Chapitre 7

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Liyam*

À table, j'aperçus Ari montrer son téléphone à Leonnie comme pour lui signaler quelque chose. L'instant d'après, elles s'échappèrent pour aller regarder un film dans leur chambre. Soi-disant ! Je savais pertinemment que c'était un mensonge. Elles allaient se rendre à ce putain de rendez-vous avec ce Kevin.

Depuis notre discussion de ce matin, j'y pensais toute la journée. À quoi bon ? Leo n'avait jamais été aussi décidée. Je ne devrais pas m'en faire autant ! Elle faisait ce qu'elle voulait. Bientôt majeure, et puis merde, elle n'était pas ma famille ou je ne sais quoi. Ce n'était que la petite sœur de mon meilleur pote. Merde. Quelque chose avait changé, elle avait changé. Autrefois si timide, elle devenait affirmée et mystérieuse. Sa façon de me parler ne m'avait pas déplu. Étonnamment !

Je prévis Timéo que j'allais faire un tour en ville m'acheter un paquet de cigarettes. En vérité, je comptais m'assurer que les deux filles les plus stupides de la planète ne se jetteraient pas dans la gueule du loup. Je ne leur faisais pas confiance, surtout quand elles étaient ensemble. Mais celui que je redoutais, c'était ce connard de Kevin. Je les suivis de loin pour qu'elles ne remarquent pas ma présence. Leo portait une robe courte en plus. Bordel. Elle lui allait très bien, même trop. Ce n'était pas le problème mais son inconscience la mènerait à sa perte. Elle ne voyait le mal nulle part. Le monde était cruel, surtout pour une fille comme elle. Même si j'appréciais Ari, je n'étais pas sûr qu'elle soit capable de réagir face au danger. Je n'avais pas d'autre choix que de m'assurer de leur sécurité. Je me plaçai à l'autre bout de la rue en gardant une bonne vision sur la terrasse du bar.

Quand elle arriva, il lui fit un grand sourire, un peu trop malicieux à mon goût. Salopard. Elle avait l'air de passer un bon moment. Ils n'arrêtaient pas de rigoler. Un peu trop. Je n'étais pas dupe, je connaissais ce genre de garçon et cette technique de drague. Le résultat était le même dans toutes les scènes. Il la manipulait pour arriver à ses fins. C'est-à-dire son pieu pour ceux qui étaient largués. Comme elle. Ce rendez-vous me parut durer une éternité mais j'avais bien fait de rester car je vis Ari partir et laisser sa meilleure amie seule avec ce pervers. Inconsciente !

Leo se leva après quelques heures. Enfin ! Elle se décidait à partir pour mon plus grand plaisir ! Elle le salua et il finit par l'embrasser sur la joue, lui caresser le bras avant de lui prendre la main. Dites-moi que c'était une blague. JE RÊVAIS ! Mon sang ne fit qu'un tour, j'étais prêt à lui sauter dessus et cette fois-ci il ne se relèverait plus, l'enfoiré. Ma colère se transforma en rage lorsqu'elle lui rendit son baiser sur la joue. Je me levai et balançai la chaise sur laquelle j'étais assis. Je me cachai quelques secondes pour reprendre mon souffle. Comme tout gars qui se respecte, je donnai un coup de poing dans le premier mur que je trouvai. Je me calmai et attendis de la voir passer pour continuer à la suivre de loin. Elle marchait son téléphone à la main sans faire attention à ce qui l'entourait. Non mais elle cherchait vraiment les problèmes. Je devais lui parler. Une montée d'adrénaline monta en moi et j'accélériai le pas. Je la rattrapai avant que nous arrivions au chalet. Je fis du bruit derrière elle. Leonnie se retourna et alluma la lampe de son téléphone portable.

- Liyam ? C'est toi ?

Je me rapprochai doucement pour qu'elle puisse mieux me voir. Elle soupira de soulagement.

- Mais qu'est-ce que tu fais là ! Tu m'as fait peur !

C'était un reproche ?

- Tu croyais sérieusement que j'allais te laisser sortir avec lui, sans m'assurer que tout se passait bien ?

- Oui, Liyam ! répondit-elle. Ari était là, ce n'était vraiment pas nécessaire.

- Tu crois ? Elle est où Ari ? Ta meilleure amie qui est censée te « protéger » ?

