6. L. Pop War (fin) 🌸🌸🌧

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Harry PDV.

On vient de jouer le dernier morceau après les rappels et mes musiciens quittent la scène. Le public pense que c'est fini mais je m'approche doucement du piano, posant mes mains sur les touches noires et blanches en espérant qu'elles arrêtent de trembler. Je dois me râcler la gorge pour arriver à parler.

- Je voudrais chanter une chanson que j'ai écrit récemment. Eum... Excusez-moi..., dis-je alors que ma gorge se noue. Elle... Elle parle de la guerre. De ces hommes, des héros de l'ombre, qui risquent leur vie pour pouvoir raconter au monde entier ce qu'il se passe. Pour qu'on reste tous, TOUS, les yeux grands ouverts. Pour qu'on ne détourne pas le regard quand l'horreur se déroule sous notre nez.  Elle parle d'amour... et de mort aussi. Car parfois, la guerre ne nous rend pas les Hommes. Alors elle parle de ceux qui partent trop tôt et aussi de ceux qui restent et ne savent plus trop comment vivre avec ça. Cette chanson parle enfin d'une rencontre entre une pop star et un reporter de guerre. Ça s'appelle Pop war et c'est la première fois que je vais la chanter ce soir.

Mes paupières se ferment et tandis que je commence à jouer, je repense au passé.

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Un an plus tôt.

8 novembre.

Ça fait un peu plus de trois semaines que Louis est parti en Gabilit.

Communiquer avec lui, c'est compliqué. Il bosse beaucoup et le réseau n'est pas super bon car la ville se fait régulièrement bombarder, les lignes aériennes et les poteaux de télécommunication se retrouvant au sol à ce que j'ai compris.

Je sais qu'il vit dans un petit hôtel rempli de journalistes venus d'Europe mais aussi des Etats-Unis. Il partage sa chambre avec Stefan et deux autres reporters donc il n'a pas du tout d'intimité. Les rares fois où il m'a appelé, il y avait toujours du bruit autour de lui.

Alors on parle comme deux copains, deux potes qui prennent simplement des nouvelles et je crois que ça l'arrange bien.

De toute façon, Louis n'a pas beaucoup de temps pour lui et donc pour moi. Du lever au coucher du soleil, il est dehors, en train de faire ce pour quoi il est parti. Il écrit pour Pluriels avant tout mais il fait plus que ça. Il bosse pour plusieurs journaux car il est l'un des seuls journalistes français sur place alors il est très demandé. Il fait même des vidéos pour l'un de ces médias. Une par jour. Il apparaît face caméra et j'ai pris l'habitude de les regarder quand elles sont postées, même si je ne comprends pas ce qu'il dit.

La première fois que je l'ai vu apparaître à l'écran en tenue beige, avec son brassard "presse" rouge autour du bras, un casque de soldat et un putain de gilet part-balles sur le torse, mon sang s'est glacé.

Là, j'ai vraiment pris la mesure des risques qu'il encourt. Là, j'ai réalisé que, devant lui, sous ses yeux, deux peuples étaient en train de se battre. Que l'un tentait d'envahir l'autre et que les hommes se battaient pour défendre chaque ruelle, chaque quartier et éviter ainsi qu'il ne tombe dans les mains de l'ennemi.

Des soldats, aidés par des civils parfois très jeunes, qui combattaient contre une armée. Les seconds étaient les mieux équipés. Mais les premiers avaient l'avantage de connaître leur ville comme leur poche. Alors le conflit s'enlisait. Les combats faisaient rage : échanges de tirs, bombardements... Ce qui devait être une guerre éclair s'annonçait finalement plus compliqué pour le Raviskan qui peinait à renverser la Gabilit.

Et, au milieu de tout ça, au milieu des balles et des obus, il y avait LUI.

À moi, il ne dit rien de tout ce qu'il voit. Les rares fois où l'on arrive à échanger quelques mots, il me demande des nouvelles et veut que je lui raconte mes "exploits".

Paroles brûlantes || OS Larry et ZiamOù les histoires vivent. Découvrez maintenant