𝙈𝙮 𝘼𝙡𝙘𝙤𝙝𝙤𝙡𝙞𝙘 𝙁𝙧𝙞𝙚𝙣𝙙𝙨 – 𝙏𝙝𝙚 𝘿𝙧𝙚𝙨𝙙𝙚𝙣 𝘿𝙤𝙡𝙡𝙨
Eris
La nuit est tombée depuis longtemps, quand nous sortons de l'école primaire. La pluie n'a pas cessé, au contraire, et comme moi, ce sont les gouttes qui tombaient sur la fenêtre que mon frère observait.
Dans son monde, loin de nous, il ne nous entendait même pas quand nous nous adressions à lui.
Un instant, je me suis dit « c'est à ça, que fais face Dina ? » et je m'en suis voulu. Ça n'a rien d'agréable, de faire face à ceux qui donneraient tout pour ne pas etre avec vous.
Sous mon parapluie, je fais gaffe à ne pas marcher dans les immenses flaques d'eau ancré dans le sol creux du sentier de la foret, nous éloignant de la ville pour retrouver notre maison perché dans les hauteurs d'un coin de campagne.
Nolann marche devant moi, les mains dans les poches, protégés seulement par sa capuche, refusant probablement de s'approcher de moi et de parler, comme toujours.
J'ai tout de même retiré mes écouteurs, on ne sait jamais si un instant, une envie de s'ouvrir lui prenait.
Puis je me souviens qu'il est comme moi, et que ça n'arrivera surement jamais.
Alors je marche, bercée seulement par les gouttes qui frappent contre mon parapluie, et encerclée par l'odeur de la foret mouillée, de ses sentiers d'herbe à ses grands arbres verts.
Quand j'étais plus petite, cette foret m'effrayait. Je détestais rentrais de l'école toute seule, car je savais que j'allais devoir passer devant pour retrouver la maison, qui se trouve derriere. Maintenant, je passe parfois mes nuits entières à m'y balader, musique à fond dans les écouteurs. Elle ne m'effraie plus. Au contraire, c'est le refuge que je trouve quand la maison me fait trop peur.
La foret est devenue une meilleure compagnie.
Le sentier gravis, nous arrivons enfin devant notre grand terrain et face à notre maison.
Nolann ouvre la porte nonchalamment de notre vieille maison de campagne, et s'est déjà enfouie à l'intérieur quand je monte les marches et accroche mon parapluie sous le porche pour qu'il sèche. Une douce brise accompagnant l'odeur de pluie me ramène un instant dans mes souvenirs. Les premiers jours ou nous nous sommes installés ici, maman, Nolann et moi. Nous avions craqué pour cette petite maison rouge qui ressemble à une chaumière d'elfe en plus grand, mais le grand jardin menant à la foret avait formalisé notre choix.
Le terrain autour de la maison et de la grange du fond était assez grand pour le potager de maman, et sa petite ferme qu'elle voulait tant avoir.
Treize ans plus tard, j'ai l'impression que la maison pourrait s'effondrer du jour au lendemain, et le bruit de la pluie sur la tôle nous rappelle qu'elle peut se briser à tout moment. Il n'y a plus de ferme, plus d'animaux qu'on aimait tant, et la grange n'est plus qu'une vieille ruine qui ne sert qu'a Nolann et moi, quand rien ne va plus.
J'entre à mon tour dans la maison, et constate à mon ménage d'hier toujours intact, que personne n'est rentré de la journée. Je pose mes affaires sur le canapé noir délavé et troué par des cendres de cigarettes, qui devrait etre jeté depuis longtemps, pendant que Nolann fini le verre d'eau qu'il s'est servis.
-Assieds-toi, je vais faire à manger, dis-je en l'interceptant alors qu'il était sur le point de rejoindre le couloir pour s'enfermer dans sa chambre comme la plupart du temps.
-Je n'ai pas faim.
-Assieds-toi, j'ai dit.
Nolann n'est pas un enfant insolent, ou du moins, pas avec moi. Il boude, il fait la tête, il est souvent énervé, souvent froid et pas très bavard, mais m'écoute toujours. Alors il fait ce que je lui dis, et s'assoit à la table en bois au milieu de la cuisine ouverte que je rejoins à mon tour.
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Romance« 𝐋𝐚 𝐬𝐨𝐥𝐢𝐭𝐮𝐝𝐞 𝐯𝐢𝐯𝐢𝐟𝐢𝐞, 𝐥'𝐢𝐬𝐨𝐥𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭 𝐟𝐨𝐫𝐜𝐞́ 𝐭𝐮𝐞. » Eris Walsh n'a aucun refuge. Entre la violence d'une maison dirigée par un homme aux mains ensanglantées, le vendeur de drogue de Galway, et le chaos d'un lycée dan...