Paroles brûlantes || OS Larry et Ziam

4. L. Pop war 🌸🌸🌧

- Allez, j'y vais, je lance à mes collègues en me levant.

- Déjà ? s'étonne Fred.

Un rapide coup d'œil à ma montre. Il est 20h17. C'est vrai que les gars ont plutôt l'habitude de me voir partir vers 22 heures. Parfois plus tard, ma seule contrainte étant la fermeture du RER à 0h30. Et encore, une fois tous les quinze jours, les soirs de bouclage, il n'est pas rare que je termine sur le canapé de Pierre.

Mais pas ce soir. Ce soir je suis claqué avec tout l'alcool que j'ai ingurgité. Je n'arrive pas à écrire une ligne et cela n'a rien à voir avec les mails qu'une célèbre pop star m'a envoyés, non.

- À lundi les gars, passez un bon week-end ! je lance aux mecs du service des sports. Stef, à demain, j'ajoute puisque lui et moi, mais aussi Marie et Annabelle, du service culture, Isma ainsi que Pierre, on va se rendre au concert de Harry Styles.

- À demain, Lou !

Dans l'ascenseur, je prépare déjà la clope que je m'apprête à griller et après avoir salué les vigiles, je passe les deux grandes portes du journal.

Le bouclé se tient de l'autre côté de la route, adossé à un mur.

Il est habillé totalement différemment de ce midi. Il porte un pantalon bleu marine un peu large avec une ceinture en cuir, un t-shirt gris à motif, rentré à l'intérieur, et un pull bleu ciel noué autour de ses épaules. Il a vissé une casquette sur sa tête. Il se fait tout petit, la tête basse, ne la relevant que de temps à autres pour ne pas louper ma sortie. Il essaie de se faire discret mais il me sourit quand il me voit traverser pour le rejoindre.

- Merci, dit-il quand j'arrive à sa hauteur.

- De quoi ?

- De me kidnapper.

- Ah parce que c'est un kidnapping ? je l'interroge en arquant un sourcil.

Il hoche la tête pour dire "oui" tout en continuant à sourire.

- Okay. Si on m'arrête, je plaiderai que j'étais bourré.

Maintenant, c'est lui qui m'interroge du regard.

- Tu es bourré ?

- Non, ça va, je suis en train de redescendre là... Eum, tu veux faire quelque chose ? Enfin, je ne sais pas ce qu'on pourrait faire sans que tu te fasses repérer...

- Tu fais quoi d'habitude à cette heure-ci ? me demande-t-il.

- Je travaille.

- Oh. Et quand tu as fini le travail ?

- Je prends le RER, tu sais, le train de banlieue, pour rentrer chez moi. Mais j'imagine qu'on va devoir prendre un taxi.

Un peu plus tôt, le chanteur m'a dit qu'il voulait s'endormir dans mes bras. C'était une drôle de requête mais, parce que j'étais encore bien déchiré à ce moment-là, j'ai répondu : "okay mais on dort chez moi".

Pourquoi j'ai accepté ? Aucune idée. Pourquoi j'ai voulu qu'on aille dans mon appart ? Encore plus un mystère. 

Une partie de moi pensait peut-être que ça le freinerait. Mais il a écrit : "C'est parfait. Je me prépare et viens t'attendre à la sortie de ton travail. J'ai regardé l'adresse sur mon téléphone, mon hôtel est tout près. Mais prends ton temps. A tout à l'heure. H." Après ça, je suis allé aux toilettes pour foutre ma tête sous le robinet et éclaircir un peu mes idées.

Et... nous voilà à chercher comment rentrer chez moi.

- Je peux prendre le RER. Je sais disparaître, regarde.