𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟎𝟏.

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𝘿𝙖𝙪𝙜𝙝𝙩𝙚𝙧 𝙤𝙛 𝙖 𝘾𝙤𝙥 – 𝙏𝙑 𝙂𝙄𝙍𝙇

Eris
Irlande, Galway

« La solitude vivifie, l'isolement imposé tue. » a dit un jour Joseph Roux.

Depuis des jours, je suis incapable de me sortir cette phrase de la tête, et de chercher à comprendre.

Suis-je seule, ou isolée ?

Si j'étais seule, je n'aurais pas d'amis. Même pas une. Je n'aurais pas de famille. Je n'aurais personne. C'est ça, etre seule.

Pourtant, j'ère dans la solitude depuis si longtemps, que je ne me souviens même plus des jours ou je me sentais comblée.

Alors je suis isolée.

Et selon internet, « l'isolement peut etre un état de quelqu'un qui vit isolé ou qui est moralement seul. ».

Si je suis les deux, alors pourquoi je ne sens pas cette partie qui est dite vivifiante ?

Les gouttes de pluie accélèrent vivement sur les grandes fenêtres, j'observe les feuilles tomber une à une du grand arbre qui prône au milieu de la cour, ou des élèves sont déjà en train de courir pour rejoindre le second préau ou les autres bâtiments.

Il pleut depuis des jours, et c'est surement l'unique chose qui me rend un tant soit peu heureuse, aujourd'hui.

J'adore la pluie.

Etrangement, j'adore l'hiver. J'adore entendre les gouttes de pluie sur mon velux, le vent frapper contre les parois en bois de la grange, et m'enrouler dans deux couettes chaudes.

Cette année, ils ont même prévu de la neige. Il n'a pas neigé en Irlande depuis des années, et c'est ce que nous attendons depuis très longtemps, depuis des années, avec Nolaan.

Il y a peu de chose que nous animent, lui et moi. Malheureusement, j'ai fait tout ce qui est en mon pouvoir pour qu'il ne traine pas cette meme solitude et cette affreuse déprime constante sur son dos, mais j'ai échoué.

J'avais une chose à faire, et je l'ai foiré.

-Tu penses à quoi ?

Sortie vivement de mes pensées, je sursaute et trouve deux yeux foncés qui s'ancrent tout de suite dans les miens. Dina s'assoit à mes côtés sans rien dire alors que je ne réponds même pas, et sors une gamelle de son sac en souriant.

-Dina, dis-je en me redressant. C'est mardi, tu manges avec tes copines, normalement. Pourquoi tu es la ?

-Je te dérange ? Tu attends quelqu'un ? demande-t-elle en souriant narquoisement, sachant pertinemment que ça n'arrivera jamais.

Elle remet en place son bandeau violet et sa frange, et me tend un pain chapati, un des mets indiens que je préfère. J'adore tous les plats qui viennent de chez elle, surtout quand ils sont faits par sa mère, mais elles savent que le pain chapati est mon préféré.

-Merci Din. Tu... tu aurais pu aller manger avec les filles.

-Tu n'es pas venu hier, tu n'es pas venu à l'entrainement samedi matin, ça fait trois jours que je passe sans toi... c'est trop. Je voulais voir ma meilleure amie, qui n'a pas l'air d'avoir envie de me voir, dit-elle en souriant.

J'essaie de lui rendre le même avant de détourner le regard pour observer à nouveau les gouttes de pluie. Cette fois-ci, je croque également dans mon pain.

Quasiment tous les midis, je mange dans la salle 106 du bâtiment B de l'école. C'est ma dernière année, et je peux dire que j'ai passé plus de temps en six ans, dans cette salle, que dans la cafétaria ou la cantine.

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