Elle me regarda avec détachement.

- Imagine si ça n'avait pas été moi ! Qu'est-ce que tu aurais fait toute seule ? Hein ? Rien du tout, Leo. Rien !

Je l'engueulai comme j'engueulerais un gosse.

- Tu m'as véritablement suivi jusqu'ici pour m'effrayer ?

Elle m'interrogea en rigolant. Non mais c'était seulement ça qui l'inquiétait ! Elle continua.

- Désolée de te le dire mais tu as vraiment du temps à perdre, Liyam.

Elle reprit son chemin en me plantant là. C'était une manie chez elle de s'enfuir à chaque fois ? En plein milieu d'une conversation qui plus est ! Je la rejoignis en quelques pas.

- Je n'ai pas perdu de temps, Leonnie, je voulais seulement m'assurer que tu n'étais pas en danger.

Elle me regarda surprise et amusée. J'avais dit quelque chose de drôle ?

- Ah, parce que tu t'intéresses à moi maintenant ?

Cette fois, elle rigola avec un rire amer. Je ne savais vraiment pas ce qu'elle cherchait, mais je commençais sérieusement à être agacé.

- Tu es tellement naïve. Tu ne me laisses pas d'autres choix que de m'assurer que tu ne fasses pas quelque chose de stupide, ma petite Leo.

- Bien sûr que si, Liyam. Tu as le choix. Je ne suis personne pour toi après tout.

C'était bon, elle m'avait chauffé.

- T'as raison. Tu n'es personne pour moi. Je te laisserais te faire violer la prochaine fois. Ne compte pas sur moi pour t'aider.

Elle s'arrêta de marcher et me regarda avec ce qui me sembla être du dégoût. J'y étais peut-être allé un peu fort.

- C'est toujours comme ça avec toi.

Je la regardai, je ne voyais pas où elle voulait en venir.

- C'est tout ou rien, finit-elle par dire.

Mais qu'est-ce qu'elle voulait dire ?

- Comment ça ?

Je me retrouvai dans l'incompréhension la plus complète. Elle soupira une dernière fois.

- Tu fais semblant de ne pas comprendre.

Je me sentis totalement stupide à ce moment. Je ne comprenais vraiment pas.

- Laisse tomber, Liyam, c'est rien.

Nous restâmes un moment à nous regarder dans le blanc des yeux, gênés l'un et l'autre par la présence de chacun. Nous rentrâmes dans un silence de mort. Nos chemins se séparèrent dans le couloir. Je la regardai entrer dans sa chambre mais elle ne prit pas la peine de m'adresser un regard. Je fermai la porte de ma chambre et m'écroulai sur mon lit. Timéo n'était pas là. Aurait-il dégoté une fille ?

Je repensai à cette journée. Je ne m'étais jamais senti aussi proche mais à la fois si éloigné de Leonnie. Je rejouai en boucle chaque moment passé avec elle. Je me remémorai son parfum à la rose, son souffle haletant et ses pommettes rougies. Non mais ça n'allait pas bien, frérot ! Ressaisis-toi ! Je revoyais son visage marqué par la déception et le dégoût à chaque mot que j'avais prononcé ce soir.Je chassai ces pensées de mon esprit. Je fermai les yeux mais c'était elle qui apparaissait. Ça ne tournait pas rond dans ma tête. Cela ne me ressemblait pas. Je n'étais pas le genre de gars qui se prenait la tête pour une fille et encore moins si cette fille se nommait Leonnie Genova. Je n'étais rien pour elle, elle n'était rien pour moi et tout roulait.

Timéo entra dans la chambre. Je gardai les yeux clos et fis mine de dormir. Je ne voulais pas subir un interrogatoire. Je n'avais même pas ramené de paquet de cigarettes. Quel idiot !            Je passai la nuit éveillé. Les premiers rayons du soleil commencèrent à réchauffer la chambre. Cette nuit de réflexion m'avait permis d'en venir à cette conclusion : j'avais fait ce qu'il y avait à faire car c'était la petite sœur de mon meilleur ami. Je ne voulais pas que Leonnie se fasse kidnapper. C'était tout. Je l'espérais si fort que j'arrivais à m'en convaincre. C'était la seule raison valable et acceptable.

La Famille GenovaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant