𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟎𝟓

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𝙅𝙪𝙨𝙩 𝙏𝙖𝙠𝙚 𝙈𝙮 𝙒𝙖𝙡𝙡𝙚𝙩 – 𝙅𝙖𝙘𝙠 𝙎𝙩𝙖𝙪𝙗𝙚𝙧'𝙨 𝙈𝙞𝙘𝙧𝙤𝙥𝙤𝙥

Layan

Vivre avec quelqu'un d'addict, c'est comme rester à un point fixe, toute sa vie, ou avancer à reculons. Faire trois pas en avant, puis parcourir un sentier entier en arrière.

Vivre avec quelqu'un d'addict, c'est en déclencher une de son côté. L'addiction à ses sentiments desquels nous sommes incapables de nous détacher un seul instant.

Vivre avec junkie, c'est vivre dans une cellule sur le point d'exploser à tout moment.

-Alors mon chéri, comment s'est passé ta semaine ? me demande ma mère en posant le plat de salade au centre de la table. On ne s'est pas beaucoup vu, ces derniers temps.

Il m'arrive d'en vouloir à ma mère. Pour des raisons stupides et injustes, mais parfois, c'est plus facile de la blâmer elle, car en fin de compte, moi non plus, je ne sais pas comment gérer le problème.

J'aimerais lui demander comment elle peut faire aussi bien semblant. Comment elle peut faire comme si de rien était, face à mon frère assis à notre table dans le plus grand des calmes, après avoir passé la semaine dehors.

Comme si son train de vie était normal, comme si, il n'y avait rien d'inquiétant.

-Ca va. On s'entraine beaucoup avec l'équipe pour préparer le match. Avec les devoirs à coté, je n'ai pas beaucoup de temps pour respirer.

-Et vous faites bien, s'exclame mon père. Vous ne pouvez pas vous permettre de rater le match d'entrée, sinon, vous êtes foutus.

-Et tu ne peux pas te permettre de rater ton bac non plus, complète ma mère en faisant les gros yeux à son mari, comme à chaque fois qu'ils se chamaillent sur ce sujet.

Mon père est entraineur de basket, et ma mère professeure à l'université. Autant dire que les deux n'aspirent pas au même avenir pour moi, et que leur priorité à chacun ne sont surement pas les mêmes.

Avec un père basketteur, c'était une évidence pour moi, d'etre comme lui. Et avec une mère professeur et doctorante, je ne pouvais pas non plus rater mon parcours scolaire. Je me demande encore comment peuvent-ils douter de moi, sur les deux points.

-J'ai seize de moyenne, pour l'instant, maman. Et papa, nous sommes sur une bonne voix. Ça m'étonnerait beaucoup qu'on perde.

-Il est quand ton match ?

Tous intrigué et surpris d'entendre une voix qui se fait si rare, nous posons notre regard sur Jack, étonné comme à chaque fois qu'il nous adresse la parole.

Vivre avec un drogué, comme je l'ai dit, c'est compliqué.

Parfois, il est capable de venir dans ma chambre en pleine milieu de la nuit pour me parler de ses nouveaux projets, me montrer ses dessins, me forcer à sortir avec lui pour une session graff, comme lorsque nous étions un peu plus jeunes, ou aller jouer au basket. Il a l'air heureux. D'aller bien, et surtout, de se rappeler qu'il a un frère, une famille.

Il y'a des jours parfaits. Des jours ou, on peut presque oublier qu'il est drogué jusqu'à la moelle, car son comportement est presque normal. Nous passons des journées normales, comme une famille normale, avec des enfants normaux.

Puis, il y'a les jours les plus courants, ceux ou Jack n'est que l'ombre de sa drogue. L'ombre de ce que cette addiction à créer en lui. C'est un trou noir, vide, profond et surtout, perdu trop loin pour qu'on puisse aller le chercher.

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