𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟎𝟒

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Genesiscore – Grimes

𝐄𝐫𝐢𝐬

Ceux qui font le mal sont souvent les plus malheureux.

C'est ce que j'ai souvent entendu, au cours de ma courte vie. Dans les films, dans mes livres, ou pire encore, dans la vraie vie. Ainsi, je me suis rabattue sur la psychologie, afin de comprendre si c'était un réel système de défense chez certains humains.

Maudits cerveaux humains, maudites psychologies, j'ai commencé à avoir de la peine pour toutes ces personnes qui me faisaient du mal.

Cette façon de voir les choses me maintenaient en vie, d'une certaine manière. Quand je les entendais parler de moi, quand ils se mettaient à chanter tous en cœur une musique inventée sur moi quand j'arrivais au self, ou ces garçons qui sont venus me demander combien je prenais, je me répétais en boucle qu'ils devaient etre atrocement malheureux.

Qu'eux aussi, en rentrant chez eux, ils souffraient autant que moi. Mais qu'a contrario de moi, c'est en abimant les autres qu'ils s'apaisaient, et non pas en dessinant à coups de lame sur leur corps.

Alors quand ils m'insultaient, quand ils s'amusaient à parler de moi anonymement, quand ils m'ont tous humilié après cette soirée et Antoine, je me répétais en boucle qu'ils souffraient. Qu'ils étaient morts de l'intérieur, et que leur méchanceté était le reflet de leur malheur.

Ils devaient etre vachement malheureux.

J'ai cessé de penser ça quand j'ai vu Will tabassait ma mère à coup de chaise en bois.

Lui, sa souffrance m'était égal. Qu'il reproduise un schéma qu'il avait surement déjà vécu, je m'en fichais pas mal. Ça n'effaçait plus la douleur. Ça n'enlevait plus la colère. Je le détestais. Je n'avais aucune alternative à la douleur qu'il nous infliger, rien, pour me rassurer sur le mal que je ressentais, rien qui me faisait tenir.

Will avait gâché la seule manière que j'avais pour espérer prendre une revanche.

Tous les connards ne sont pas malheureux.

Tous les connards ne sont pas juste des enfants qui étaient trop tristes.

Et surtout, rien ne justifie leur atrocité.

Certains sont justes horribles, car c'est facile quand on est supérieur, d'etre quelqu'un de mauvais. C'est facile, de briser, quand on n'a jamais eu à se réparer.

-Tu m'écoutes ?

Dina, assise à côté de moi pour s'étirer, me sort à nouveau de mes pensées.

-Non, désolée. Je pensais à autre chose.

J'essaie de sourire à ma seule et unique amie, qui m'en rend un encore plus grand tout en sachant pertinemment que c'est un effort pour moi de le faire.

Elle pourrait se vexer. Elle pourrait me détester, d'etre si froide et si peu souriante meme à ses côtés.

Car la douleur n'excuse pas la méchanceté, comme je le dis.

Mais Dina n'en fait rien, au contraire, elle continue de venir me chercher jusqu'au bout. Elle, elle n'a pas quitté les vagues, elle nage en plein dedans, refusant de rejoindre la rive.

La question que je me pose est, est-ce qu'elle abandonnera, comme moi je l'ai fait avec ma mère, quand j'irais nager trop profond ?

-On fait une soirée, ce week-end, avec les filles. Tu veux venir ? demande-t-elle en souriant de toutes ses dents, m'offrant ses petits yeux doux qu'elle utilise pour nous faire tous craquer.

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