 28 AVRIL 1815


Alors qu'Eleanor regardait le plafond d'un air songeur, Anthony avait la tête posée sur son ventre. Les yeux fermés, il pensait au petit bébé qui était en train de se développer à l'intérieur. Son bébé. Il n'arrivait toujours pas à imaginer qu'il allait devenir père, et encore moins avec la femme qu'il aimait, chérissait et désirait le plus au monde.

Il déposa un baiser sur le ventre de son épouse. Il comptait prendre exemple sur son père pour élever ses enfants dans la joie, le partage, l'amour et surtout, il ferait en sorte d'être présent pour eux au moindre soucis. Il embrassa à nouveau avant de lever les yeux vers sa femme, qui le regardait avec un sourire. Il donna un troisième baiser mais cette fois-ci, avec d'autres pensées en tête.

- Anthony, on ne peut pas, dit fermement Eleanor.

- Pourquoi pas ? demanda son époux.

- Newton nous regarde.

Anthony tourna la tête vers le chien qui les fixait. Pour que ce dernier l'accepte comme maître, le vicomte avait dû user de ruse. Après tout, l'année passée, il le grognait à chaque instant et l'avait même poussé à l'eau une fois. Malheureusement pour lui, épouser Eleanor revenait à posséder Newton, alors il avait dû s'adapter.

- Tu vois, j'avais raison, poursuivit Eleanor alors qu'Anthony se laissa glisser dans ses bras.

- À propos de ton chien ? demanda son époux.

- Notre chien, le corrigea la princesse, comme elle en avait l'habitude. Et non, notre nouvelle. Ce n'est pas le moment de le dire à la famille. Pas avec les fiançailles et Francesca et le lord Kilmartin. Votre mère est débordée. Gardons notre secret un moment.

Anthony releva brusquement la tête. Il lui semblait impossible de ne pas dire au monde entier son bonheur de paternité.

- Est-ce la seule raison ? s'enquit-il. Tu es heureuse, j'espère.

Depuis des mois, il craignait qu'Eleanor ne fasse d'enfant par obligation. Il refusait cela, il voulait qu'elle soit tout autant heureuse que lui de cette nouvelle étape de leur vie.

- Très heureuse, le rassura Eleanor en l'embrassant avec conviction. Et très occupée.

Elle écarta son mari d'elle avant de se lever précipitamment du lit.

- Je dois planifier des fiançailles splendides, rappela-t-elle. 

Elle s'habilla et quitta la chambre, sous le regard médusé d'Anthony. Il pouvait encore sentir le parfum de son épouse sur l'oreiller et s'y allongea à nouveau afin de le humer. Il ne se lassait pas de cette odeur de lys et de savon qui l'obsédait la saison précédente. En ouvrant à nouveau les yeux, il vit que Newton l'observait, la tête penché sur le côté. Anthony fronça les sourcils avant de positionner un coussin entre le chien et lui.

Eleanor descendit pour planifier la fête avec Madame Wilson et les femmes de chambre. Ce ne serait pas aussi fastueux qu'un bal mondain, mais il y aurait quand même beaucoup de personnes de la société. Et la jeune femme ne voulait pas décevoir son beau-frère et sa future belle-sœur en leur offrant une soirée qui n'était pas assez élégante.

- Il nous faudra une ou deux tables supplémentaires, dit-elle en entrant dans le salon. Et que le cuisinier fasse des biscuits à la cannelle. Les préférés de Gregory.

Persuasion | BRIDGERTON T.3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant