Dominos

𝐂𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟎

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𝓐𝓶𝓲𝓷𝓪𝓽𝓪 𝓜𝓪𝓵𝓪𝓲̈𝓴𝓪 𝓐𝓲̈𝓭𝓪𝓻𝓪 ,

"L'espoir est la dernière chose qui meurt dans le cœur d'une mère."

Je fixe le carnet, mes doigts crispés sur les bords comme si ce simple objet contenait le pouvoir de me libérer ou de m'emprisonner à jamais.

La pièce est oppressante, chaque respiration un peu plus lourde, chaque seconde un peu plus étouffante. L'envie de fuir m'assaille, mais je reste figée, incapable de bouger.

Parce que fuir, c'est renoncer.
Et je ne renoncerai jamais.

La psy me fixe, son regard calme, presque détaché, tranchant avec le chaos qui gronde en moi.

_ Alors, qu'est-ce que vous avez noté cette fois-ci ?

Ses mots résonnent dans l'air comme un coup de fouet, mais ils se perdent dans l'abîme de mes pensées. Je baisse les yeux vers le carnet. Un mot. Toujours le même.

Eliya.

Ce n'est pas ce qu'elle attend. Ce n'est jamais ce qu'elle attend.

Chaque semaine, elle me demande de lister ce que je veux améliorer. Mais améliorer quoi ? Comment pourrais-je améliorer quelque chose alors que tout m'a été arraché ?

_ La semaine dernière nous en avions parlé mais je réitère. Amina, et si ... vous deviez envisager une autre possibilité ? Un chemin différent de celui que vous suivez depuis tout ce temps...

La pièce devient plus froide, soudain. Le temps se suspend. Je sens mon souffle se bloquer dans ma gorge. Une autre possibilité ? Mais de quoi parle-t-elle ? Je refuse de comprendre, de laisser ces mots s'enraciner en moi. Non... Je ne peux pas.

Je serre le carnet dans mes mains, si fort que mes jointures blanchissent. Mon cœur tambourine contre ma poitrine, un rythme assourdissant qui écrase tout. Les mots sont là, cachés dans le sous-entendu de sa phrase, prêts à jaillir comme des serpents venimeux. Mais je ne les laisserai pas sortir. Pas aujourd'hui. Pas maintenant.

Je ferme les yeux, espérant que l'obscurité me protègera de la réalité qu'elle tente de m'imposer. Mais cette voix douce, cette voix qui tente de m'aider, continue :

_ Amina, avez-vous envisagé... qu'il soit... mort?

Non !

Non, je refuse de croire à cette idée.

Une décharge électrique traverse mon corps, un cri silencieux remonte jusqu'à ma gorge, mais je l'étouffe.

Mort ? Non.

Mes mains tremblent légèrement. Je sens un goût métallique monter dans ma gorge, et je serre plus fort encore, comme pour m'ancrer dans le moment, comme pour résister à cette éventualité que je ne veux pas entendre.

Il n'y a qu'une seule vérité pour moi.
Mon fils est en vie.

Je m'accroche à cette certitude, comme un naufragé s'agrippe à un morceau de bois en pleine tempête. Parce que si je relâche cette idée, alors c'est moi qui sombre.