INTERLINKED

𝐜𝐡𝐚𝐩𝐢𝐭𝐫𝐞 𝟏𝟏

                    𝘚𝘸𝘦𝘦𝘵 𝘋𝘳𝘦𝘢𝘮𝘴 (𝘚𝘬𝘺 𝘓𝘪𝘬𝘦 𝘋𝘳𝘦𝘢𝘮𝘴) –
                            𝘍𝘦𝘳𝘥𝘪𝘯𝘢𝘯𝘥  𝘧𝘬𝘢 𝘓𝘦𝘧𝘵 𝘉𝘰𝘺

𝐄𝐫𝐢𝐬

Que reste-t-il d'une âme, après avoir sombré au plus profond des ténèbres ?

Que reste-t-il d'une vie, quand celle-ci est constamment mise à l'épreuve par cette envie de rejoindre la mort ?

Ces questions m'accompagnent souvent, et chaque jour, je n'en trouve pas les réponses.

Comment vivre normalement, quand son existence est gâchée par celles des autres ? Quand la simple vie d'autrui est assez pour détruire la nôtre ?

Celle-ci, en revanche, j'ai eu rapidement la réponse.

On attend, désespérément, le « un jour tout ira mieux ». La fameuse phrase de l'entourage ne sachant plus quoi dire, des psychologues de l'école, alarmés par les professeurs, qui nous forcent à les voir au moins une fois par semaine et nous rabâcher qu'après le lycée, l'enfer sera fini.

Comment espérer qu'il se termine, s'il faut le subir pour en toucher le bout ?

On se fiche pas mal, qu'après, tout ira mieux, quand rien ne va actuellement. Vivre dans l'attente de ne plus souffrir, un jour ou l'autre, ce n'est pas une vie.

« Un jour tout ira mieux ». Une phrase remplie d'espoir, alors que ce jour-là n'arrive jamais.

-Tu m'expliques ?

Plongée dans mes pensées en observant le maillot que je porte encore, je me tourne doucement vers la voix que je reconnais tout de suite.

J'émerge du monde dans lequel je m'étais repliée pour essayer de faire abstraction à tous les regards, les chuchotements et les moqueries, pour poser mon regard sur Andréa. Un sourcil arqué, les mains sur ses hanches, je vois bien qu'elle n'a qu'une envie, m'étriper et m'arracher le maillot de Layan.

Je la comprends, je serais surement dans le meme état qu'elle, à sa place. Alors j'essaie de faire un effort et de sourire un petit peu, pour espérer la rassurer, mais elle ne me laisse pas le temps de m'expliquer.

-Si tu te tapes Layan, j'aimerais le savoir, Eris, parce que ça commence à m'énerver, tous ces regards en coin, ces messes basses, et maintenant, son maillot sur ton dos.

-Pas du tout, Andréa. T'y es pas du tout. Il n'y a rien entre lui et moi, bien au contraire, je...

-Alors pourquoi tu as son maillot sur le dos ?

Moi-même je me pose la question.

Je ne sais pas pourquoi j'ai accepté. J'aurais pu refuser, et tout bonnement abandonner le match et l'équipe, pour ne porter ni le nom de Hugo, ni le maillot de Layan, mais encore une fois, je n'ai pas su refuser.

Un mauvais sentiment m'a laissé entendre ses mots qui m'avaient l'air encourageants et remplis de soutien alors qu'encore une fois je sombrais et fuyais comme une lâche.

J'ai eu une infime impression de le voir croire en moi, et me donnait une chance de le faire aussi.

Alors que j'avais envie de le tuer, quand je l'ai vu au côté de Nolann, dans ces vestiaires, quand il m'a tendu son maillot, ma colère a disparue, et cet effroyable sentiment s'est agrippé à mon cœur, laissant tomber toutes mes barrières.

Je n'aurais pas dû, car si porter le nom de Hugo faisait jubiler et rire certains, revenir avec le maillot de Layan sur le dos, n'a pas plu du tout.

Andréa a l'air d'avoir envie de me tuer. Ses deux yeux verts me foudroient d'un regard noir et froid, et son air hautain me rappel à quel point elle aussi, me méprise comme tous les autres.