MOON

05. Cabine d'essayage

Trente minutes plus tard.

L'air frais de la nuit faisait virevolter mes cheveux mais n'arrivait pourtant pas à sécher mes larmes qui n'arrêtaient pas de couler.

Mes mains ainsi que mes habits et mon visage étaient toujours tachés du sang du pervers et je n'avais qu'une seule envie, c'était de vomir.

Je tournai la tête et tombai sur la grosse arme qui pointait sur ma tempe depuis le début du trajet.

Quelle galanterie !

Après que Devon ait tiré sur le vieux pervers, il était parti sans rien dire et pour un moment j'avais cru qu'il me laissait enfin en paix. Mais bien sûr ce n'était qu'un rêve.

Il avait ordonné à ses hommes de "se débarrasser du corps" et ensuite me ramener à la maison en s'assurant bien sûr que je ne m'enfuisse pas cette fois-ci.

Et c'est comme ça que trente minutes après avoir failli me faire violer encore, je me retrouvai dans le coffre d'un pick up avec un type au visage sinistre qui pointait son arme sur moi.

Je repensai encore au visage de l'homme qui était mort plus tôt à cause de moi.

Devon l'avait tué.

À cause de moi.

Certes, c'était un pervers qui voulait me forcer mais c'était quand même moi qui l'avait aguiché en premier au bar. Je l'avais séduit pour pouvoir utiliser son téléphone sans savoir que j'étais en train de causer sa mort.

Mais il n'avait pas le droit de me forcer.

Devon lui a tiré une balle en plein dans la tête.

Quelques sanglots s'échappèrent encore de ma bouche, au souvenir de cette vision, sans que je ne puisse les arrêter. J'habitai avec un criminel, un assassin.

Et je venais d'assister à un meutre.

— Eh toi là, ferme la, gueula l'homme qui pressait son arme sur ma tête.

J'essayai de me calmer mais chaque fois que je fermai les yeux, je revoyais les yeux du vieux pervers et entendait sa voix m'accusant de sa mort.

Non.

Je finis par ouvrir mes yeux et vis qu'il n'y avait personne dans la rue. Celle-ci n'était même plus éclairée et il n'y avait pas de voiture. Seuls nous.

Quelle heure était-il ?

Mon pire cauchemar arriva lorsque je sentis la voiture ralentir signalant qu'on venait d'arriver chez Devon. Je ne voulais pas le revoir.

Je craignais de le faire. Il venait quand même de tuer quelqu'un de sang froid.

La voiture s'arrêta bientôt devant la maison et on m'ordonna de descendre, ce que je fis sans broncher.

Je rentrai avec tout mon corps qui tremblait. J'avais plus peur de lui maintenant. Je craignais mon père mais lui au moins, il n'avait jamais tué quelqu'un.

Donc là maintenant, retourner chez moi me semblait une solution miraculeuse plutôt que de retourner chez ce Devon Thorn.

Je commençais à monter les escaliers mais une voix froide m'arrêta directement :

— Où vas-tu ?

Je me retournai et le surpris dans un coin de la cuisine tenant un verre rempli d'alcool sûrement vu la couleur de la boisson.

— Tu te crois tout permis n'est ce pas ?

Il venait de déposer son verre avant de commencer à avancer vers moi. Son regard était tellement noir, on aurait dit qu'il voulait me tuer moi aussi.