Dominos

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟐

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𝐀𝐦𝐢𝐧𝐚，

Il y a 10 ans, ma vie a basculé.

Accusée d'un crime que je n'avais pas commis. Condamnée pour une horreur que je ne pouvais même pas concevoir.

Moi, Aminata, une meurtrière ?

Je n'avais jamais levé la main sur qui que ce soit. Comment aurait-on pu croire que j'avais ôté la vie d'un homme aussi puissant ? Que j'avais planifié, exécuté, tué sans remords ?

Le crime avait été organisé, oui. Mais pas par moi.

Par qui alors ?

Je le découvrirai.

Chacun de ceux qui m'ont accusée avait une raison de me détester. Ou au moins, de vouloir m'écarter de leur route. Mais parmi eux, qui était l'auteur de ce chaos ? Qui avait osé me désigner comme le monstre à abattre ?

Je ne savais pas. Mais je trouverai.

Je contemple les dossiers devant moi, étalés comme les pièces d'un puzzle infernal. Les visages de mes ennemis s'y dessinent, figés dans des expressions arrogantes ou hautaines. Tous coupables, jusqu'à preuve du contraire.

Ibrahima Siacko.

Un homme politique charismatique. Un candidat à la présidence presque assuré. Son nom était synonyme de pouvoir et d'ambition.

Je l'avais croisé plusieurs fois. Lorsqu'il venait rendre visite à Mohamed, son frère.

Mais jamais nous n'avions échangé plus que des formalités. Je n'étais rien pour lui, et il n'était rien pour moi.

Alors pourquoi moi ? Pourquoi m'accuser d'avoir pris sa vie ?

Ce meurtre avait détruit ma vie. Mon honneur. Ma liberté.

Je voulais la vérité. Je voulais le visage du vrai coupable. Et quand je l'aurai trouvé, il n'y aura ni pardon ni pitié. Je lui ferai payer, souffrir, tout perdre. Comme moi, j'ai tout perdu.

Dans cet enfer où j'ai été enfermée, les cris ne s'éteignaient jamais.

Là-bas, il y avait deux mondes : la chambre rouge et le laboratoire.

Je remercie Dieu d'avoir été envoyée au laboratoire. Pas parce qu'il était plus humain ; mais parce qu'ailleurs, je n'aurais jamais survécu.

Dans la chambre rouge, les jeunes filles étaient des jouets cassés, des corps qu'on utilisait jusqu'à l'usure. Celles qui tentaient de fuir revenaient brisées. Droguées, affamées, souvent mortes avant l'aube.

Et les enfants ? Des cobayes pour tester des produits chimiques. Les échecs étaient fréquents. Des corps qui se déformaient, des organes qui lâchaient, des vies qui s'éteignaient.

Et pourtant, malgré l'horreur du laboratoire, j'avais survécu. Pourquoi ? Parce que j'étais enceinte.

Je n'étais qu'un numéro pour eux, une variable dans leurs expériences. Ils me regardaient comme un sujet d'étude, pas comme un être humain.

Mais même là-bas, le nom d'un homme revenait souvent.

Le professeur.

Flashback

Je me souviens de la première fois où j'ai entendu ce nom.

C'était une nuit glaciale. Les murs de l'hôpital semblaient suinter d'humidité, et le silence était presque assourdissant. Je me tenais recroquevillée dans un coin de ma cellule, mes mains pressées contre mon ventre arrondi.