La Famille Genova

Chapitre 2

Comme tous les ans, les garçons sortirent le premier soir, mais cette fois-ci, mes parents nous autorisèrent à les accompagner. Ari et moi nous préparâmes dans notre chambre en écoutant et chantant de la musique. Nous gloussâmes comme des petites filles de 12 ans, trépidantes d'impatience.

- Leonnie, c'est la première fois qu'on va pouvoir sortir sans les adultes ! Pour une fois, il n'y aura que tes frères, ton cousin, Liyam, Elena, et Constance ! J'ai trop hâte !! Ça va être vraiment incroyable !

- Je te rappelle qu'il y aura justement mes frères, et mon cousin, et Liyam ! Honnêtement, ça m'étonnerait qu'on puisse vraiment faire quelque chose de cool.

- Tu es toujours pessimiste, Leo, tu verras, fais-moi confiance, ça va être fabuleusement INCROYABLE ! déclara-t-elle de façon théâtrale tout en finissant de se lisser les cheveux.

Au même moment, Hayden cria depuis le bas des escaliers qu'il était temps de partir. Nous nous empressâmes urgemment de finir de nous pomponner et de nous parfumer. J'attrapai au vol mon sac et dévalai les escaliers pour rejoindre toute la troupe à l'entrée. Nous nous séparâmes en deux groupes : celui des garçons et celui des filles. Juliaan conduisit la voiture des crétins et Elena celle des princesses. Sur le chemin, nous chantâmes à pleins poumons *Set Fire to the Rain* d'Adele tout en rigolant. Cette soirée s'annonçait plutôt bien finalement ? Nous arrivâmes enfin sur le parking de la boîte de nuit du centre-ville. En descendant de la voiture, Ari et moi nous précipitâmes vers la porte d'entrée avant d'être stoppées net par Juliaan, Hayden, Timéo, et Liyam. Tous les quatre se tenaient particulièrement droits, le torse gonflé et le regard assassin. Ils étaient ridicules. Juliaan commença le premier à nous mettre en garde.

- Bon, c'est la première fois que vous venez avec nous, donc on vous prévient ! Vous restez à proximité de l'un d'entre nous, toute la soirée. S'il se passe quoi que ce soit, ma mère va me tuer et vos parents aussi ! Ne prenez pas le risque de ruiner notre été.

Juliaan continua sa petite leçon de morale et de bonne conduite, en parlant distinctement avec une grosse voix. Hayden, Timéo, et Liyam acquiescèrent en signe d'approbation à ce magnifique discours d'avertissement. Elena secoua la tête, désespérée.

- Vous avez compris ? ajouta Timéo.

- Oui, ne vous inquiétez pas ! On a 17 ans ! Pas 12, hein ! répondit ma meilleure amie d'un ton détaché.

- Ne vous en faites pas les garçons, on vous promet de ne pas tomber enceintes ce soir ! lançai-je en souriant.

- Bon, on y va ? ajouta mon second frère, impatient.

Le pas de la porte passé, nous pénétrâmes dans un univers totalement différent. La boîte était super spacieuse, les plafonds étaient hauts, le bruit assourdissant résonnait partout, les lumières aveuglantes tournaient dans tous les sens, et la foule se déchaînait dans chaque coin de la salle. Tout était exactement comme je l'avais imaginé. Pendant un moment d'inattention de ma très chère équipe de sécurité personnelle, Ari et moi nous enfonçâmes dans la foule pour danser et profiter de la liberté avant d'être rattrapées par nos gardes du corps. Ce fut seulement dix minutes plus tard qu'Elena nous rejoignit. J'en profitai pour la laisser avec Ari et m'éclipser quelques minutes. Après avoir réussi à me frayer un chemin vers les espaces assis, je m'assis sur un petit canapé confortable pour souffler hors de cette foule devenue étouffante. Je fus vite rejointe par un homme d'une vingtaine d'années, grand, aux cheveux bruns et au regard ténébreux. Celui-ci s'assit près de moi, un peu trop à mon goût.

- Salut, ça va ? me demanda-t-il directement après avoir pris place à mes côtés.

Prise par surprise, je bafouillai :

- Euh, oui et toi ?

Pourquoi voudrait-il discuter ou s'intéresser à moi parmi tout ce monde ?

- Très bien, ma belle, tu es vraiment mignonne. On te l'a déjà dit ?

- Euh... je... merci.

Après un long silence, je regrettai d'être venue m'asseoir seule ici. L'étranger me scruta de la tête aux pieds avec insistance. La nervosité me submergea. Je tentai d'apercevoir un membre de mon entourage, mais en vain. Personne ne viendrait à mon secours. Je me levai rapidement sans prêter attention à cet homme trop collant et partis rejoindre les autres.

- Bon, je dois y aller, salut.

Il se leva aussitôt et m'attrapa le poignet.

- Reste avec moi, je ne vais pas te manger, n'aie pas peur voyons !

Tout en me tenant fermement le poignet, il porta son verre d'alcool à ses lèvres et me regarda d'un air pervers. Sans m'y attendre, il tira sur mon poignet pour me rapprocher de lui. Prise de panique, je tentai de me dégager de son emprise, mais malheureusement, je n'y parvins pas. Il se pencha vers moi après avoir repoussé une mèche qui tombait sur mon visage et tenta de m'embrasser. J'essayai de trouver un moyen d'échapper à cette situation, quand je vis l'homme qui me tenait valser sur le côté, après s'être pris un coup au visage. Je levai la tête et me retrouvai nez à nez avec Liyam. Celui-ci regardait l'homme au sol avec une expression que je ne lui connaissais pas. Après une minute semblable à une éternité, Liyam se tenait toujours devant cet homme, les poings serrés, prêt à bondir. Mon admirateur peu désiré se leva et partit en marmonnant quelque chose d'imperceptible.

Liyam me regarda enfin et s'approcha de moi.

- Leo, ça va ? Il m'observa comme si j'étais en sucre ou que j'allais me briser.

- Oui, t'inquiète, je vais bien, je t'assure.

- Sûre ?

Après avoir acquiescé, il me prit le bras et m'entraîna rejoindre ma famille. Je m'arrêtai de marcher avant de pénétrer dans la foule. Il se retourna et me regarda de nouveau, inquiet.

- Merci, Liyam...

Il me regarda, perplexe.

- ...de m'avoir aidée avec ce gars, ... tu n'étais pas obligé, merci de l'avoir fait.

Il s'approcha de moi, me regarda tendrement et dit :

— Leo, je serai toujours là pour toi, je te le promets.