Chapitre 10

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J'eus le souffle coupé, la proximité entre nous m'empêchait de réfléchir. L'air se chargea d'une électricité palpable, chaque centimètre nous séparant semblait brûler d'une intensité insupportable. Il fut le premier à briser le silence, sa voix basse et rauque résonnant dans l'espace restreint.

- Ça faisait longtemps que tu n'avais pas été sans voix face à moi. Je ne savais pas que je te déstabilisais autant.

Son ton, mi-taquin, mi-défiant, me fit frémir. Mon cœur battait à tout rompre, trahissant le tumulte intérieur que je tentais de masquer.

- Bien sûr que si, Liyam, tu le savais très bien, finis-je par bredouiller, les mots peinant à franchir mes lèvres.

Son regard s'assombrit, et une lueur indéchiffrable passa dans ses yeux. Il fit un pas de plus vers moi, réduisant à néant la distance qui nous séparait.

- Et comment aurais-je pu le savoir, Leo ? Depuis le début de l'été, tu es tellement distante avec moi, ajouta-t-il, sa main effleurant mon visage pour repousser une mèche de cheveux tombée sur mes yeux. Son contact, bien que léger, déclencha une vague de frissons incontrôlables qui me parcoururent tout le corps.

Je sentais le poids de ses mots, leur accusation cachée sous une fausse légèreté. J'eus du mal à soutenir son regard, cherchant désespérément un échappatoire à cette confrontation.

- Toi aussi, tu es distant, répliquai-je, ma voix à peine plus qu'un murmure.

Liyam serra les mâchoires, ses yeux se plissant légèrement, trahissant une tension qu'il tentait de maîtriser.

- Si tu ne t'étais pas mise avec l'autre guignol, je n'aurais pas été obligé de l'être !

La jalousie perçait dans sa voix, ajoutant une couche supplémentaire à l'atmosphère déjà suffocante. Mon cœur fit un bond, une lueur d'espoir insensée émergeant en moi malgré la colère qui montait.

- Ah, tu es jaloux ? Tu voudrais qu'on soit proches ? soufflai-je en me rapprochant encore plus de lui, franchissant la dernière frontière entre nous. Nos souffles se mêlaient, nos regards s'accrochaient, et pour la première fois, je vis Liyam perdre toute son assurance.

Il se figea, incapable de répondre. Ses yeux, qui d'habitude brillaient de malice, étaient désormais embués d'une confusion palpable. C'était comme si, en un instant, toutes ses certitudes s'étaient écroulées.

- Je ne savais pas que je te déstabilisais autant, ajoutai-je avec une pointe de défi, sentant l'emprise que je commençais à avoir sur lui.

Un sourire triste se dessina sur ses lèvres, et il laissa échapper un rire étouffé, comme s'il se moquait de lui-même pour avoir laissé la situation lui échapper.C'est à ce moment-là que nous entendîmes des pas se rapprocher, brisant l'instant comme une gifle en plein visage. Liyam s'écarta presque instantanément, comme si notre proximité l'avait brûlé. Cette habitude qu'il avait de se retirer dès qu'il y avait un risque d'être surpris me blessait plus que je ne voulais l'admettre. Puis la porte s'ouvrit.

- Alors, c'était comment, mon pote ? Tu t'es bien amusé ? demanda le garçon qui nous avait enfermés quelques minutes auparavant.

Liyam, comme s'il reprenait son masque habituel, rétorqua avec une aisance retrouvée :

- Ouais, de fou, mon pote ! lança-t-il en sortant avec un grand sourire. T'as pas quelque chose à boire ? Je meurs de soif, ajouta-t-il en prenant le garçon par les épaules, sans même un regard pour moi.

Je sortis à mon tour, la tête baissée, réalisant avec amertume que je ressentais encore quelque chose de très fort pour Liyam. Mais lui, tout ce qui l'intéressait, c'était de s'amuser et de collectionner les conquêtes. Chaque semaine une nouvelle fille, chaque semaine une nouvelle histoire. Et malheureusement pour moi, aucun Kevin du monde ne pourrait changer ce que je ressentais pour Liyam Walker.

La Famille GenovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant